2054, Guadeloupe
J'esquivai la pointe de la dague finement taillée de mon adversaire en exécutant une pirouette maladroite sur ma droite. Je parai presque instantanément la seconde attaque avec mon avant-bras, bloquant son bras aussi et profitai de l'ouverture pour lui décocher un coup de poing dans le foie. Elle se recula vivement en suffoquant, mais, je ne lui laissai pas le temps de reprendre son souffle et attrapai la tête de mes mains en lui lançant mon genoux au visage. Son corps bascula en arrière alors que du sang giclait de son nez. Elle tint son nez défiguré en gémissant de douleur et un craquement sonore m'indiqua qu'elle le remettait en place.
Un sourire satisfait se dessina sur mes lèvres et je soufflai avec dédain en me redressant, les poings fièrement posés sur les hanches. Pour une fois que j'avais réussi à la vaincre au corps-à-corps, je n'allais pas me retenir de me moquer. Elle me foudroya du regard en essuyant rageusement le sang qui perlait à la commissures de ses lèvres pleines, et se jeta sur moi telle une bête sauvage. Je restai paralysée, ne m'y attendant pas, et ne réagis que lorsque je sentis la brûlure de la lame dans ma chair.
Je la repoussai de toutes mes forces en tentant d'esquiver son autre lame, sans grand résultat puisque celle-ci m'entailla la joue. Le feu qui coulait dans mes veines m'anesthésia sur le coup et je me reculai pour lui donner un coup de pied dans le ventre. Déstabilisée, elle se plia en deux et alors que je m'apprêtais à lui donner le coup de grâce, elle releva la tête, le sourire aux lèvres et une flamme dangereuse dans le marron de ses yeux. Décontenancée, je ralentis mes mouvements. Ce fut une formidable erreur. En une fraction de secondes, elle me balaya le pied, je basculai en arrière et elle m'acheva en croisant ses dagues au-dessus de ma gorge. Je fermai les yeux en haletant.
—C'était un très beau combat ! Tu as fais des progrès, me félicita Madéa en se relevant.
Je fis de même et époussetai mes vêtements.
—Mais..., marmonnai-je en la toisant d'un regard intéressé.
—Mais tu es trop sûre de toi ! Le combat n'est pas encore terminé que tu clames victoire !, me réprimanda la jeune femme.
Je haussai les épaules en grimaçant quand ma peau meurtrie tira sur ma plaie dans les côtes. Je baissai les yeux sur mon abdomen et découvris une petite tâche de sang qui s'étendait à vue d'œil. Mes mains se crispèrent et la douleur me parut plus vive que durant le combat. Ne prêtant plus attention aux recommandations de la quadragénaire, je titubais vers la terrasse de notre maison et m'appuyai sur la table en bois sur laquelle trônait l'indispensable boîte à pharmacie. Je m'assis, non sans mal, sur un tabouret en bois et retirai mon haut avec difficulté. La sueur perlait sur ma peau et collait mon débardeur contre mes muscles.
—On peut dire que tu ne m'as pas loupée, cette fois, lançai-je à l'intention de Madéa coupant court à son monologue.
Elle me jeta un regard satisfait et me montra son nez de l'index.
—Petite vengeance personnelle, ricana-t-elle.
—J'irai me plaindre de maltraitance infantile à Atem, menaçai-je en la foudroyant du regard.
La maîtresse de maison, petite, mais ô combien robuste pouffa. Elle vint à mes côtés et m'aida à désinfecter la plaie. Le liquide me piqua tellement que j'avais la sensation de le sentir s'insinuer dans la chair au travers de mes cellules, désintégrant toute molécule pathogène au passage.
—Mon cher et tendre t'aurait mise au tapis en moins d'une seconde. Et juste après tu aurais eu droit...
—...à un petit cours d'humilité, conclut une voix grave dans mon dos.
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Laamateeri T1 - L'exilée
Paranormal"Nul n'éteindra le flamme des guerriers de Laamateeri." Sira est la princesse benjamine du plus puissant royaume africain et possède le pouvoir de manipuler l'électricité statique. A l'âge de huit ans, sa mère est assassinée et se fait enlever par l...