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Ça fait des années que je n'ai plus mes lunettes roses. Plus le temps passe et plus le monde devient sombre. Ça fait longtemps que je ne vois plus ses couleurs, vibrantes ; je ne vois que le noir. La seule couleur qui ressort de l'environnement en noir et blanc est le sang toujours frais qui est constamment invisible pour les autres mais flagrant et partout à mes yeux.

Le monde vit pleinement sa journée comme si tout allait bien, et ça me terrifie. Nous avons été anesthésié(e)s à la souffrance d'autrui, qu'il soit à l'autre bout du monde ou à deux pas de notre porte d'entrée. Et si compassion il y a, elle est conditionnelle. Si tu me ressembles, alors notre peine est partagée, sinon tant pis, reste dans ta merde.

On est triste pour l'Européen·ne, mais on est neutre quand il s'agit de l'Ouest-asiatique et/ou du/de la Maghrébin·e... Est-ce parce qu'il est considéré comme normal pour nos communautés de souffrir ? Nous ne sommes pas immunisé(e)s à la douleur, ou habitué(e)s – on ne doit pas l'être. Personne ne doit l'être.

Grâce à qui, les gens sont-ils indifférent·e·s lorsque l'une ou plusieurs de nos différentes communautés est/sont touchée(s) par une tragédie, mais s'offusquent et pleurent lorsque la communauté n'est pas issue de l'Asie de l'Ouest et/ou du Maghreb ?

Mon rêve était d'être journaliste.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant