Gênée

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Mon cerveau se mit à carburer aussi vite qu'il le put pour tenter de trouver une solution autre que... ça. Mais difficile de réfléchir alors que je me faisais pousser de toutes part par une horde en furie qui se refermait lentement mais sûrement sur Vincent.

J'en repoussai autant que je le pouvais mais la marée humaine était bien trop obstinée pour s'apercevoir qu'elle m'étouffait.

- Tu as une autre idée ? Lui demandai-je au bout d'un moment, mon cerveau étant malheureusement vide.

- Non, répondit-il tout en reculant le visage pour éviter celui d'une groupie.

Je pris plusieurs grandes inspirations.

Il fallait rationaliser : Vincent était mon maître. Par conséquent, ma statut d'esclave indiquait que je devais exaucer les souhaits de ce dernier. Et, puisqu'il voulait que l'on passe pour un couple... j'étais censée obéir.

Ce qui, soi disant passant, serait une véritable première.

Après une longue inspiration, je me lançai :

- Chéri, fait en sorte qu'elles s'en aillent ! Dis-je en me rapprochant de mon maître jusqu'à ce que je puisse lui attraper la main.

Il écarquilla les yeux à mon contact mais se ressaisit rapidement.

- Désolée, bébé, je fais ce que je peux, répondit-il en m'attirant à lui.

Bébé ? Pouah !

Une femme - qui avait sans aucun doute entendu notre échange - se mit à sangloter et me poussa encore plus violemment. Génial, la colère de ces femmes allaient s'abattre sur moi.

- Ça n'a pas l'air de marcher, chuchotai-je à l'oreille de Vincent.

Il plongea son regard vert intense dans le mien ; ses yeux avaient l'air de me demander pardon - je devais sûrement devenir dingue.

Soudain, Vincent plongea vers moi et posa ses lèvres sur les miennes. Je dû retenir mon réflexe premier, qui était de le gifler, pour fermer les yeux et continuer à jouer à sa petite amie.

Bon, si je devais tout à fait être honnête avec moi-même, je devais bien admettre que... j'appréciais. Beaucoup.

Vincent s'approcha un peu plus et plongea sa main dans mes cheveux tout en approfondissant le baiser. Je n'étais pas certaine que ça soit utile pour le plan, mais qu'importe ! C'était bien trop agréable pour que j'y mette un terme.

Recule, pauvre crétine ! Hurla une voix dans ma tête.

Je rouvris les yeux et me détachai lentement de mon maître, en enlevant mes mains de ses cheveux - comment s'étaient-elles retrouvées là ?

Les yeux de Vincent brillaient d'un éclat que je jugeai suspect, mais j'étais bien incapable de mettre un nom dessus.

Je me sentis rougir jusqu'à la racine des cheveux lorsque je me rendis compte de ce qu'il venait de se passer. J'avais embrassé mon maître. Mais qu'est ce qui ne tournait pas rond chez moi ? Pourquoi l'avais-je laissé faire un truc pareil ?

La colère que je ressentais envers moi-même avait au moins un aspect positif : elle m'évitait de trop songer à ce qui venait de se passer, à savoir que j'avais embrassé mon maître dans un centre commercial, bon sang ! Il n'y avait qu'à moi qu'un truc pareil pouvait arriver.

La Prophétie des deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant