L'éternité a un prix [OC/Volturi]

Chapitre 9

Pendant que j'avais laissé mon meilleur ami avec Charlie pour parler de son histoire personnelle, j'avais été chargé avec d'autres gardes de faire une ronde dans et autour de Volterra. Le but étant de voir s'il subsistait une trace du passage de l'espagnol ou de son groupe. Nous avions brûlé tous les cadavres, après des interrogatoires musclés que j'avais menés avec Santiago et Félix, et épaulés par les tortures de Jane, ils n'avaient rien dit qui puisse nous intéresser. Et quand Aro avait voulu lire en lui, il n'avait rien vu non plus. Visiblement Aznar avait anticipé ce genre d'inconvénients, veillant à protéger ses arrières parce qu'il n'avait pas partagé ses projets avec ses larbins. Et pourtant, il n'avait pas non plus lancé toutes ses forces pour nous renverser, plutôt pour nous rappeler son existence. Autrement dit, il nous avait envoyé de la chair à canon, et que sa propre garde qui devait contenir des dons redoutables pour ne pas craindre de nous attaquer, était toujours hors de portée. Cela dit, lui aussi avait été pris au dépourvu. Il avait dû planifier longuement cette attaque avant de la mettre à exécution. Il devait sûrement espérer nous causer quelques pertes, mais il n'avait pas envisagé qu'une petite humaine se mettrait en travers de son plan rondement mené. Charlie avait certainement sauvé des vies mais elle s'était mise elle-même en danger. Parce qu'à la minute où Aznar réalisera que son âme est liée à la mienne, sa tête sera mise à prix.

La menace qui pesait sur elle ne m'avait pas quitté durant mon inspection, et pendant que la garde rentrait peu à peu, j'avais attiré Chelsea à l'écart de la ville pour réclamer mon dû. Si Aro pouvait lire nos esprits, nos expériences et notre longue existence nous avait appris à lui cacher certaines choses au fil des siècles.

- Je dois rentrer Demetri, m'interpella-t-elle avant de l'arrêter d'un grognement.

- Tu sais pourquoi on est là, lui signifiais-je sans me préoccuper de ses projets.

- Afton m'attend et...

- Parlons-en d'Afton, la coupais-je alors que je voyais un éclair passer dans ses yeux, signe qu'elle avait compris ce que j'attendais d'elle. Il y a un peu plus d'un siècle, j'ai accepté de te rendre un service à condition que tu me rendes la pareille quand ce serait nécessaire. Maintenant tu vas devoir payer ta dette.

Bien que la plupart des gardes actuels aient été transformés par les maîtres, il en restait quatre qui n'avait pas d'attache direct avec l'un d'eux. Aucun lien, hormis les compagnons, n'étaient plus solides que ceux qui reliaient un créateur à sa créature. Ceux de Corin, Heïdi et Chelsea avaient disparu il y a longtemps au fil des siècles, contrairement à Amun, mais l'autorité naturelle qui en découlait persistait. Le créateur avait une sorte de pouvoir transcendant sur ses créations, ainsi quand il donnait un ordre, il devenait difficile de ne pas s'y plier. Si l'ancien leader égyptien ne s'en était jamais servi contre moi, ce n'était pas le cas d'Aro ou Caïus qui en usaient à outrance avec les autres gardes qui y étaient sensible. Or, le fait qu'on ait été transformé par autrui ne plaisait pas au roi télépathe parce qu'il n'avait pas le contrôle absolu sur ce nous faisions. Nous obéissions par loyauté, mais certainement pas sous la contrainte d'un ordre irréfutable. Il n'aimait pas savoir que nous échappions à son emprise parce qu'il redoutait de voir trois de ses meilleurs dons et la rabatteuse partir pour de plus verts pâturages.

Alors quand Chelsea a croisé la route d'Afton au cours d'une mission sur le nouveau continent, et qu'elle l'a ramené à Volterra alors qu'il était encore humain, ne voulant pas le brusquer, Aro y a vu l'opportunité de résoudre une partie du problème. Son pouvoir étant essentiel pour la cohésion du clan et lors de déplacements qui nécessitent une intervention de sa part, l'athénienne a toujours eu tout ce qu'elle voulait, étant l'une des gardes les plus privilégiées. Avec son venin, Aro espérait avoir un contrôle permanent sur le jeune homme, et par extension, sur Chelsea, conscient qu'elle céderait enfin à ses chantages en prenant son âme-sœur en otage quand elle refuserait de lui obéir. Ce que l'immortelle avait senti, elle avait compris que son compagnon ne serait jamais tranquille si elle laissait le souverain aller au bout de son plan. Alors elle était venue me voir moi, parce que nous étions tous les deux imperméables à son pouvoir de créateur. Mais également parce que nous étions les deux seuls suffisamment expérimentés pour pouvoir le cacher à son pouvoir télépathique invasif. L'athénienne espérait pouvoir prendre en charge la transmutation, mais dans l'éventualité où un incident se produirait et qu'elle n'aurait pas la possibilité d'agir à temps, elle m'avait demandé de le faire avant qu'Aro ne décide de la devancer. Et parce que je comprenais sa position et que je redoutais de me retrouver dans la même, comme c'était actuellement le cas, j'avais accepté. A la seule condition qu'elle me donne sa parole qu'elle en ferait de même si jamais ma compagne n'était pas déjà vampire.