Les oreilles en plastique [KiriDenkiDeku]

Alors ça y es, c'est fini ?

Grimaçant, Denki s'étire doucement. Il a mal partout. Mais il faut bien se résoudre à sortir du lit. Alors, il attache la ceinture de son pantalon, il jette un coup d'œil derrière lui.

Les deux autres garçons s'habillent de leurs côtés. Voir Izuku, avec l'un de ses sweats, colore les joues de l'humain. Le bouclé avait l'air bien trop heureux de quémander l'un de ses hauts, arguant que le sien était sale, pour que le blond puisse refuser. Il doit admettre de toute façon qu'il aime trop la boule chaude qui grossit dans son ventre à chaque fois qu'il le regarde, pour regretter. Eijiro était un peu déçu de ne pas pouvoir en faire de même, puisqu'il est trop grand pour rentrer dedans. Alors à la place, il est resté collé à l'humain plus longtemps, comme s'il avait besoin de se recharger, avant de finir par partir en quête de ses propres vêtements.

Les pensées de Denki s'éparpillent sur divers sujets, alors qu'il se dirige vers la télé pour enfin éteindre sa console. Il ne s'attendait pas à parler de sa famille aujourd'hui. Mais il se sent soulagé de l'avoir fait.

Bien sûr, il avait craint que le manque d'attache sur cette terre ne soit un argument de plus pour convaincre Eijiro de l'emmener. Mais cette fois, ce dernier s'est montré sage et n'a pas cherché à remettre la question de son départ sur le tapis. En tout cas, pour le moment. Du coin des yeux, Denki l'observe finir de se vêtir de son pantalon. Sous ses airs sûrs, il trouve finalement le loup aux mèches rouges un peu maladroit. Il semble faire les choses comme il le souhaite, sans toujours penser aux conséquences, quitte à le regretter ensuite. Ils ont tous les deux ça en commun puisque Denki a craqué plus d'une fois pour un achat compulsif alors qu'il n'avait déjà plus d'argent de poche.

Près de lui, Izuku marmonne doucement, fixant la commode du blondinet sans réellement la voir. Il doit encore être en train de réfléchir à une solution qui pourrait convenir à tout le monde. Mais l'humain n'est pas sûr qu'il y en a. Même si personne ne dit rien, l'ambiance n'est plus aussi réjouissante que la veille, alors que plane au-dessus de leurs têtes un sentiment d'inévitable. Denki sait qu'il en est la cause.

Il s'en veut d'être autant sur la réserve. Il n'y a rien qui nécessite d'être tant effrayé. Il déteste son « frère », il n'est pas particulièrement proche de sa famille de substitution, ses études ne l'intéressent pas. Mais cet inconnu le terrifie tellement. Il ne peut pas tout quitter du jour au lendemain. C'est tout simplement impossible...

Malheureusement, les deux loups ont été clairs. Ils viennent tout juste de finir la mission qui les a amenés dans le coin. Cette soirée qui a finalement dégénéré était censée être une courte pause avant de prendre le chemin du retour. Ils ne pourront pas tenir plus de quelques jours loin de leur monde.

- Il n'y a vraiment aucun moyen pour que vous restiez ? demande pourtant Denki en interrompant le semi-silence qui s'était installé entre eux.

Même s'il n'a pas daigné remettre le contexte, les deux autres garçons de la pièce n'en ont pas besoin pour comprendre. Eijiro se tourne vers lui avant de se frotter la nuque en soupirant.

- On aimerait bien Denki, crois-moi...

- Et puis, ce n'est pas comme si l'on pouvait squatter ici indéfiniment. C'est peut-être grand, mais ton oncle et ta tante vont finir par nous remarquer... ajoute Izuku avec un rictus contrit.

Il n'y a vraiment aucune solution ? Les épaules du garçon se voutent à cette pensée.

Eijiro se rapproche de lui et Denki se laisse faire quand il le prend dans ses bras. Il lui chuchote qu'ils vont trouver un moyen et le blond se coule contre son torse sans se plaindre. Ces marques d'affection viennent si naturellement entre eux que l'humain aimerait pouvoir s'en inspirer pour ne plus hésiter. Pourtant, il reste planté devant l'intersection, sans savoir sur quel chemin il doit s'engager. Partir ou attendre de longs mois. La voie de la sureté n'est-elle pas la meilleure ? Cela lui permettre de se préparer à l'idée, de faire ses adieux. Mais, et s'il regrettait... ?