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« C'était un bon samedi. Non ? »

Est-ce que je m'en rappelle ?

Peut-être.
Peut-être pas non plus.

Hier soir à été rude. Marcia n'était pas avec moi dans la caravane quand je suis allée chez Andie pour sa soirée. Elle n'a pas été là de la semaine, et de celle d'avant.

J'ai cru qu'elle m'évitait, parce que je l'ai  également esquivé pendant deux mois. À cause de Andie, justement. Enfin de sa sœur plutôt.

On s'est retrouvées ensemble, elle et moi. Anna. Annabelle, de son vrai nom. Je ne l'a connaissais pas avant qu'on soit collées par le prof d'histoire. Motif : Discours irrespectueux. Parce que j'ai souligné que les nazis n'ont tout de même pas réussi à tuer tous les homosexuels, et que Anna a rigolé en m'entendant.

Parce qu'on a discuté en colle et qu'on s'est trouvé des points communs. Le volley, les puzzles en 3d, les langues étrangères, et les meufs.

Et puis on s'est revues régulièrement sans que j'en parle à Marcia, parce qu'on était en froid et qu'on est incapable de se parler pour s'expliquer sans finir par baiser.

Anna était simple, et j'ai vraiment cru qu'on ne serait jamais plus qu'amies. On s'entendait bien, on finissait en fou rire pour une blague perverse sur quelque chose qui ne l'était pas de base. Elle me passait des clopes, aussi.

À ce moment, j'ai compris qu'il y avait quelque chose, parce qu'on n'offre pas des cigarettes à ses potes quand il en reste que deux dans le paquet. C'est comme ça.

Ducoup, j'ai délaissé Marcia et elle n'a pas cherché à me joindre non plus. On était donc en break, sans pour autant trop savoir si on l'était vraiment.

Samedi est arrivé vite, et je suis partie à la soirée de Andie, en pensant trouver Marcia dans la caravane, parce que même si on était en froid, elle n'aurait pas manquer une occasion d'aller en soirée avec moi. Pour peut-être se réconcilier, justement. Je me souviens avoir pensé qu'il serait temps, après deux mois.

Mais elle n'était pas là quand je suis montée au siège côté conducteur.

Puis je me suis rappelée qu'elle était morte il y a deux semaines.

Tout ne m'est pas revenu en tête au même moment. Je me suis réveillée, j'ai réussi à me sortir des draps dans lesquels j'étais si bien installée tant bien que mal et j'ai lancé un café.

Ça ne m'a pas rendue si triste que ça au réveil, et j'ai pensé que je ne réalisais pas bien la situation, que j'étais encore dans les vapes. Que j'allais me rendormir et qu'elle allait apparaître, que j'avais juste cligné des yeux de travers.

Mais j'étais en forme après le café, et j'ai beau avoir fait le tour de l'appart, elle n'était vraiment pas là.

J'ai appelé Andie, paniquée. Elle a décroché plus vite que ce que je pensais. J'étais déjà surprise qu'elle réponde aux appels.

"Qu'est-ce que je peux faire pour toi de si bon matin ?

- Marcia est morte ?

- Hein ?

- Marcia est morte."

Et j'ai raccroché. Parce que j'avais peur de me souvenir de la suite. J'avais peur que Andie me remette en mémoire que c'est moi qui l'avais tuée.

J'avais peur de me rappeler qu'un homicide menait à la prison, j'avais peur que mon égoïsme ne fonctionne plus. En fait non, je m'en inquiétais pas. Mais j'avais pas envie de m'attacher à un mort.

Je n'ai pas assisté à l'enterrement, même s'il était à trois arrêts de bus de chez moi. Anciennement Chez Nous.

Je n'ai pas réagi à grand chose. À tel point que Julien m'a emmené chez le médecin. Il m'a posé un tas de questions, des basiques.

Mon âge, lieu de naissance, relation avec la défunte, depuis combien de temps. Trois ans. Lien de parenté. Mes parents sont morts, comme Marcia. Mais ils n'ont pas choisi de mourir, eux. La vieillesse les a emporté.

Marcia s'est suicidée. C'est ce que l'autopsie a déclaré. Médicaments, overdose. Aussi simple que ça, aussi rapide.

J'ai imaginé un chien ayant la rage, avec la mousse qui sort de sa gueule. Marcia est apparue dans mon imagination, avec le corps recouvert de mousse sur le sol carrelé de la salle de bain.

Elle s'est tuée, c'était pas moi. Pas directement. Donc c'était pas moi. Et aucune autre version n'a accédé à mon cerveau. J'en suis convaincue, et Alan, Julien, Andie et Annabelle auront beau dire le contraire, je ne les entends pas.

Ils n'étaient pas présent quand c'est arrivé. Je ne l'étais pas non plus.

On aurait pu jamais le savoir, qu'elle s'était tuée. Mais il a fallu que ses parents l'aime et aient décidé d'aller lui rendre visite ce jour-là.

C'est eux les plus tristes. Je crois. C'était leur fille, tout de même. Mais aurait-elle été autant anéantie de voir ses parents mourir ? Je crois pas. Je ne l'aurais pas été en tout cas. Mais les gens ne fonctionnent pas tous pareil.

J'ai appris de Anna qu'elle ne voulait plus jamais me voir. Que j'étais une énorme connasse de ne pas lui avoir dit pour Marcia. Qu'elle pensait que je l'aimais comme elle m'aimait. Et que j'avais laissé crever Marcia, aussi.

J'ai pensé que c'était elle la connasse, parce qu'elle ne m'avait jamais demandé si j'étais ou non en couple. De toute façon, j'aurais répondu non.

Marcia à été une personne importante pour moi, mais je me suis lassée du jour au lendemain, sans raisons.

J'ai commencé à détester tout ce qu'elle disait, faisait, mangeait, qui elle voyait. Elle était insupportable sans jamais avoir mal fait quelque chose.

Elle m'aimait beaucoup. Andie m'a dit un jour que ça crevait les yeux. Qu'elle allait me demandé en mariage, à déconné Alan. Au final, elle m'a réellement offert une bague, et j'ai compris que Alan déconnait pas.

On s'est disputées à cause de cette bague.
Je l'adorais. Mais j'aimais moins la personne qui me l'avait offerte. Alors j'ai juste dit merci, et je suis retournée sur mon tel.

Elle m'a engueulé en disant qu'elle espérait au moins une réaction, un câlin ou un bisou, qu'elle me connaissais plus enthousiaste. Elle se demandait si j'avais passé une bonne journée et si j'étais de bonne humeur.

J'ai dit que je m'en foutais pas mal de sa bague, et de l'intention derrière. J'ai aussi dit que j'appréciais seulement le design en relief de l'anneau. Et j'ai senti que j'avais abusé quand j'ai vu ses yeux se refermer pour faire tomber une larme, donc je lui ai laissé l'appart et je suis allée dormir chez Julien.

Je suis revenue à l'appart en aprèm le lendemain, et c'est comme si elle n'avait jamais existée. Il n'y avait plus aucune de ses affaires, juste un mot sur le frigo.

« Coucou Leny , j'ai réfléchi à ce que t'as dit hier soir, et ça m'a énormément blessée. Je pense qu'on devrait s'éloigner quelques temps histoire de repenser à ça chacune de notre côté. Je t'aime toujours évidemment, mais j'aimerais que tu m'expliques calmement pourquoi t'as dit ça et si tu le pensais vraiment. Je suis chez moi, tu peux passer si tu te sens d'en reparler. Bisous »

Il n'y avait pas de Len, pas de surnom. Mais je sentais dans son mot qu'il y avait tout l'amour qu'elle me porte.

Et j'ai donc fait la morte pendant deux mois. Et j'ai donc rencontré Anna, et on s'est donc rapprochées, et  on donc partager des sorties et son lit. Plusieurs fois. Marcia n'existait pas quand on était ensemble. Elles ne se connaissaient pas, et c'était bien. Puis est arrivé ce qui est arrivé.

Et elles se sont rencontrées, d'une manière ou d'une autre.

Et j'ai haï le monde entier.

Mais surtout Marcia.

















































Et moi même, en secret.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 24, 2023 ⏰

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