O.M.S., Guadeloupe
Le soir venu, je me décidai enfin à sortir de la chambre après avoir enfilé un débardeur et un pantalon que j'avais trouvé pliés sur une chaise, à côté de ma dague et du bracelet de ma mère. L'ai était chaud, signe que la soirée serait caniculaire. Le soleil était déjà tombé depuis deux heures, mais, j'avais l'impression qu'il était encore présent. Le couloir aux allures de coursive m'offrait un spectacle des plus saisissant. La lune presque ronde jetait son reflet sur la robe lisse de l'océan qui s'étendait à perte de vue. Nous étions sur une falaise, juchés à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Je pouvais être certaine d'avoir le vertige. D'instinct, je m'éloignai de la bordure de la coursive, une sueur froide dans le dos.
Je m'éloignai de ce spectacle pour me diriger vers l'intérieur de la villa. Il y grouillait d'animation sous un brouhaha général. L'endroit était immense, semblable à une ville. Chacun avait quelque chose à faire et s'y attelait avec rigueur. Je me sentis minuscule dans cette fourmilière. Je venais d'atterrir dans une sorte de salle de contrôle. La salle était circulaire à la manière des théâtres et un écran géant trônait aux yeux de tous. Une carte mondiale y était projetée avec des points lumineux à des endroits spécifiques. Je pus en apercevoir un sur Cuba avant d'être interpellée par un homme à la carrure militaire stricte. Il me jaugea d'un œil sévère un instant. Ses sourcils se froncèrent, puis, il héla d'une voix forte et autoritaire ses compagnons.
—Guerriers, guerrières !
Tous s'arrêtèrent et tournèrent la tête vers nous. Je sentis les prémices du gêne me crisper. La voix de l'homme gronda encore une fois, plus forte.
—Inclinez-vous devant votre Bii Lamdo (Fille du Roi) ! Ordonna-t-il gravement.
S'en suivit une salve de double coups aux torses et aux poitrines de poings tournés vers le sol, le buste incliné vers l'avant.
—Flamme éternelle à notre Bii Lamdo ! Clamèrent-ils tous en chœur.
Je fus soudainement projetée des années en arrière. Je me revoyais marcher dans ma belle robe de lin blanc brodée d'améthystes jusqu'à l'estrade. Les mains de mon père et ma mère me soutenir alors je gravissais les marches, les visages embellis de bonheur. Je revis la foule réunies en masse en contre-bas et mes petites mains s'accrochant au balcon face à moi. Mon frère me tenant fermement pour que je ne bascule pas. Je les entendis faire multiples éloges à mon sujet et clamer haut et fort cette allégeance : « Flamme éternelle à Lambe ».
Vie éternelle à nos souverains.
Le silence me ramena au présent avec un élan de nostalgie. Tous les regards étaient braqués sur moi, attendant un retour de ma part. Je serrai poing et frappai mon cœur de deux coups et répliquai la voix chargée d'émotion :
—Debout guerriers !
L'homme m'invita à le suivre jusqu'à un poste de travail libre. Je choisis de rester debout, mes longues heures dans mon lit m'avaient suffis. Les pulsations électriques des ordinateurs, dictaphones, écrans et autres vibrèrent dans mon corps. J'avais la sensation de me rassasier jusqu'à satiété d'un aliment longtemps convoité. Une part de moi avait été affamée durant dix longues années et se jetait sur la nourriture telle une hyène enragée.
—Comment vous portez-vous Bii Lamdo ?
La question me tira de lente montée en extase et je déglutis. Reportant mon attention sur celui qui semblait tout commander en ces lieux, je réfléchis à ma réponse.
Je ne savais pas. Je ne savais tout bonnement pas comment j'allais.
Sur le plan physique, je ne me portais pas trop mal si on omettait ma blessure aux côtes et ma fêlure au poignet. Socialement, c'était plus ou moins un désert, quant à ma vie sentimentale, elle n'existait que dans mon cœur. Pour finir, psychologiquement, je frôlais l'effondrement. Le stresse et la peur s'étaient logés aux premières places de mon esprit, au côté de la tristesse.
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Laamateeri T1 - L'exilée
Paranormal"Nul n'éteindra le flamme des guerriers de Laamateeri." Sira est la princesse benjamine du plus puissant royaume africain et possède le pouvoir de manipuler l'électricité statique. A l'âge de huit ans, sa mère est assassinée et se fait enlever par l...