Les bras croisés derrière à la tête, Andreï fixait le plafond pensif comme à son habitude. Les paroles de la jeune femme tournaient en boucle dans sa tête. Quelque chose le froissait, il savait qu'il ignorait quelque chose qui lui était essentiel pour comprendre ce qui s'était réellement passé.
Sans pouvoir retenir davantage l'envie qui le tenaillait, Andreï se leva et se rendit à pas de loup dans la chambre de la jeune femme.
Il ouvrit la porte en faisant le moins de bruit possible et s'y glissa. Il attendit quelques minutes, le temps que ses yeux s'acclimatent un minimum à la pénombre.
Tout à coup, il fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas. Il se rapprocha à grande enjambée du lit et alluma la lumière de la table de chevet.
La jeune femme n'était pas là.
Andreï serra la mâchoire et les draps qu'ils tenaient entre ses mains.
D'un mouvement brusque, il lâcha les draps et sortit son téléphone.
Il ordonna à ses agents de sécurité d'ouvrir l'œil et de ramener la jeune femme s'ils la croisaient.
Où pouvait-elle se trouver ?
En repensant aux événements plus tôt et à l'attitude de la jeune femme, une grave hypothèse vint s'imprimer dans son esprit.
Le visage assombri, il se dirigea vers l'ascenseur en courant et cliqua sur le niveau qui donnait sur le toit.
Le cœur battant contre sa poitrine, les poings serrés, Andreï fixait la porte avec angoisse, priant que son hypothèse se révèle fausse.
Il sortit de l'habitacle dès l'ouverture sans s'attarder, le froid pinçant de l'hiver picotant sa peau.
Il regarda autour de lui puis à quelques mètres, il aperçut la jeune femme au bord du bâtiment vêtue d'une robe de nuit blanche à fine bretelle, dos à lui.
Il resta un moment figé, saisi par une peur incontrôlée.
Maintenant spectateur de cette position où il se retrouvait souvent, Andreï sentit un trouble naître en lui. Il n'avait jamais perçu ce hobby de cette manière.
La jeune femme restait immobile et ne bougeait pas, les pieds nus dans la neige.
Il se rapprocha rapidement de la jeune femme en veillant à ne pas faire de bruit.
Il saisit la jeune femme par la taille et l'éloigna du bord.
ll la fit pivoter vers lui et vit ses joues et son nez légèrement rosi par le froid.
- Qu'est-ce qui t'as pris de te mettre en danger de cette manière ! Cria-t-il à l'intention de la jeune femme, une colère montant en lui
Amara ne réagissait pas comme inconsciente.
Andreï posa ses mains sur les joues douces de la jeune femme et la força à lever ses yeux sur lui.
Ses yeux sombres reflétaient toute la douleur qu'elle renfermait.
Andreï ne put rester insensible au désarroi de la jeune femme.
- Je l'ai suivi jusqu'ici, j'ai vu Valentina, elle m'appelait puis elle a disparu. Elle n'était plus là. Je veux tellement la revoir... Dit-elle d'une voix cassée
- Valentina est morte, Amara, tu ne peux que la revoir dans ton cœur, dans ton esprit, mais physiquement, ce sera impossible. Dit-il en prenant la voix la plus douce possible
- Elle n'aurait pas dû mourir. Tout est de ma faute... Souffla-t-elle
- J'ai besoin que tu me le dis Amara. Dis-moi ce qui pèse tellement sur ton cœur. Dit-il d'une voix exigeante
Les yeux larmoyants, la bouche tremblante, la jeune femme continuaient de le regarder.
- Je... C'est moi qui ai tiré sur elle. C'est moi qui ai appuyé sur la gâchette. Répondit-elle d'une voix tremblante
Ses mots avaient jailli de sa bouche comme la respiration qu'on a longuement retenue.
Les larmes coulaient désormais le long de son doux visage comme une rivière.
- Je ne voulais pas, mais elle était dans une telle souffrance... Elle ... Elle a reçu un appel juste après avoir mangé son muffin comme si ceux qui avaient fait l'observaient à distance et savaient qu'elle l'avait déjà ingéré. J'ai essayé de l'en empêcher, mais elle insistait... Elle m'a supplié... J'ai refusé, mais elle répétait que je devais le faire, que c'est ainsi que ça devait se terminer, que je devais parler à personne de ce qui s'était passé, que je devais emporter les circonstances de sa mort dans ma tombe si je voulais vivre... Je ne me rappelle même plus avoir appuyé... Je vois... Je vois encore son visage. Elle est morte par ma faute. C'est moi qui l'ai tué. Dit-elle le visage déformé par la douleur.
Le milliardaire se tut et se contenta de serrer la jeune femme contre lui.
Elle s'agrippait à ses bras avec force comme une ancre.
Il ramena la tête de la jeune femme sur son épaule et caressa ses cheveux lentement pour la calmer.
Il sentit le poids de la jeune femme s'affaisser contre lui. Il rattrapa ses bras et glissa son bras sous ses jambes nues et la souleva.
Il la ramena à sa chambre et la posait sur son lit en faisant attention de bien la couvrir.
La jeune femme gardait toujours une main accrochée à son bras.
Il la retira délicatement et emprisonna sa main dans la sienne.
Il s'assit sur le lit près d'elle et veilla sur elle toute la nuit.
Ce qu'il avait appris chamboulait son puzzle qui peinait déjà à prendre forme.
Amara avait en sa possession des pièces qui pourraient bien le conduire à compléter son puzzle.
Andreï regrettait désormais l'attitude abjecte qu'il avait eue envers la jeune femme.
Sa haine et sa colère l'avaient aveuglé et poussé à mettre en danger la jeune femme innocente.
Serait-elle capable de lui pardonner ?
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𝕊𝕠𝕦𝕤 𝕝'𝕖𝕞𝕡𝕣𝕚𝕤𝕖 𝕕𝕖 𝕤𝕠𝕟 𝕣𝕖𝕘𝕒𝕣𝕕
RomanceAndreï Bukovski , un milliardaire aux yeux bleus perçants, a autrefois régné sur les bas-fonds de Moscou en tant que redoutable mafieux. Ayant rompu avec son passe criminel, il cherche a se construire une nouvelle vie, mais les ombres de son ancienn...