La Prophétie des deux mondes

La dure réalité de l'Enclus

Un gueuleur - du moins pensais-je qu'il était un gueuleur - était en train de fouetter une petite fille. Elle était un genoux, les mains crispés sur un tabouret. Son tee-shirt gisait tout près d'elle, et quand je levais les yeux vers son dos, un cri m'échappa. Il était couvert de sang. Sa chair était entaillé de partout.

Quand au gueuleur, il levait à nouveau son fouet, près à la battre une nouvelle fois. Je savais que j'allai commettre une erreur, mais je ne pouvais pas le laisser faire.

J'avançai vers cet homme cruel d'un pas décidé, et lui attrapait le bras, l'empêchant de l'abattre sur la petite fille.

Il sursauta, ne m'ayant pas entendue approcher. Il secoua son bras avec énergie, et réussi à me faire tomber à terre, près de la jeune esclave.

- Mais qui es-tu ? Demanda t-il, furieux.

- Une nouvelle, répondis-je, haletante.

- Écarte toi, ce n'est pas toi que je veux faire souffrir.

Il leva à nouveau son fouet, et je fis la seule chose qui me semblait juste en cet instant. Je me plaçai devant l'esclave, faisant un rempart de mon corps. Le fouet s'abattit alors sur mon dos, et je sentis ma peau s'enflammer. J'eus un hoquet de stupeur, ne m'attendant pas à une telle douleur. Ma peau à vif qui touchait mon tee-shirt me faisait atrocement souffrir. J'essayai de respirer calmement, refusant de m'écarter pour laisser cette pauvre esclave recevoir d'autres coups.

- Écarte toi ! Répéta l'homme, mais je ne l'écoutais plus.

Je fermais les yeux, me préparant à recevoir un nouveau coup.

C'est alors qu'une voix me sauva.

- Stop ! Hurla t-elle.

Énora ?

Je rouvris les yeux. C'était bien elle. Elle regardait le bourreau et je vis dans ses yeux de la fureur pure.

- On peut savoir ce qui t'as prit de la fouetter ? S'écria t-elle.

- Elle s'est mise devant, je n'ai pas eu le temps d'arrêter mon geste.

- Espèce d'idiot !

Elle vint à ma rencontre, voulant m'aider à me lever, mais je ne la laissais pas faire. Pas question de partir et de laisser la petite esclave sans défense.

- Aller, lève toi ! M'ordonna t-elle.

Je secouais la tête. Ce simple geste brûla mon dos entier. Comment cette petite fille avait-elle pu supporter autant de coups de fouets alors que je souffrais atrocement avec un seul ?

- Tu peux partir, murmura calmement celle-ci.

Elle agonisait mais elle voulait que je parte !

- Non, je reste.

Le bourreau s'approcha de nous, tenant toujours son fouet dans sa main. Il avait l'air furieux.

- Il faut qu'elle parte, dit-il à Énora. Je n'ai pas fini de battre celle-ci et il y en a d'autres qui attendent.

Je sursautai, me rendant compte que je ne pouvais pas tous les protéger à la fois.

- Et puis, poursuivit-il, si elle ne s'en va pas, je vais devoir la battre aussi. C'est le règlement.

Il avait l'air embêté.

- Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? L'interrogea Énora. Je me souviens que la dernière fois qu'une mère a voulu protégé son enfant, tu l'avais fouetter jusqu'à tant qu'elle s'en aille !