Notre bien aimée Grande-Duchesse

Chapitre III

Saint Petersbourg, Russie, 17 juillet 1925.
Palais Peterhof, ancienne résidence impériale devenu le Quartier Général de Ceux Qu'on Ne Voit Pas.

- Voilà maintenant sept ans jour pour jour que la famille impériale a été assassinée et où nous avons lamentablement échoué dans ce qui devait être notre plus grande réussite, soupira Galina.

Galina Voronina, Maître Assassin commandante en chef de la Confrérie, est une magnifique femme aux formes généreuses, aux yeux d'un bleu perçant et aux cheveux d'une couleur qui rappelle celle de l'automne.
Une femme aussi belle que vicieusement dangereuse sous son apparence douce et effacée.

- Sans compter que nous n'avons toujours aucune trace de la Grande-Duchesse, on ne sait pas si elle est toujours en vie ni si elle est bel et bien en possession de la Pomme d'Éden, enchérit Nikolaï.

Nikolaï et Galina, ainsi qu'une poignée d'hommes, sont les derniers membres de la confrérie russe des Assassins, une confrérie qui jadis faisait partie de la plus importante du monde, par le nombre de ses membres et son influence.
Une grande partie de ses membres ont été soit tués, soit contaminés par l'effet de transfert de l'animus, ce qui a pour conséquence de vivre dans une réalité parallèle, de confondre la réalité avec la vie que l'on incarne dans l'animus, ou encore de développer la folie.

Nikolaï n'attendait qu'une chose : retrouver la Grande-Duchesse Maria.
A défaut d'avoir pu approcher le Tsar pour apporter la Pomme d'Éden à la Confrérie avant que les Bolcheviks, une branche annexe des Templiers et par conséquent ennemis des Assassins, ne mettent la main dessus.
La Pomme d'Éden est un artefact créé par la Première Civilisation et qui a le pouvoir de projeter des illusions et de contrôler l'esprit et le corps humain. Entre de mauvaises mains, cet objet pourrait mettre fin au monde tel qu'il est.

Cependant cette mission a débuté en 1917, peu avant l'exil de la famille impériale vers Tobolsk.
Nikolaï était sensé profiter du chaos provoqué par l'abdication du Tsar pour infiltrer les Palais d'Hiver, Peterhof et Tsarskoïe Selo en vue de dérober la Pomme d'Éden, alors en possession de la famille Romanov et qui d'après les rumeurs se trouvait dans l'un des trois palais.

Il n'était pas prévu que la famille impériale se retrouve confinée à Tsarskoïe Selo, hors il ne restait à Nikolaï que ce palais à fouiller. N'ayant pas l'occasion d'infiltrer le Palais à cause de la présence des Bolcheviks, Nikolaï tenta de suivre la famille dans son exil.

Il avait besoin du Tsar vivant.

Ce n'est qu'une fois arrivé à Ekaterinbourg fin juillet 1918 que la rumeur de l'assassinat de la famille impériale lui parvint, ainsi que la survie d'un des enfants.
L'espoir de retrouver la Pomme avec l'aide d'un enfant impérial naquit en Nikolaï, car il n'était pas impossible que l'Empereur ait confié l'artefact à l'un de ses enfants pour détourner l'attention des Bolcheviks vers une fausse piste.

Mais l'espoir fit rapidement place à l'incertitude car des membres de la famille impériale, supposé vivant ou assassiné, il n'y avait ni corps, ni traces.

Nikolaï est depuis hanté par cette mission qui devait être sa dernière et qui est toujours en cours huit ans plus tard.
Car si la famille du Tsar a disparue, la Pomme d'Éden, elle, n'a pas été retrouvée non plus.
Même son ami proche, Pierre Gilliard, le précepteur des enfants impériaux, n'a aucune nouvelle de la Grande-Duchesse, lui qui était depuis 1906 si proche de la famille et des enfants.
Il n'a eu de cesse, avec l'aide de Nikolaï, de chercher Maria.
Lui qui était si anéanti par la tragédie qu'ont connu les Romanov, lui qui avait tenté de les suivre dans leur exil mais qui n'a pas pu du fait de sa nationalité Suisse.
Lui qui s'est lié d'amitié avec le couple impérial et les enfants, lui qui a vu grandir ces derniers et les a instruit, et a passé la majorité des vacances avec eux dans leurs si nombreux palais, lui qui a su voir au delà du protocole et a découvert une famille aimante et la chaleur d'un foyer.