Chapitre 7 - Assane

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Je pris une profonde inspiration et démarrai en trombe. Je savais ce que je devais faire. Mon seul objectif était de mettre en sûreté la princesse quoiqu'il en coûtait. Mes doutes, mes craintes, je les gardais pour plus tard. Le bolide fusa à travers le bois, glissant sur l'herbe. J'analysai ma carte mentale une énième fois. Je percevais la présence d'une bonne trentaine de personnes en réalité. Leurs pieds et véhicules foulaient le sol avec tant de mépris et de puissance qu'il m'était impossible de ne pas les repérer. Je savais pertinemment que cacher la vérité à Sira ne faisait que retarder l'échéance, mais, je n'avais pas besoin de la stresser davantage. Nous avions une marge de manœuvre assez réduite, malgré tout suffisante pour moi. Leur nombre ne m'effrayait pas. Ce qui m'inquiétait c'était la manière dont j'allais m'y prendre pour protéger la princesse tout en me battant. Je soupirai. Je n'avais pas le choix, il allait falloir improviser.

Il ne restait plus que quatre cent mètres avant notre rencontre. Je tendis ma main droite vers le sol et aussitôt la terre se remua avec ferveur. L'herbe s'arracha, le sol se souleva dans les airs et la poussière me picota les narines. Sira éternua tout en lâchant un hoquet de surprise. Un sourire se dessina furtivement sur mes lèvres. A nos côtés s'élevait un mur de terre de plus en plus haut à mesure que nous avancions. Du mouvement se fit face à nous et plusieurs coups de feux retentirent. Je plaçai le mur devant nous tel un bouclier juste à temps.

—On saute ! Hurlai-je à Sira avant de m'élancer moi-même.

J'atterris sur le sol avec violence, rapidement suivi par ma protégée. La moto continua sa course et s'enfonça hors de ma vue. Un choc suivit d'une explosion secoua la forêt. Les arbres, la terre et même le ciel furent ébranlés par son souffle. Je me protégeai le visage d'un main et maintins le mur face à nous. J'entendis un gémissement près de moi et détournai la tête de la fumée qui s'élevait. Sira se tenait les côtes en se relevant chancelante. Une tache rouge commençait à s'étendre. Mon sang ne fit qu'un tour. Je me précipitai vers elle, les nerfs tirés par l'anxiété.

—Ne te préoccupe pas de moi, me repoussa-t-elle en secouant la tête.

—Laisse-moi voir, m'inquiétai-je ignorant son ordre.

Elle se recula et fronça les sourcils. La douleur se lisait dans ses yeux ainsi que de la peur. Elle baissa la tête et serra davantage sa blessure.

—C'est pas grand-chose, juste une vielle blessure qui s'est rouverte en tombant, me rassura-t-elle.

Ses paroles ne me rassurèrent pas pour autant. Je m'approchai d'elle et saisis son t-shirt pour le soulever. Elle étouffa un cri en écarquillant les yeux. Elle n'imaginait pas à quel point son état me préoccupait. Mais, avant que je ne pu examiner sa plaie, elle me fit une balayette et je perdis mon équilibre. Mon dos frappa le sol avec lourdeur, son corps amorti par le mien. Un craquement sonore se fit entendre. Au même instant, une balle fendit l'air juste au-dessus de nos têtes. Mon cœur rata un battement et l'adrénaline me ramena à la réalité.

J'inversai nos positions et plaqua mes mains contre l'herbe, aussitôt celle-ci se leva et enveloppa Sira.

—Non ! Attends, me cria-t-elle voyant le cocon se refermer. Je...

Je ne lui laissai pas le temps de finir et achevai de refermer cette sphère de terre. La voilà protégée. Me relevant, je jetai un dernier coup d'œil à ma carte mentale. Le nombre de nos ennemis s'était légèrement réduit, certainement dû à l'explosion. L'air était chargé en petites particules et le feu commençait à s'étendre. De quoi pousser nos assaillants vers nous ou – au contraire – les éloigner. La première option me semblait plus évidente. Je ne tardai pas à avoir la réponse à ma question. Plus d'une dizaine de personnes émergea des bois et s'offrit à ma vue. Mon sang pulsa contre mes tempes et mes muscles roulèrent sous ma peau, l'excitation de la bataille me traversant tel un courant électrique. En réponse, la terre sous mes pieds vibra et mes doigts se refermèrent autour de deux sabres. Le minerai faisait partie du sol et j'étais capable de le manipuler.

Laamateeri T1 - L'exiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant