Autumn

Autumn 19

— Et voilà, vous savez tout...

Assise sur le lit de ma chambre d'hôtel, je me trouve en Angleterre, à proximité de Silverstone pour le Grand Prix de Grande-Bretagne. J'ai partagé toute mon histoire avec Gabin et Daphné, du moins celle concernant Charles. Pour l'instant, je leur ai caché les détails concernant Douglas Beko.

— Vous vous êtes embrassés ?

— Oui, c'est ce que je viens de vous raconter...

— Incroyable, s'exclame Daphné en lâchant son téléphone.

— Donc vous êtes en couple, me demande prudemment Gabin.

— C'est compliqué à vrai dire. Nous n'en avons pas parlé encore.

— Oui mais c'est tout comme, s'enquit Daphné en reprenant son téléphone dans les mains.

Je rigole en voyant sa tête toute rouge, j'imagine qu'elle a dû sauter partout pour célébrer cette victoire personnelle dans sa chambre. Depuis le temps qu'elle me rabâchait qu'on finirait ensemble avec Charles. Je pense qu'elle doit se retenir de me dire cette célèbre phrase «  je te l'avais dit... ».

— Maintenant, je dois vous parler de quelque chose qui m'est arrivé mais qui est sous-contrôle maintenant. Ne vous inquiétez surtout pas, les prévené-je alors qu'ils reprennent une expression sérieuse sur leur visage.

Je commence alors à leur révéler tout ce qu'il s'est passé depuis le début avec Douglas Beko. Gabin en savait davantage que Daphné mais il semble tout de même secoué par ce que je suis en train de leur dévoiler.

— Lewis a été là pour moi et maintenant Charles est au courant aussi. Leo semble être au courant, je vais devoir lui parler. Pour le moment, nous allons rester dans cette situation jusqu'à ce que Douglas Beko re-tente quelque chose. Le plan c'est de réussir à le filmer ou à l'enregistrer alors qu'il est... menaçant.

— C'est une blague, s'indigne Gabin sur un ton énervé. Tu ne vas quand même pas attendre qu'il recommence à te toucher pour faire quelque chose ? C'est comme si tu attendais patiemment qu'il t'agresse ! C'est ridicule, il faut agir maintenant !

— Gab, tenté-je d'une voix posée, je vais bien. Je te le promets...

— Et Pia ? Elle va bien ?

Sa question sonne plus comme une rhétorique mais je choisis de la prendre au premier degré.

— Elle va mieux, nous sommes là pour elle désormais. Je ne la laisserai plus seule, je ne la laisserai plus se faire toucher.

— Je suis d'accord avec Gabin, Cam. Je crois que tu ne te rends pas compte de la gravité de la situation, ajoute ma meilleure amie.

— Écoutez, c'est comme ça et pas autrement. Douglas Beko sait qu'il est comme un seigneur dans cette écurie. Il ne bougera pas tant que nous n'aurons pas des preuves concrètes à soumettre à nos supérieurs.

— Mais...

— Gabin, ça ne sert à rien d'insister. La situation est sous contrôle. Par contre, n'en parlez pas aux parent !

— Maman et Papa vont nous tuer pour leur avoir cacher une telle chose, murmure Gabin les lèvres triturées.

— Je sais... je ne veux pas les inquiéter.

— Wow, murmure ma meilleure amie. Excusez-moi mais ça fait beaucoup à avaler. Je te fais confiance Camie mais... fais attention à toi.

— Et Pia !

— Gabin, je ne sais pas ce qu'elle t'a fait lors du défilé mais tu es ensorcelé à ce que je vois, le taquine Daphné.

Ce dernier roule des yeux en niant l'indéniable. Je finis par raccrocher avec un pincement au cœur. Malgré tout, leur absence se fait cruellement sentir, et j'aimerais les avoir à mes côtés en permanence. Grandir, réaliser ses rêves... C'est difficile. Nos liens avec nos proches semblent éternels, mais je réalise de plus en plus que la vie continue sans nous, que les gens avancent. Même si c'est une évidence pour beaucoup, prendre conscience de cela est une étape cruciale dans la vie de quelqu'un. Depuis que je suis partie de la maison, Gabin a fait le grand saut et s'est lancé dans la mode comme le prédestinait Mamie. Papa et Maman ont refait leur vie tous les deux sans les enfants constamment à la maison. Parfois, j'ai comme l'impression de perdre cette si grande complicité que j'avais avec mon petit frère, heureusement dès que je le vois, le lien revient automatiquement. Cette complicité fraternelle... j'espère ne jamais la perdre.