Autumn

Autumn 10

cf : Laurel en photo

Le ciel, d'un gris intense, nuance l'atmosphère en ce jour d'hiver sec. Les arbres, dépouillés de leurs feuilles, se dressent comme des sentinelles fantomatiques le long du chemin. Alors que je contemple le paysage à travers la vitre de la voiture, une impulsion d'excitation me traverse, m'encourageant à me redresser dans le siège.

Nous franchissons un portail de sécurité, les barrières se levant lentement, annonçant notre entrée. Au cœur de la campagne anglaise, le circuit de Silverstone se dévoile sous mes yeux captivés par cet endroit mythique.

Avec mon casque sur les oreilles, j'émerge du mini-van, complètement émerveillée face à la beauté de l'endroit. La mélodie instrumentale de Everybody Wants To Rule The World amplifie mes émotions. En cet instant précis, je réalise que je suis en train de vivre mon rêve. Le sentiment est si fort, si palpable, que je ne peux m'empêcher de sourire.

L'air sec et glacial pique mes joues, m'incitant à resserrer mon long manteau autour de moi pour me protéger du froid mordant. Mon impatience grandit, je ne peux plus attendre. D'un pas décidé, je me dirige vers les postes de sécurité, où je présente mon badge. Après une brève vérification, on m'autorise à entrer.

Je file discrètement, explorant les lieux, telle une enfant qui réalise son rêve. La musique m'accompagne harmonieusement alors que je gravis les escaliers de la tribune principale. Un sourire naît naturellement sur mes lèvres ; devant moi s'étale le circuit, avec ses virages sinueux et ses lignes droites qui semblent infinies. Les gradins sont déserts, le public habituel ayant déserté les lieux en cette saison glaciale.

La piste en asphalte est légèrement givrée, créant une atmosphère encore plus mystique. Les empreintes de pneus antérieures laissent des traces fantomatiques sur le sol, témoins silencieux des compétitions passées. Les stands, d'ordinaire animés et bruyants, se tiennent silencieux, seules quelques silhouettes s'affairent à leurs tâches.

Le vent souffle, faisant virevolter quelques mèches autour de mon visage fasciné. Malgré la chaleur de mon manteau, un frisson me traverse. J'ai l'impression d'entendre la foule acclamer Lewis Hamilton alors qu'il se dirige vers sa monoplace, à quelques minutes du début du Grand Prix. Les voitures, alignées les unes à la suite des autres, sont le centre de toutes les attentions, des mécaniciens s'affairent autour d'elles. Les journalistes tentent d'avoir les images en exclusivité pour leur chaîne.

Captivée par la beauté austère de ce circuit mythique, je réalise à quel point je suis passionnée par la Formule 1. Cet endroit incarne la vitesse, même en pleine saison morte, et l'excitation qui y règne est indescriptible. Une silhouette émerge à ma droite, et Kate m'adresse un sourire chaleureux.

J'ôte mon casque pendant qu'elle entame la conversation :
— Magnifique, n'est-ce-pas ?
— Incroyable, soufflé-je encore abasourdie d'être ici.
— Je t'ai vu filer sans rien dire à personne. Je savais que je te trouverai là.
— Je n'ai pas pu résister, c'est vrai, avoué-je avec un petit rire.
— Ton père a eu sa première victoire à Silverstone, me rappelle-t-elle.

J'acquiesce en secouant ma tête, laissant mes yeux se balader de nouveau sur le circuit.

— Il a même commencé sa série de victoire sur ce circuit, c'était très impressionnant à l'époque.
— Mon père est une vraie légende, ajouté-je sentant l'émotion s'insinuer dans ma gorge.
— Absolument. Un exemple pour de nombreux pilotes.

Je souris, émue par les paroles de Kate. Elle a raison. Mon père est d'une humilité rare, et au quotidien, personne ne pourrait deviner l'ampleur de ses succès. C'est aussi pour cette raison que la Formule 1 est devenue une passion pour moi. Il me l'a transmise alors que je le suivais de circuit en circuit, que ce soit à la télévision ou sur place. J'étais fascinée par ces machines rugissantes qui défilaient à toute vitesse. Les pilotes sont les stars, bien sûr, mais ils ne sont que le sommet de l'iceberg. Toute une équipe œuvre en coulisses pour les aider à décrocher la victoire. Sans cet ensemble, les pilotes ne pourraient rien accomplir. Mon père en a toujours eu conscience, et il a toujours mis en avant l'importance de cette collaboration tout au long de sa carrière au sein de l'écurie Mercedes.