La Prophétie des deux mondes

De retour à l'Enclus

- Tu es vraiment sûre de vouloir faire ça ? Me demanda une nouvelle fois Vincent.

Je hochai la tête en espérant avoir l'air décidée, alors qu'en réalité mes jambes tremblaient sous l'angoisse.

Nous étions à présent devant l'entrée de l'Enclus, devant cette grande herse que je sentais de nouveau prête à me tomber dessus.

Qu'est ce qui m'avait prit de vouloir revenir ici ? Comment avais-je pu croire que tout allait bien se passer ? Que notre plan totalement fou allait marcher ?

- Il n'est pas trop tard pour changer d'avis, tu sais, indiqua Vincent,l'air de sentir mon hésitation.

- Non, il faut que je sache, répondis-je avec un léger tremblement dans la voix. Je sens qu'il y a quelque chose qui cloche ici... comme chez mon ancien maître. Il faut que je sache de quoi il en retourne.

Il soupira, vaincu.

La veille, nous nous étions disputés pendant je ne sais combien d'heures, lui essayant de me dissuader de retourner là-bas, moi lui rappelant que si je devais aller dans cet enfer, c'était parce qu'il ne voulait rien me dire. Il avait fini par céder, mais pas avant de m'avoir fait promettre de ne pas me faire trop remarquer.

Évidemment,je le lui avais promis, même si je ne pouvais en aucun cas être certaine d'être en mesure de ne pas me faire remarquer, ou tout simplement d'agir comme il me semblait.

- Qui doit-on chercher, déjà ? Marmonna Vincent en jetant un coup d'œil mauvais à la herse, comme s'il craignait lui aussi qu'elle ne s'effondre sur nous.

- Énora. En général, elle est à l'accueil. Si c'est le cas, je pourrai lui poser mes questions et nous partirons de suite. Par contre, si elle fait visiter l'Enclus à un esclave,...

- Alors ça devient compliqué, me coupa Vincent. Tu es totalement folle, tu le sais ça ?

Je lui jetai un regard noir avant de lever les yeux au ciel en voyant son sourire au coin. Je pris ensuite une grande inspiration avant de pénétrer dans ce lieu lugubre, qui ne m'avait décidément pas manqué du tout.

L'endroit était tel que dans mon souvenir ; sombre, avec une seule lumière provenant du bureau d'accueil. L'effet oppressant me semblait encore plus présent maintenant, ou peut-être que mon stress était renforcé par cette pénombre angoissante, je n'en savais rien.

Vincent,à mes côtés, ne semblait pas non plus très emballé par ce hall d'entrée sordide. Il regardait partout autour de lui, comme si un monstre pouvait lui sauter dessus à tout moment – ce qui, à vrai dire, ne m'aurait pas plus étonné que ça.

Je me dirigeai à pas vifs vers la seule source de luminosité avant de me rendre compte, pour mon plus grand désespoir, que le siège d'Énora étant vacant. J'entendis Vincent pester derrière moi quand il comprit également que notre premier plan était voué à l'échec.

- Et si on attendait son retour ici ? Proposa t-il en se passant la main dans les cheveux. Ça vaut mieux que d'essayer de passer par cette porte blindée, ajouta t-il en fixant la-dite porte.

- Elle peut en avoir pour longtemps.

- Et ?Mieux vaut ça plutôt que de se faire prendre en flagrant délit d'effraction.

- Tu étais d'accord hier, Vincent ! M'énervai-je.

- Parce que je n'aurai jamais songé qu'elle puisse se trouver dans l'Enclus !

Il criait à présent, et sa voix résonnait dans cet espace vide qui me donnait la chair de poule.

- Si tune veux pas y aller, dis-je dans un murmure plein de colère, c'est ton choix. Mais tu devras me l'ordonner si tu veux que je reste avec toi, parce que j'y vais.