Winter falls.

End game.

Chan traversait les rues un peu perdu. Son pick-up large et abîmé faisait tâche entre les rues trop étroites et les voitures de luxes Séoulites et pourtant il ne regrettait en aucun cas son coup de sang. Celui qui lui avait dit de se bouger, d'arrêter de se reposer sur ses lauriers et de prouver que lui aussi pouvait accomplir de grande chose pour l'homme qu'il aimait. Qu'il était facile de se complaire dans ce qui ne fonctionnait pas alors que l'on peut parfois juste faire en sorte que ça fonctionne.

Il était hors de question pour lui de reproduire les mêmes erreurs que dans le passé alors après des jours à ruminer sa frustration et sa colère, Chan était monté dans sa voiture aux aurores. Il avait parcouru les quelques 300 km d'une traite et été arrivé en fin de matinée tout juste devant ce fameux atelier dont Julian lui avait indiqué l'adresse quelques temps auparavant « si jamais un jour tu veux voir à quoi ressemble la vie d'Hyunjin ». Le message était pourtant clair.

Quelques jours déjà qu'il l'avait reçu.. probablement quelques jours de trop. Trop longtemps pour comprendre qu'il devait s'investir, s'adapter, qu'il devait s'y adonner corps et âme et qu'il ne devait jamais considérer les choses comme acquises. Hyunjin n'était pas Seungmin et bien qu'il aurait eu aimé faire les choses autrement son amant avait raison, Chan devait accepter les choses telles qu'elles s'étaient déroulées tout en ne reproduisant pas ce qui l'avait tant blessé. Finalement le créateur avait réussi là ou personne ne s'était aventuré avant et il lui en fut reconnaissant pour cela encore plus que pour le reste. Son premier amour n'était plus ce fardeau importable, il était son roc. Il était sa puissance, ses impulsions, son envie de se battre, de tout donner et il savait que dans aucune autre circonstance ce dernier aurait pu être davantage fière de lui. Chan vivait enfin, il vivait pour lui.

Il gara le véhicule trop large pour la route encombrée contre un trottoir, certain de prendre une contravention dans la foulée, mais le temps pressait. Il observa le magnifique building historique se tenir devant lui et Chan fut époustouflé par la beauté de l'édifice. C'est la première fois qu'il trouvait la ville jolie, peut être parce qu'il savait qui cet immeuble cachait et quelle odeur ses pierres portait. Il avança sous la température déjà plus clémente de la ville bien que toujours fraiche pour cet entrée dans le printemps, le torse fort et élevé. Il devait se montrer à la hauteur de ce que Hyunjin méritait. Il devait être ce que lui était déjà pour lui.

Il s'était apprêté différemment de d'habitude et ce constat le fit sourire pour lui-même quand il lissa sa chemise noir matte dans l'ascenseur qui gagnait rapidement les étages. Il portait le trench gris que lui avait envoyé Hyunjin sur son avant bras et il repassa une dernière fois ses doigts dans ses boucles tombantes laissant entrevoir une montre couleur argent massive que Seungmin lui avait autrefois offerte et qu'il n'avait plus jamais osé porter avant aujourd'hui.

Personne n'était jamais venu voir Hyunjin à son atelier, pas même ses parents. Il détestait cela, Chan le savait bien ce qui l'avait longtemps fait hésité, mais les mots de Julian avaient fini par le conforter dans son idée. Alors, un peu plus confiant, après presque deux mois de séparation, Chan sorti de l'ascenseur sous un bruit caractéristique qui signala sa présence.

Il tomba nez à nez avec quelques personnes penchées sur une immense table de bois, les quelques employés semblaient en désaccord sur une mesure et il se chamaillaient un patron blanc qu'ils se faisaient passer d'une main à l'autre, prouvant leur dire. Chan toussota pour indiquer sa présence, un peu perdu. L'espace qui se jouait devant lui été incroyable, lumineux et gigantesque. Face à ses yeux s'étendait une surface colossale de pierre claires couvert d'un parquet onéreux sombre et intimidant. A cet instant, Chan se sentit heureux et soulagé d'avoir choisi de lui même agrandir l'établie, même s'il le trouvait maintenant ridicule face à cette opulence.