Arthur 4 :Le retour du prince

Chapitre 11

"Princesse Sélénia, Autarque Eldarion, avancez vous !" ordonna le roi Sifrat avec une pointe de déception.

Et il avait de quoi être déçu ! Le roi avait été témoin de la fin d'une nouvelle dispute entre eux. Rien d'inhabituel si le Roi ne les avait pas entendu se dire des choses vraiment blessantes. Nul ne savait lequel des deux avait rallumé les braises, mais au vu des choses qu'ils se sont dites, il était évident que leur conflit avait atteint son paroxysme à cette instant.

Sélénia s'avancait lentement, s'approchant de la place centrale du village tout en essayant de se remémorer les événements et les dires qui ont eu lieu pendant la dispute. Elle se souvient que dans sa colère, elle avait dit à Eldarion que malgré sa toute puissance et ses incessantes leçons de morale, il demeurait un incapable, tout juste bon à s'apitoyer sur le sort de son peuple qui avait sûrement été entièrement décimé.

À sa gauche, Eldarion s'avançait à la même allure, le visage fermé et l'air abattu. Ses yeux semblaient avoir perdu un peu de sa lumière bleutée. Il se souvient avoir répondu à la provocation de Sélénia, et alors que la lumière bleue dans ses yeux virait au rouge suite à la rage qui entreignait son cœur, il lui avait répondu qu'elle ne pouvait rien dire sur ce point lorsqu'elle même se lamentait sur l'absence d'Arthur ou de la disparition de sa mère qui ne reviendront peut-être plus jamais à cause de son comportement et son attitude, et que jamais elle ne serait en mesure de succéder à son père en tant que Reine du premier royaume.

Les deux, blessés à causes des mots qu'ils s'étaient lancés l'un à l'autre tels des piques empoisonnés, étaient sur le point d'en venir aux mains lorsque le Roi Sifrat était intervenu en personne pour mettre un terme au conflit. Cette fois, il en avait plus qu'assez et était bien déterminé à résoudre cette rivalité puérile entre sa fille et le Fantôme de Batilga.

Sélénia et Eldarion arrivèrent finalement au bout du chemin, et s'agenouillèrent devant Sifrat de Matradoy siégeant sur son Trône. Autour du roi se trouvait Bétamèche, ainsi que Miro et Mino accompagné par le conseil royal. Après un moment de silence, le Roi prit la parole.

"Vous m'avez tous les deux déçu, déçu du comportement que vous aviez eu envers vous-même alors que vous devriez tolérer et vous comprendre l'un l'autre."

Il tourna sa tête vers Eldarion, le visage toujours fermé.

"Vous m'avez déçu, Eldarion, pour le manque de respect dont vous avez fait preuve envers un membre de ma famille et pour avoir tenté de lever la main sur ce même membre de ma famille, ma propre fille." reprit-il. "Si vous ne vous êtiez pas mis en quête de ramener Arthur dans notre royaume, je vous aurai châtié bien plus lourdement. Mais malgré tout, le conseil est parvenu à me convaincre que nous avons toujours besoin de vous pour la réparation du passage. Aussi je me contenterai de vous retirer votre droit à commander nos forces armées. Puisse la Déesse de la forêt vous punir davantage."

Eldarion hocha la tête sans mot dire, acceptant son châtiment, la mine attristée. Il voyait très bien l'étendu de sa faute, et où sa disgrâce l'avait mené. Il en sentait d'ailleurs les effets. Suite à son ultime dispute avec Sélénia, il s'aperçut que ses pouvoirs avait drastiquement diminués en puissance. En outre, il ne ressentait plus la présence de ses parents biologiques par le biais de son arme, ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose : les esprits de ses parents l'avaient quitté en cet instant, lui faisant comprendre qu'il n'était plus digne de brandir son marteau magique.

Au fond de lui, Eldarion pensa que Sélénia avait peut-être raison à son sujet. Peut-être était-il un incompétent, un incapable, tout comme il fut incapable de sauver les nyrilorns qu'il chérissait tant il y avait bien longtemps. Cela le faisait se sentir comme responsable de la disparition de sa femme, de sa reine et de son peuple.