Comment ça, elles ne sont pas en plastique ?!

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Dehors, l'air est frais. Trop peut-être, puisqu'à vrai dire, Denki regrette de ne pas avoir emporté de veste. Mais il est hors de question de faire demi-tour maintenant qu'ils ont atteint les bords de la piscine.

D'ailleurs, étonnamment, le coin est loin d'être désert. Pourtant, à cette époque de l'année, personne n'irait prendre le risque d'aller se baigner sous peine de tomber malade. Le bassin a même été recouvert par les soins de son « père ». Mais ça et là, Denki peut voir des fumeurs, des personnes occupées à se rouler une pelle, et d'autres simplement en train de décuver.

Fourrageant ses mains dans son pantalon limé pour tenter de garder un peu de chaleur, Denki s'autorise à jeter un bref coup d'œil derrière lui. Les deux autres loups costumés le collent de près. Mais ils restent désespérément silencieux, alors que le garçon les attire à l'écart du monde, en direction du petit kiosque que seuls les habitués peuvent connaître. Même assourdi à cause de la distance, le vacarme des basses continue d'englober leurs pas, effaçant le bruit de leurs chaussures sur le sentier. Se savoir si proche de la soirée, aurait dû rassurer le blondinet. Mais à sa grande surprise, le jeune homme se sent juste frustré.

Il souhaite entendre le son de leur voix à nouveau. Pourtant, ils n'ont pas tant échangé que cela jusqu'à présent. Mais, les faits sont là. Il a l'impression qu'il a encore tant de choses à apprendre sur les tonalités douces d'Izuku et le timbre rêche d'Eijiro. Et ce besoin étrange l'effraie...

Alors, quand ils arrivent au kiosque, Denki ne perd pas une seule seconde. Il se laisse tomber sur le banc en pierre, et leur lance :

- Bon, c'est quoi ce bordel, exactement ?

Les deux loups redressent les oreilles et s'échangent un regard. Finalement, Eijiro prend la parole, après un bref raclement de gorge :

- Je suppose que tu as senti quelque chose d'étrange, tout à l'heure ?

- Pas toi, peut-être ? ironise Denki.

Lorsqu'il prononce ces mots, le garçon réalise soudain qu'en effet, rien ne garantit que son état inquiétant soit partagé. Mais à son grand soulagement, aucun des deux hommes ne dément ses propos alors qu'après s'être une nouvelle fois concertés du regard, ils s'assoient sur le banc en face.

- Et, cette sensation était agréable ? Ou désagréable ? tente le plus petit.

- T'en as d'autres des questions comme ça ?! J'ai jamais rien connu d'aussi désagréable !

Denki n'a pas envie de tourner autour du pot. Ce qu'il vit à l'heure actuel est tout ce qu'il y a de plus anormal. Personne ne lui avait dit qu'avoir des papillons dans le ventre pouvait être aussi douloureux ! Et pourtant, des émois de jeunesse, il en a eu lorsqu'il était au lycée, ou caché dans sa chambre. Mais tout paraît dérisoire à côté de ce qui lui arrive en ce moment même.

- Ho...

La réaction si sincère d'Izuku dévoile toute l'étendue de sa déception. Denki se mord la lèvre, réalisant une nouvelle fois que ses paroles ont peut-être été un peu trop rudes. Il a l'impression de ne rien maîtriser.

- Enfin, je veux dire... c'est pas... c'est pas facile à décrire...

Il s'arrête là, frotte sa nuque et détourne le regard. Il a beau essayer de se donner une contenance, la dureté de ses mots n'est en réalité que la preuve irréfutable qu'il n'en mène pas large. Il espère, tout autant qu'il craint, une réponse à ses questions. Et si ce n'était pas ce qu'il attendait ? Et s'il s'était bercé d'illusions ? Il n'a aucune idée de ce qui se passe, mais son cœur, ce traitre, a déjà choisi sa propre explication. Et Denki ne sait pas ce qu'il fera si jamais cette réponse n'est pas la même que celle qu'ils vont lui fournir.

Les oreilles en plastique [KiriDenkiDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant