~Chapitre 19 : Il était une fois... Des secrets~

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Deux adolescents étaient assis côte à côte, les pieds enfoncés dans le sable :

- Mi madre está de acuerdo en que te presente a mi familia en Navidad. ("Ma mère est d'accord pour que je te présente à ma famille, à Noël.")

- ¡Esto es genial! ¿Por qué pareces tan preocupado? ("C'est génial ! Pourquoi as-tu l'air si préoccupé ?")

Le premier à avoir prit la parole, tout en jouant nerveusement avec le bracelet qui ne quittait jamais son poignet, chercha ses mots pendant un moment avant d'enfin pouvoir répondre :

- Tengo miedo de su reacción... Confío en ellos, pero no dejo de imaginarme los peores escenarios. ("J'ai peur de leur réaction... Je leur fait confiance, mais je n'arrête pas de m'imaginer les pires scénarios")

Son voisin posa une main rassurante sur la sienne :

- Estoy seguro de que te aceptarán como eres. ("Je suis sûr qu'il t'accepteront comme tu es")

- Et si ils le prennent mal ? Paniqua le plus anxieux, repassant dans sa langue maternelle sans s'en rendre compte.

- Alors ce sont des... Comó se dice en francés... Pendejos ?

- Des connards. Rit le rouquin.

- Ah oui, c'est ça. Approuva son partenaire en hochant la tête. Des "connards".

Il faisait rouler chaque "r" sur sa langue, appuyant chaque syllabe pour la prononcer correctement. Il avait beau trop accentuer ses mots, on ne pouvait nier qu'il parlait bien, pour quelqu'un qui venait de commencer à apprendre le français.

- T'as raison... N'empêche, j'espère vraiment qu'ils seront pas homophobes.

- J'espère aussi... De toute manière, je serais toujours là pour toi, Esteban.

- Je sais. Tu peux plus t'enfuir, maintenant, de toute manière.

Les deux pouffèrent en chœur, puis Esteban posa la tête sur l'épaule de son petit-ami.

- Te amo.

- Te amo tambien.

~

- Qu'est-ce que tu fous là, Tomas ?

Les bras croisés et le visage fermé, je me tenais devant la porte d'entrée. Et, accessoirement, devant l'un des plus grands hypocrites de la planète, qui mit un moment à se souvenir de la signification de mes mots. Ça se voyait qu'il n'avait pas travaillé son français depuis un long moment.

- Je viens juste... Es què verbo ya... Ah : Je viens juste voir comment tu vas.

Je le regardai quelques secondes avant d'éclater de rire :

- TOI ? Te soucier de MOI ? Putain, je m'y attendais pas à celle-là, c'est la meilleure blague qu'on m'ait jamais faite.

- ¡Yo soy serio! No quería que terminara así entre nosotros... ("Je suis sérieux ! Je voulais pas que ça se termine comme ça entre nous...")

Je roulai exagérément des yeux, faisant monter le ton de ma voix en agressivité :

- C'est ça, c'est ça, va dire ça au mec que t'as galoché devant mes yeux, on en reparlera après.

L'Étoile et le NuageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant