Ce n'est pas que le monde des médias qui me répugne, mais le monde en lui-même.
J'ai appris que j'avais du sang sur les mains, sans même avoir directement arraché la vie de quelqu'un. J'ai dû aller en grande surface, et je ne pouvais pas m'empêcher d'observer les alentours. Je voyais du sang partout. Sur les pierres précieuses, qui décoraient les bijoux brillant dans la bijouterie. Sur les vêtements et les chaussures qui étaient exposé(e)s dans les rayons.
Je voyais même du sang sur moi. Sur mes mains, mes chaussures, mes vêtements, sur mon téléphone. Le sang était aussi sur les murs des magasins qui défilaient en voiture. Il était sur la voiture en elle-même. Le sang était même sur mon ordinateur, dans ma douche... Des petites gouttes étaient même sur l'évier.
J'ai pris une claque dans la figure. Non, j'ai été poignardée. Non, des balles ont traversé l'entièreté de mon corps. Non, on m'a étranglée.
Je vis ma vie sans vraiment vivre. J'ai les images et les vidéos qui défilent dans ma tête.
J'ai la photo de Hala, 13 ans, qui rêvait d'être chanteuse plus tard, dans la tête. J'ai la tête de Habiba, 8 ans, qui était apparemment la gentillesse incarnée et qui dessinait chez elle devant la télé avant d'être tuée, dans la tête. J'ai tous ces visages qui sont ancrées dans ma mémoire. J'ai aussi Awni Eldous, un petit garçon de 12 ans qui rêvait d'être un grand youtubeur et d'atteindre les 100 000 abonnées sur sa chaîne Youtube, dans la tête.
J'ai envie d'hurler chaque jour que je me lève, chaque fois que je lis les horreurs qui se produisent dans cette société, toujours pour les raisons les plus absurdes.
VOUS LISEZ
Mon rêve était d'être journaliste.
NonfiksiMes lunettes se sont brisées, depuis le monde s'est assombri.