Anti hero.

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- Vous vous foutez vraiment de moi en fait, c'est pas possible autrement ? 
- Monsieur Hwang, nous sommes vraiment désolés, nous ne savons pas quoi vous dire de plus... nous vous avons déjà expliqué que... 
- Je me fous complètement de vos justifications et de vos excuses de banlieusarde attardée. J'ai loué un logement complet pour deux mois. Pas pour six semaines, pas pour deux jours, pour deux mois, huit semaines, HUIT. Que vous l'ayez déjà loué, que vous ayez fait une erreur ou que vous l'ayez mis là ou je pense j'en ai rien à faire. Vous n'imaginez même pas à quel point. Quand je bosse, je fais pas mon travail à moitié en disant « oh désolé, plus de tissu pour le pantalon, sortez donc en caleçon » ! Non. Quand je bosse je fais mon boulot à fond et celui pour lequel je suis payé. Alors maintenant, je vais attendre bien sagement au comptoir de ce... de ce.... Peut importe comment vous appelez ça et je vais tranquillement attendre que VOUS trouviez une solution à VOTRE problème, c'est compris ? 

La jeune femme en face de lui se retenait de pleurer, son menton tremblait en des mouvements lascifs évidents et le dit Mr Hwang pouffa en une moue dédaigneuse tout en retournant s'asseoir, non sans grâce, sur la seule chaise disponible dans la pièce, qui se voulait le hall, de cette auberge de montagne.

Le coin n'était pas touristique ni même connu du grand public et c'est précisément pour cela qu'Hyunjin l'avait choisi.

Escarpé du parc naturel de Seoraksan, perdu au milieu des montagnes escarpées et enclavées dans une vallée qui semblait en permanence enneigée. Hwang Hyunjin était bien loin de sa capitale adorée.

Le créateur était venu se payer « une retraite spirituelle » comme il aimait l'appeler et le dire à son équipe. C'était une manière polie de dire que le grand Hyunjin, l'indétrônable Hwang Hyun-jin n'avait plus d'inspiration et que ses créations commençaient à toutes se ressembler où à ne plus faire sens. C'est en tous cas ce que le dernier magasine de haute couture du pays disait, ainsi que la dizaine de papiers de la presse spécialisée suivants...

Hyunjin était un homme de prestance. Son allure longiligne et la posture toujours hautaine de ses mains en disait long sur ses comportements princiers et capricieux. Il était aussi connu pour son talent que pour ses manières insupportables et son caractère particulier qui conduisaient presque tous ses assistants à abandonner leur poste en quelques mois à peine. Elevé comme l'enfant miracle d'un couple très aisé et bien avancé dans l'âge ne pensant pas pouvoir procréer, Hyunjin avait été leur joyau. Le faisant grandir dans un milieu privilégié ou la contrainte n'existait pas et ou le confort de l'autre était superflue, ayant déjà tout ce dont il pouvait avoir besoin avant même d'en ressentir la nécessité.

Ses parents ne pensaient pas mal faire, après tout, Hyunjin avait été désiré. Et bien qu'il fut majoritairement élevé par des domestiques, ses parents se disaient qu'ils ne manquaient de rien. Riches marchants d'art, ancien conservateurs de musée, ses parents étaient d'une classe sociale particulière qui jouissaient du confort de l'argent et de l'enrichissement sociale et intellectuel d'un milieu artistique bourgeois et élitiste.

L'affection ? Ses domestiques y contribuaient par des mots toujours élogieux et des cadeaux qu'elles allaient elles-mêmes acheter. L'attention ? Les magazines lui en donnait déjà suffisamment. Mannequin enfant dès l'âge de 9 ans, Hyunjin n'avait jamais eu besoin de s'inquiéter de son futur ni même d'y penser. Depuis sa naissance, Hyunjin avait toujours été érigé au rang de créature miraculeuse et magnifique. Quel mal y avait-il a élever son enfant comme le joyau qu'il était ?

Pour ses quelques comparses les plus à même de s'hasarder à quelques compliments, ils ne pouvaient que tarir d'éloge sur sa beauté. Hyunjin était pareil à un diamant. Ses lèvres étaient pleines et rebondies, sa peau semblaient toujours lisse et sans imperfections, ses jambes, elles, étaient interminables, ses cheveux ? Longs et soyeux comme de la soie, d'un noir profond et son corps androgyne et finement sculpté faisait de lui un homme admiré et désiré. Terriblement désiré et à tel point que tout le gratin Séoulite se demandait toujours qui aurait un jour la chance d'apprivoiser cet homme insondable.

Winter fallsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant