La Prophétie des deux mondes

Un monde de mystères

L'inconscience était encore pire que la conscience. Je ne voyais plus, n'entendait plus, mais je pensais.

J'avais condamné tous ses enfants à subir une torture pire que celle dont je les avait sauvé. Je pensais avoir bien agis, mais c'était tout l'inverse. Je comprenais maintenant les regards haineux que ces esclaves m'avaient lancés. J'aurai eu la même réaction qu'eux à leur place. Qu'avais-je fait ?

Peut être valait-il mieux que je reste inconsciente pour le reste de ma vie. Je ne voulais pas vivre en sachant ce que j'avais fait. C'était trop horrible.

- Mademoiselle ? S'écria une voix lointaine.

Non, je ne répondrai pas. Je ne voulais plus entendre. Ni ressentir.

- Mademoiselle ! Répéta la même voix.

À présent, je la reconnaissais. C'était l'infirmière. Je commençais à reprendre conscience.

J'entendais à présent l'infirmière qui s'affairait tout autour de moi, essayant de me faire revenir. Ne comprenait-elle dont pas que je ne le voulais pas ?

- S'il vous plaît, réveillez vous ! Me supplia t-elle d'une voix beaucoup plus audible. Je ne peux pas m'occuper de vous et de Sarah en même temps.

Ses paroles me firent l'effet d'un électrochoc. J'ouvris les yeux d'un coup, pour les refermer tout aussi soudainement car une lumière était placé juste devant mon œil. Des lumières dansèrent devant mes yeux un bref instant, et je plaquai ma main contre mes yeux.

- Enfin ! Soupira l'infirmière.

- Pourquoi m'avoir réveiller ? Bougonnai-je.

La honte que j'éprouvais était pire que je ne l'imaginais. Elle m'oppressait la poitrine, m'empêchait de respirer. L'inconscience était plus confortable, car celle ci me permettait de ne rien éprouver. Là, la culpabilité était omniprésente.

La femme écarquilla les yeux, se demandant certainement pourquoi je lui reprochais de m'avoir aider. Elle n'avait pas tort, ma réaction n'était pas des plus habituels.

- C'est mon travail.

Je hochai la tête, compréhensive. Je m'assis enfin, reprenant mes esprits.

- Allez vous occupez de Sarah. Elle a plus besoin de vos soins que moi.

- Bien sûr, dit-elle en se précipitant vers la table d'auscultation.

Je me remis debout et regardait dans la direction de la jeune esclave et je failli m'écrouler de nouveau. Ses lèvres étaient devenues blanches, et sa peau pâle à l'extrême.

Je titubai jusqu'à la table, où je dû m'accrocher pour ne pas tomber. Des petites étoiles dansaient devant mes yeux, ce qui ne facilitait pas ma concentration. L'infirmière était en train d'entrouvrir les lèvres de la petite fille pour lui verser un liquide dans la bouche. Je ne pouvais pas dire si c'était de l'eau ou un médicament tant ma vue était troublé.

Je sentais mes jambes flageller et je voyais mes bras trembler, prêts à lâcher prise. Je savais que j'étais à nouveau sur le point de m'évanouir, mais je ne voulais plus sombrer dans l'inconscience. Du moins pas tant que je ne saurais ce qui allait advenir de Sarah.

- Vous pouvez partir, me dit l'infirmière tout en continuant de verser le fameux liquide dans sa bouche.

- Je préfère rester, si ça ne vous ennuie pas.

Je me sentais terriblement coupable, et le peu que je puisse faire pour me racheter était de rester jusqu'au réveil de Sarah.

Elle me lança un coup d'œil inquisiteur, auquel je répondis par un piètre sourire, ne voulant pas m'attarder sur la raison pour laquelle je désirais rester. Cela risquerait de me renvoyer dans l'inconscience si j'y pensais. Pour le moment, toute mon attention était porté sur Sarah.