Chapitre 19

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La réponse de la comtesse Éliani avait ébranlé le village minimoy tout entier. Même les yeux de Sélénia et de sa famille (hormis ceux de son père) s'écarquillaient de surprise. Les voilà face aux fantômes des parents de l'être qui avait plongé les sept royaumes dans le chaos et la terreur, et qui semblaient tourmentés à l'idée de devoir payer pour les crimes de leur fils.

Plusieurs voix dans le public commençaient à se faire entendre, d'ailleurs. Des voix criant la faute des parents pour avoir engendré un être aussi mauvais que M le Maudit. Des doigts se levaient pour pointer les fantômes attristés, comme pour porter leurs accusations et leur complainte vers leur direction.

Mais Eldarion ne pouvait accepter un tel climat semblable à celui d'un tribunal. Il tourna la tête vers le Roi qui comprit immédiatement ce que Eldarion lui demandait.

"UN PEU DE SILENCE DANS CE VILLAGE !" hurla le Roi Sifrat dans l'espoir de faire taire les voix des minimoys qui souhaitaient se faire juges de la situation.

Quelques secondes plus tard, alors que le silence regagnait la place centrale du village, un sanglot spectral se fit entendre. Lorsque Sifrat tourna la tête vers la direction de ce sanglot, il vit l'esprit de la comtesse Éliani pleurer dans les bras éthérés du comte Verdamus. Celui-ci pleurait également, mais contrairement à sa compagne, celui-ci exprimait son chagrin en silence, tentant vainement de réconforter sa bien-aimée.

"Votre peuple a raison, votre Majesté. Tout est de notre faute. Notre fils a manqué à ses devoirs et nous avons été incapable de le ramener à la raison. Nous sommes condamnés à porter le poids de ses méfaits et de ses crimes." renchérit la malheureuse comtesse.

"Est ce la raison pour laquelle vous n'arrivez pas à trouver la paix dans l'au delà ? Les crimes de votre fils vous hantent tous les deux ?" demanda Sélénia qui s'avançait de quelques pas pour leur faire face.

"Oui, votre Altesse. Depuis ma mort suite mon accouchement et celle de mon cher Verdamus à cause de son chagrin, nous avions pu nous reposer aux côtés de la déesse de la forêt pendant quelques temps jusqu'au jour où nous consentîmes à lier nos esprits à cette perle spirituelle grâce aux nyrilorns. On nous avait raconté que Maltazard était devenu le grand champion du premier royaume à l'époque." raconta Éliani avant de laisser son mari le soin de continuer leur récit :

"On ne nous avait pas menti, Maltazard était devenu un grand combattant, et nous étions fiers d'avoir pu participer à son ascension et à la fabrication de son épée magique. Nous lui avions dit et montré qu'il était notre fils prodige et que nous l'aimions énormément.

Cependant, plus le temps passait, plus nous nous apercevions que quelque chose n'allait pas : notre fils semblait avoir naturellement un tempérament arrogant, prétentieux et lunatique et ne semblait pas tolérer qu'on le contredise. Nous avions pensé que le fait d'avoir été orphelin ne l'avait pas aidé.

Nous avions essayé de lui inculquer des vertus et des valeurs plus nobles par le biais de notre perle spirituelle, mais rien n'y faisait. Au fil des années, il nous écoutait de moins en moins, obnubilé qu'il était par ses croisades et ses conquêtes."

Le comte Verdamus marqua une pause et soupira tristement avant de reprendre son récit.

"Puis vint le jour fatidique, le moment où Maltazard avait franchi la limite du raisonnable pour s'adonner à une guerre totale et irraisoné. Nous avions tout vu. Les jours de fêtes qu'il avait organisé pour sa dernière victoire, la débauche dans laquelle il avait sombré, et surtout le baiser qui le damna à jamais. Le baiser que cette maudite vénéneuse, cette Tarentule lui avait donné. Elle a profité de la faiblesse d'esprit de notre fils pour se faire passer pour une minimoy séduisante et en faire son pantin ! "

Arthur 4 :Le retour du prince Où les histoires vivent. Découvrez maintenant