Chapitre 23

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Après le départ de Victoria, j'ai appelé Damiano pour savoir comment il allait. Ce dernier m'a répondu. Selon lui tout va bien, mais j'ai bien entendu dans sa voix que c'était faux. Ne voulant pas prendre de décision irréfléchi, j'ai préféré faire comme si de rien n'était. On a donc parlé de banalité, mon travail, le sien... Avant de raccrocher Damiano m'a promis de me rappeler le plus rapidement possible.

Les jours de fermetures hebdomadaires du salon étant enfin arrivés, je peux me reposer un peu. Je décide de rester seule, espérant pouvoir réfléchir à la situation. Pour ne pas être dérangée, je pars deux jours à Valencia, une ville un peu plus au sud de l'Espagne où habite un cousin à moi. Accompagnée de mon fidèle compagnon, Patmol, j'arrive à la gare de Valencia où mon cousin m'attend, tout sourire.

- Je n'en reviens pas que tu habites à Barcelone mais que tu ne viens jamais me voir, il me dit en me prenant dans ses bras.

- Je suis désolée, je te promets de trouver plus de temps pour venir.

- On dépose ton tigre et on va boire un verre, il me semble que tu as beaucoup de chose à me raconter, il me dit, entourant mes épaules de son bras alors qu'on se dirige vers le métro.

Arrivés chez lui, je suis accueillis par les cris de joie de ses deux filles, l'une âgée de quatre ans et l'autre de six ans. Je les embrasse tendrement, leur confiant mon chat, salue Talia, leur mère, avant de repartir avec mon cousin. Nous nous installons sur une terrasse dans le quartier historique de Valencia. Nos deux verres de sangria servis, Antonio, mon cousin, décide que c'est le moment idéal pour me poser toutes les questions qui lui brûlent les lèvres.

- Bon alors comme ça tu t'es trouvé un beau brun ténébreux ? il me demande.

- Il parait mais.... C'est compliqué.

-Comment ça ? Explique moi.

Je lui raconte alors toute l'histoire. De la manière dont on s'est rencontré, jusqu'à mon agression, en terminant par la visite de Victoria. Je sens des larmes coulées sur mes joues, en parlant avec lui je me rends compte à quel point j'aime Damiano, mais combien cette relation n'est pas faite pour moi. Je ne suis pas capable de vivre dans son monde. Les photographes, les fans, les règles qu'imposent son style de vie ne sont pas fais pour moi. J'aime ma petite vie tranquille, j'ai mis tellement de temps pour la construire, je ne suis pas prête de tout détruire. Et ça, même si je l'aime à m'en déchirer le coeur. Mon monologue terminé, un petit silence s'installe, je vois Antonio réfléchir, avant de prendre la parole.

- Est-ce que je peux te dire ce que je pense ? il finit par me demander.

- Oui, c'est pour bien ça qu'on est là, non ? 

- Oui, mais tu sais, on a apprit notre existence il y a quelques années, et des fois même si t'es proche de la personne, certaines choses sont sensibles quand on se connait depuis peu de temps, même si pour moi c'est comme si on se connait depuis toujours. Alors tu vois, je préfère demander, parce que ça va peut-être pas te plaire ce que je vais te dire.

- Non t'inquiète pas, tu peux tout me dire sans crainte, je l'encourage.

- Je pense que votre relation est sans issue. Pour le moment du moins. Elle ne pourra pas durer si ni lui ni toi ne fait de concession, mais il ne faut pas non plus que ce soit seulement lui ou seulement toi qui en fasse, il faut que vous en fassiez autant l'un que l'autre, et j'ai l'impression que vous n'êtes pas prêt.

Je ne réponds pas, réfléchissant à ce qu'il vient de dire. Je sais qu'il a raison.

- J'ai essayé tu sais, je voudrais juste qu'il essaye à son tour de vivre dans mon monde, je finis par répondre, repensant à mon séjour en Italie et aux Etats-Unis avec lui.

- Je sais, mais c'est pas aussi simple que ça pour lui. Peu importe où il sera, il sera reconnu, interpellé, prit en photo... Qu'il soit en Espagne ou ailleurs, ça finira par arriver. 

- Oui mais il peut bien essayer de faire un pas vers moi, venir me voir, passer une semaine avec moi dans les montagnes, dans un chalet, avec une réserve de nourriture suffisante pour ne pas avoir besoin de sortir.

- Et est-ce que tu lui as proposé de faire ça ? 

Je hoche négativement la tête.

- Alors fais-le, peut-être qu'il va accepter.


A table avec Antonio, Talia et leurs deux petites filles à croquer, nous parlons de ce qui rythme nos vies actuellement : pour ma part la création de la marque de thé, et pour eux, leur travail et leurs petites filles. Le repas est composé de poisson fris et de haricots. Je mange toujours super bien lorsque je suis chez eux, il faut que je pense à venir les voir plus souvent. Pas forcément pour la nourriture, mais aussi parce que c'est la seule famille qu'il me reste et que j'aime énormément passer du temps avec eux. Alors que Talia sort le dessert : une brioche à la crème, mon téléphone se met à sonner. Je regarde l'écran, et à ma grande surprise le nom de Damiano apparaît. Je m'excuse et décide de répondre, voulant mettre en action les conseils de mon cousin. 

- Allo, Dam ?  je réponds, m'installant dans leur petite cours.

-Oui, je voulais savoir comment tu vas, il me demande.

- ça va, je suis partie en week-end, j'avais... Besoin de réflechir.

- Ah bon ? A quoi ?

- Beaucoup de chose. Et... Je voudrais te demander si.. Est-ce que ça te dirait de me rejoindre le week-end prochain pour un week-end en amoureux ? 

Je m'empresse d'appliquer les conseils de mon cousin. Anxieuse, j'attends la réponse de Damiano. Une part de moi souhaite qu'il dise oui, une autre à l'impression qu'il va dire non.

- Euh.. Le week-end prochain je ne peux pas, j'ai un concert, mais... Je veux bien venir passer quelques jours avec toi, ou toi viens passer quelques jours. Viens ce week-end, comme ça tu pourrais assister au concert.

-Je... Ok, je veux bien venir, mais je voudrais aussi passer ce week-end avec toi, je pensais réserver un chalet dans les Pyrénées, je me suis dis qu'on pourrait s'isoler pour rester que tout les deux.

Il ne me répond pas tout suite, j'entends sa respiration et son silence m'angoisse plus qu'autre chose.

- D'accord, je crois que j'ai deux trois jours de disponible dans pas longtemps, est-ce que tu crois que tu pourrais poser des congés pour que ton repos coïncide avec le mien ? il me demande.

- Oui, bien sûr, je peux décaler mon week-end. Pas de problème.

Avant de raccrocher, nous parlons du week-end prochain, je lui indique à partir de quand je peux venir et il réserve mes billets d'avion avant que l'on se dise au revoir. Je retourne à table où le dessert m'attend. Une fois le repas terminé, j'accompagne Tonio coucher ces filles, puis nous nous installons tout le deux dans son salon, lui une tasse de café à la main, moi une tasse de tisane.

-J'ai appliqué tes conseils, je vais voir Damiano ce week-end, et il viendra passer un petit weekend à la montagne avec moi.

-C'est ce que tu veux ? il me demande. 

-Oui, je veux essayer, je veux pas abandonner, ce n'est pas parce qu'on a pas la même vie que ça ne peut pas marcher.

Il ne répond pas, nous restons l'un et l'autre silencieux, sirotant nos boissons chaudes. Ce silence me fait du bien, il m'aide à réfléchir à ce que je veux réellement. Je sais que j'aime Damiano plus que j'aime n'importe qui. Mais je ne sais toujours pas si tout ça en vaut le coup. Je ne me sens pas capable de vivre dans un monde auquel je n'appartiens pas. Antonio finit par se lever. Il me souhaite bonne nuit puis me laisse seule avec mes réflexions.





Quand tout nous oppose [Maneskin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant