Prophétie

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- Je crois qu'on a tout ! S'exclama Cameron lorsque nous finîmes par sortir du centre commercial.

J'avais horriblement mal aux pieds – je pouvais remercier mes nouvelles chaussures – et mes bras étaient engourdis à cause du poids de la dizaine de sacs que j'ai été contrainte de porter. 

Seule Cameron ne portait rien, estimant qu'elle avait suffisamment travaillé en tant que conseillère ; elle avait laissé le soin à Vincent de porter sa part.

- Évidemment, qu'on a tout ! Marmonna Vincent en fusillant du regard sa cousine.

- Oh, ne soit pas si ronchon ! S'agaça Cameron en faisant la moue.

Il jura dans sa barbe et poursuivit sa route, visiblement pressé d'aller mettre son chargement dans le coffre de sa voiture. Je les suivis en me retenant de me plaindre – je l'avais suffisamment fait dans la journée, à chaque fois que l'on rentrait dans un nouveau magasin. J'étais reconnaissante aux gardiens, qui avaient finis par nous chasser à cause de la fermeture imminente du centre commercial.   

J'avais passé une journée entière à sillonner les magasins, et j'avais survécu. Néanmoins, j'avais toujours des questions qui restaient sans réponse.

Après l'étonnante révélation de Cameron, à savoir que l'Empereur allait vouloir me rencontrer, je m'étais immédiatement mise à paniquer – surtout que le regard qu'elle me lançait ne me disait rien qui vaille. J'avais eu beau lui demander de s'expliquer, elle m'avait ignoré et avait feint l'enjouement sur le reste de la journée.

Que pourrait bien me vouloir l'Empereur ? En quoi cela avait-il un rapport avec Vincent ? Peut-être qu'il voulait simplement voir la première esclave de l'homme le plus riche de l'Empire. J'avais beau tenter de me convaincre de cette simple explication, le comportement suspect de Cameron me laissait songeuse.

J'allai tenter ma chance avec Vincent ce soir ; peut-être sera t-il plus loquace ? Du moins je l'espérais, car rester dans l'ignorance avait le don de m'énerver et surtout de me faire paniquer. Et, puisqu'il était question de l'Empereur, mon inquiétude me semblait tout à fait légitime.

Nous arrivâmes sur l'immense parking et déchargeâmes nos innombrables paquets dans le coffre. Si innombrables qu'il fut impossible de tous les faire rentrer – malgré les remarquables efforts de Cameron qui avait tenté de les comprimer au maximum, sans grands succès – et que nous dûmes en mettre sur la banquette arrière.

Sur le chemin du retour, Cameron n'arrêta pas de se plaindre du manque de place qu'elle avait à cause des sacs. Ce à quoi j'avais répondu, ne pouvant plus supporter ses jérémiades, qu'elle n'avait qu'à ne pas m'avoir acheté autant de vêtements, surtout que je n'en porterai probablement pas la moitié. Après ça, elle s'était renfrognée et m'avait ignorée ; Vincent en avait d'ailleurs profité pour en rajouter une couche : alors qu'elle disait sans cesse qu'il était souvent ronchon, c'était maintenant elle qui boudait. Cette remarque eu évidemment le don de la vexer d'autant plus, mais au moins nous avions fini par avoir la paix.

Après une journée à courir les magasins comme celle-ci, je n'avais aucune envie d'entendre des remarques de Cameron sur Vincent et moi – mieux valait donc son silence.

- Je te ramène chez toi ? Proposa Vincent en s'adressant à sa cousine, toujours silencieuse.

- S'il te plaît, répondit-elle dans un marmonnement contrarié.

Mon maître soupira mais bifurqua dans la circulation pour aller sur ce que je supposais être le chemin menant à la demeure de Cameron.

Au bout de quelques minutes, Vincent, en ayant visiblement assez de ce silence étouffant, mis en route son auto-radio. De la musique se déversa alors des enceintes ; musique, que, évidemment, je ne reconnus pas.

La Prophétie des deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant