Chapitre 9 : Vendredi 04 Octobre 2024 (partie 1)

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Alana

Ma veste accrochée à sa place, je m'assois derrière mon bureau. Je réponds au message de ma meilleure amie qui me dit qu'elle va bien et que je ne dois pas m'inquiéter pour elle. C'est tout le contraire en fait. Je sais qu'elle ne va pas bien, mais elle ne sombrera pas dans la désinvolture. Vers 16 h, je termine enfin de taper mon rapport. J'hésite entre l'imprimer ou l'envoyer par e-mail. Sans savoir pourquoi, je choisis la première option. Deux secondes plus tard, je suis devant la porte de Cameron en train de frapper, j'attends son autorisation avant d'entrer. Je dépose le cartable sur son bureau. Ses yeux qui, il y a quelques secondes, ont été baissés sur son ordinateur, me scrutent à présent.

- Que faites-vous ? J'ai précisé qu'il fallait me l'envoyer par mail.

- Vous allez l'imprimer de toutes façons non ?

- Vous pouvez disposer Mlle Anderson.

Bizarrement, l'entendre m'appeler "ma guimauve" me manque. Cam est vraiment en train de me mettre à la porte de son bureau ?

- Cam...

- Non, Alana. Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis, cette méthode s'applique peut-être avec ton fiancé, mais pas avec moi. Si je ne suis pas le dominant, je ne marche pas.

- Je...

- Si c'est ce qui t'inquiète, tu n'as plus à t'en faire, ton fiancé ne sera jamais au courant pour le baiser. Tu veux que nous gardions nos distances ? Parfait, nous pouvons travailler sans avoir à nous voir. Je crois que nous nous sommes tout dit. Ajoute-il sous un ton agaçant.

Comment un mec que je connais à peine peut me faire me sentir aussi mal ? Je voulais juste être polie, je voulais m'excuser pour hier soir, au final, je me sens encore plus humiliée. En vrai, que sais-je de lui ?

Cameron

J'étais loin de m'imaginer que diriger le musée me prendrait autant d'énergie et pourtant, je n'ai jamais entendu ma sœur se plaindre de son travail. Bien que parfois la fatigue se lit dans ses yeux, mais c'est sa passion et je sais qu'Eva n'est pas de celles qui abandonnent quand ça devient trop dur. Peut-on en dire autant me concernant ? Jenny m'a appelé le lendemain pour m'inviter à déjeuner. Elle s'est excusée et on a fait connaissance. C'est une personne ouverte et surtout très bavarde. Depuis, on est resté en contact. Ces derniers jours, j'ai dû gérer mes deux boulots à la fois. Je n'ai pas été forcé, mais m'occuper de la peinture, ne dormir que quelques heures par nuit, rencontrer les artistes, toutes ces activités m'aident à éloigner mes pensées perverses envers Alana. D'ailleurs, je fais exprès de la croiser tous les jours au travail et de l'ignorer somptueusement alors que je prends toujours le temps de saluer les autres quand j'arrive le matin. C'est bien ce qu'elle voulait non ? Que nous soyons des étrangers tous les deux ? Il n'y a pas mieux que moi à ce jeu. Pourquoi ne pourrais-je pas me comporter en connard, avec un cœur de pierre comme on dit après qu'elle m'ait embrassé et rejeté ?

Cette semaine, Aaron est passé déjeuner avec elle deux fois à la cafétéria. Pendant les deux fois, il est passé à mon bureau pour me saluer. Enfin, vous voyez bien l'ironie, non ? Si Aaron vient ici plutôt que d'emmener Alana dans un restaurant chic, c'est justement parce qu'il veut que l'on se croise, sachant que sa présence m'exaspère, il cherche à me mettre en colère pour prouver à notre sœur que je ne suis pas à la hauteur. Malheureusement pour lui, malgré ses insultes dont je précise, très blessantes, malgré toute la haine qu'il a déversée sur moi, jusque-là, je n'ai pas craqué.

Ne nous brûlons pas les ailes... ( Terminée )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant