Blank space.

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Hyunjin se réveilla de bonne heure. Il devait être à peine 7h30 et il s'étonna d'avoir autant dormi et surtout d'une traite. Cela faisait des années qu'il ne s'était pas senti si reposé et son corps encore bercé par la chaleur et le confort de ses songes ne pouvait pas l'en remercier davantage. Il s'étira avec bonheur et se surprit à sourire en observant les étendues blanches qui recouvraient le paysage, ça aussi c'était nouveau.

Il semblait avoir neigé cette nuit et le petit chemin qu'il avait emprunté hier semblait déjà avoir presque totalement disparu.

Hyunjin grimaça en attrapant son téléphone tout en constatant qu'Eunji avait raison, il ne captait aucun service, il était littéralement hors réseau. Il jeta avec frustration son téléphone sur le lit. Il ne s'était pas séparé de ce dernier depuis des années, l'utilisant une bonne dizaines d'heures par jour et cette séparation lui semblait plus compliqué qu'il ne l'avait prévu.

Il mouva son corps encore ensuqué par la nuit profonde qu'il venait de vivre et s'approcha avec lenteur de son sac à main. Il émit un sourire sans forme, presque cynique, en attrapant rapidement cinq pilules blanches d'une boite ronde qu'il avala d'un geste usuel, sans eau. Sa gorge grimaça au contact, mais cette dernière semblait y être habituée. Elle fit glisser les comprimés avec inconfort jusque son estomac et Hyunjin se demanda avec sarcasme à combien d'autres choses il pouvait bien être accro. Probablement encore bien d'autres se disait-il en lui même, il le découvrirait bien assez tôt.

Le créateur descendit les marches de bois avec lenteur, dans un étrange flottement d'insouciance qu'il ne reconnu pas, est-ce un sentiment de sécurité ?

Une fois en bas des marches, Hyunjin rejoignit la cuisine. Il fut surpris d'y voir un Chan de dos déjà attelé à préparer le petit déjeuner. Il entreprit de toussoter pour signaler sa présence, mais Chan le devança ;

- Je t'avais entendu, inutile de te signaler davantage.

Hyunjin ne comprit pas le ton froid et vengeur du propriétaire, mais finalement, ils revenaient à leurs échanges de base, ce n'était peut-être pas si étonnant que cela, ni plus mal.

Il s'assit sur une chaise haute qui entourait une table taillée à la main faite de chêne. Elle était irrégulière, brute, magnifique. Hyunjin choisi d'ignorer la remarque et la présence de son ainé et passa sa main délicate et parfaitement manucurée sur le bois polit et brillant de vernis du bois. Il se surprit à observer la matière comme il pouvait autrefois observer les tissus. La douceur et l'irrégularité du bois lui rappelait le contact doux et subtil des étendues de tissus qui s'offraient souvent à lui et le temps d'un très court instant, il fut ému.

- Ravis que ça te plaise, car vivre ici ne seras pas gratuit.
- L'argent n'est pas un problème, tu me dira juste combien.

Chan émit un petit sourire narquois à sa remarque et se retourna totalement pour faire face à son cadet.

- Je me doutais que tu dirais ça. Je ne veux pas de ton argent. Tu vas travailler. Tu vas m'aider dans les tâches quotidiennes et tu vas participer à la vie dans ce foyer, c'est comme ça que ça fonctionne ici.
- Comment ça ? 
- Avant que je t'explique tu devrais aller te démaquiller, t'as du noir partout sous les yeux.

Hyunjin porta la main à ses yeux et remarqua des traces noirâtres sur la pulpe de ses doigts. Il se leva en silence et remonta les escaliers pour atteindre la salle de bain, mais avant d'y pénétrer il entendit Chan parler bien plus fort pour être sur d'être entendu ;

- Et arrêtes de te maquiller, t'es pas une fille et t'as personne à impressionner ici.
- Connard d'arriéré.

Hyunjin lui répondit également suffisamment fort pour que son ainé l'entende et ce dernier frémi de colère. On ne l'avait pas insulté depuis des années, pas depuis qu'il avait quitté la vie qu'il avait connu et il ne supportait pas de se faire manquer de respect sous son propre toit. Sans prendre en considération ses propres propos, il quitta la cuisine sans plus attendre et attendit fermement Hyunjin aux bas des escaliers dont ce dernier avait déjà atteint le sommet. Quand il se retourna à l'entente des pas lourds de son ainé, Hyunjin était debout en haut des marches, les bras ballants le long de son corps, le maquillage encore coulant sous ses yeux effilés.

Winter fallsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant