Chapitre 6

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Il m'avait fallu une douche glacée pour faire redescendre la température après le passage de Demetri. Et même après deux jours de tranquillité sans présence vampirique, je cherchais toujours à savoir pourquoi le traqueur me faisait un tel effet, parce que je n'arrivais vraiment pas à contrôler l'incompréhensible attirance qu'il exerçait sur moi.

Parce que j'avais vraiment besoin de prendre l'air et de quitter la vieille forteresse quelques heures, j'avais obtenu l'autorisation de sortir sans chaperon. Aro, toujours aussi mystérieux, ne semblait pas inquiet de me voir disparaître dans la nature, et je n'allais pas m'en plaindre. Pourtant je savais que cette fois, les autres vampires étaient au courant de ce qu'il s'était passé au secrétariat sans que personne ne me fasse de reproches. Enfin, personne sauf Heidi qui m'avait bien fait comprendre de rester à bonne distance du traqueur. Si au début j'avais cru à une réaction typiquement jalousie, je me disais que je ne serais plus de ce monde si ça avait été le cas. Il y avait donc une autre raison que je n'étais pas pressée de connaître. En fait, j'avais vu tellement de noms de secrétaires remplacées avec les dates de « renouvellement » que j'étais étonnée d'être toujours en un seul morceau. A croire que les Volturi avaient plus de respect pour leurs employées qu'ils ne le pensaient eux-mêmes.

J'en avais donc profité pour prendre un bon bol de vitamine D, le soleil commençait sérieusement à me manquer, et la lumière du jour aussi. Alors sentir la caresse de la chaleur estivale me fit le plus grand bien, profitant de l'instant avant que l'automne ne s'installe d'ici quelques jours. J'étais même restée dehors plus longtemps que prévu. Grâce aux recherches effectuées avant de venir travailler en Italie, j'avais vu que Volterra était une vieille cité étrusque qui comportait encore des vestiges, notamment un vieux théâtre antique, désormais en ruine et recouvert de mousse par le temps. Mais dès que j'avais trouvé l'emplacement du vieux monument, je l'avais tout de suite adoré. Situé légèrement à l'extérieur du centre historique, il semblait totalement délaissé. Il n'y avait pas un chat aux alentours alors je m'étais assise sur un muret pour lire un peu. De temps en temps, je levais les yeux pour admirer la vue. La tour de la forteresse était si haute qu'elle dépassait des maisons. Bien que je ne sache pas comment y monter, je voyais d'ici des barrières tout en haut, comme pour délimiter un petit balcon panoramique. Elles étaient placées juste sous les cloches qui ne sonnaient plus, du moins je ne les avais jamais entendues depuis mon arrivée. Cela voulait sûrement dire qu'il était possible d'y monter et avoir une jolie vue sur la campagne Toscane, ainsi que sur le théâtre et le reste de la ville. Si un humain n'aurait pas pu me distinguer de si loin, le Volturi qui déciderait de s'y mettre pour admirer la ville me verrait et me reconnaitrait, j'en étais certaine. Et aussi bête que cela puisse semblait, cela me rassurait. J'avais passé déjà plus d'un mois en leur compagnie, et j'avais dû prendre une sacrée confiance pour me sentir en sécurité auprès du clan italien.

Ce ne fut que lorsque le soleil commençait à se coucher et que la luminosité n'était plus suffisante que je sortis de ma torpeur et ramassais mon petit sac de courses que j'avais pris au passage. Prenant quelques minutes pour me remémorer le bon chemin qui menait au palais avec tout ce dédale de ruelles étroites, je remarquais au loin un petit groupe qui semblait se diriger dans la même direction, me montrant au passage le parcours à faire. Mais à mesure que je marchais, un mauvais pressentiment commençait à m'envahir. J'avais passé assez de temps entouré de vampires pour pouvoir faire la distinction entre leur démarche aérienne et celle des humains qui était plus lourde. Et comme tous les gardes portaient une cape, je sus immédiatement que ceux-là n'étaient pas des Volturi, parce qu'aucun n'en était habillé. La petite dizaine d'individus était vêtue de façon « civile ».

Quelque chose était en train de se préparer et je n'aurais pas le temps d'arriver dans les souterrains pour les avertir. Je sortis mon téléphone pour appeler Félix, qui m'avait donné son numéro en cas d'urgence, et le fait qu'il ne décroche pas me laisser envisager le pire. Dans la précipitation, je retournais dans mon répertoire pour joindre Demetri dans l'espoir qu'il décroche et quand j'entendis que c'était le cas, je me dis qu'il n'était pas trop tard.

L'éternité a un prix [OC/Volturi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant