Chapitre 21

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Je tourne en rond dans mon appartement, anxieuse. Après que Damiano m'ait laissé seule dans le parc, je suis rentrée, sonnée, tremblante, retenant mes larmes pour les verser une fois cachée chez moi. Cela fait maintenant cinq heures que je tourne en rond, me rongeant les ongles jusqu'au sang en attendant le retour de Damiano. Il est vingt deux heures et il fait nuit, toutes ses affaires sont là et je n'ai aucune nouvelle de lui. A force de mordre mes ongles, certains de mes doigts se mettent à saigner. Je finis par m'allonger sur le canapé, me laissant tomber dans un sommeil inattendue.

- Leïa ? T'es là ? 

J'entends la voix de Damiano et le bruit de pas s'approchant du canapé. Je me frotte les yeux, et me redresse dans le salon illuminé par la petite lampe posé au coin de la pièce. Je me tourne vers la porte d'entrée. Damiano s'y trouve, un sac en papier craft dans une main, sa casquette dans l'autre. Il me regarde l'air grave, sans sourire sur son visage.

- Tu as faim ? il me demande, montrant le sac et étirant un petit sourire, face à mon mutisme.

Etonnée de le voir là alors que je n'espérais plus son retour, et surprise par cette question tellement inopinée vu la situation, je ne peux empêcher mes sanglots de m'envahir.

- Oh non, je suis vraiment désolé.

J'entends Damiano s'excuser en posant le sac qu'il a en main. En quelques secondes, je le sens prés de moi. Il s'assoit à mes côtés, sur le canapé et me prends dans ses bras. Malgré la colère que je ressens après ce qu'il a fait, j'enfouie ma tête dans son tee-shirt et laisse mes larmes couler.

- T'as pas le droit de partir comme ça pendant des heures et de venir comme si de rien n'était ! je finis par lui lancer, lui donnant des petits coups de poings dans le torse.

- Je ne suis vraiment désolé, je ne recommencerais plus. Mais si tu crois me faire mal avec des tous petits bras, sache que chaque coup que tu me donnes sont aussi doux que des petites caresses, il me dit, un grand sourire au visage.

Je le regarde, étonnée, avant de rire. Il me regarde à son tour, les yeux ronds, probablement parce qu'il ne s'attendait pas à ce que je réagisse ainsi, avant que son rire ne rejoigne le mien. Lorsque nous nous calmons enfin, nous décidons de manger ce qu'il a ramené. Pour mon plus grand plaisir il a ramené différentes petites tapas. Tortillas, calamar fris, croquetas au jambon et au fromage.... Nous mangeons en silence. Je sais très bien, et lui aussi j'imagine, qu'une fois le repas finit, il va falloir que l'on parle de ce qu'il s'est passé. On ne peut pas rester ainsi, silencieux, sans en parler. Cela ne fera que creuser un fossé que je ne veux pas créer entre nous. C'est la gorge nouée, que je pars dans la cuisine à la fin du repas pour nettoyer ce qu'on vient de manger. J'essaye de m'occuper le plus possible, attendant le moment fatidique. Finalement Damiano se lève et me rejoint dans la cuisine.

- Tu veux pas venir t'assoir quelques minutes ? il me demande, me prenant le torchon que j'avais en main pour l'étendre sur la poignée d'un placard.

Je le suis jusqu'au salon, où l'on s'assoit sur le canapé.

- J'ai passé mon après-midi à réfléchir, et déjà je m'excuse pour ma réaction, je n'aurais pas du réagir comme ça, commence Damiano. Je n'avais pas vu à quel point la situation te rendais malheureuse, je suis vraiment désolé...

- Je ne pense pas qu'on peut dire que j'étais malheureuse, mais je suis bien mieux ici. Ma vie c'est mon travail au salon, ce sont mes amis, c'est de pouvoir sortir tranquillement sans avoir peur, ou d'avoir l'impression de gênée.

- Comment ça, de gêner ? Tu ne gênes personne, il me dit.

- Lorsqu'on sort, y a toujours des gens pour demander des photos ou des autographes, tu t'en rends pas compte, mais dans ses moments-là tes fans me poussent, me laissent à l'écart, comme si je n'existe pas, ou que je gêne. Lorsque ça arrive, ça me donne l'impression que j'aurais dû rester enfermée dans la chambre d'hôtel.

- Mais c'est faux, tu déranges pas... Je suis désolé que t'es cette impression là, qu'est-ce que je peux faire pour que ça n'arrive plus ? 

- C'est ce que je te disais avant que tu t'énerves, je pense qu'il est préférable que ce soit toi qui vienne, et non moi qui te suive.

- Tu te rends bien compte que si on fait comme ça, on va presque plus se voir. Pourquoi se serait toujours à moi de me déplacer, et pas à toi aussi de temps en temps ? J'aimerais que tu m'accompagnes à certains événements, que tu viennes me voir en concert... Que tu partages tout ça avec moi.

- Je ne dis pas que je ne viendrais jamais, si tu es des événements ou des choses pour lesquelles tu veux vraiment ma présence on peut s'arranger. Mais je ne veux plus te suivre, je veux de la tranquillité, je veux une vie normale, je veux travailler, être avec mes amis.

- J'ai vraiment du mal 0 comprendre, désolé, mais si on fait comme tu veux, on ne se verra jamais.

- Tu exagères, tu ne penses pas ? je lui demande, sentant une petite colère montant en moi. Qu'est-ce que tu veux toi dans ce cas ? Dis moi, je t'écoute.

- C'était très bien comme c'était, j'ai adoré t'avoir à mes côtés à New York. On était bien ensemble, on a passé de bons moments, non ? 

- Oui, lorsque tu étais là, mais on était toujours un peu des animaux de foires pour les gens qui te reconnaissaient. 

- Je croyais qu'on avait convenu que tu reviendrais.

- Tu avais convenu que je reviendrais. Je t'ai dis que je rentrais pour mon chat, qu'il était malade. Que j'attendrais de voir comment il va et que je verrais ensuite ce que je ferais.

- Dès le début, tu savais que tu ne reviendrais pas ? il me demande, un air triste et blessé sur le visage.

-Non, j'en savais rien, j'avais besoin de réfléchir. Tu peux comprendre ? Tout est allé si vite pour moi.

Il ne répond pas, passe sa main sur son visage, avant de soupirer.

- Je suis désolée Damiano, je voulais pas te faire du mal, seulement te dire comment je me sens. J'ai essayé, mais ce n'est pas pour moi. Pour l'instant, je ne dis pas que plus tard ce ne sera pas le cas. Il me faut du temps pour trouver un équilibre entre ta vie, qui est complètement à l'opposé de la mienne, et ma vie.

Je passe ma main sur son visage, l'arrêtant sur sa joue. Je caresse ses lèvres de mes doigts, et lui souris tendrement. Avec ce geste plein de douceur, j'essaye tant bien que mal de lui montrer à quel point je l'aime. Cette discussion m'arrache le coeur. 

- Je t'aime tellement, si tu savais à quel point... 

Je lui murmure, retirant ma main.

- Moi aussi je t'aime. Merci de m'avoir parlé de tout ça. Je vais prendre le temps de réfléchir à comment remédier à ce problème.

D'un comment accord, nous concluons cette soirée en allant se coucher, l'un contre l'autre. Malgré cette proximité, je sens au fond de moi que j'ai brisé quelque chose en lui parlant de ce que je ressens. Je m'endors, blottie contre lui en espérant que le fossé que je ressens ne se creusera pas plus qu'il ne l'ai déjà...


Quand tout nous oppose [Maneskin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant