Quand elle pleurait, les yeux de Leïa prenaient une couleur de source.
Le jour où elle avait commis l'innommable, ses yeux étaient presque transparents.
Elle se tenait au milieu de la salle de bal, le couteau à la main, sa robe blanche couverte de sang. Autour d'elle, les colonnes commençaient à se fissurer.
De la poussière tombait du plafond, des arches, de partout. Sous leurs pieds, les fondations du palais tremblaient.
Elles avaient tremblé, elles aussi : pendant un mois, jour pour jour, avant celui-là.
Isil ne savait pas pourquoi, à ce moment-là. Elle ne le savait pas encore.
À Salem, l'automne venait plus tôt que partout ailleurs.
Leïa avait le couteau dans la main. Elle avait regardé Isil et lui avait dit : Pars.
Cours.
Isil était jeune. Elle ne savait pas pourquoi le château tremblait, pas pourquoi Leïa avait choisi le couteau qu'elle avait choisi, un de ceux que les fenris utilisaient pour achever le gros gibier.
Elle s'était retournée. Et elle avait couru.
C'était la dernière fois qu'elle avait vu sa sœur pleurer.

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Le conte des reines du rocher
Fantasia𝔏𝔞 𝔯𝔢𝔦𝔫𝔢 𝔮𝔲𝔢 𝔱𝔬𝔲𝔰 𝔳𝔬𝑦𝔞𝔦𝔢𝔫𝔱, 𝔩𝔞 𝔣𝔦𝔩𝔩𝔢 𝔮𝔲𝔢 𝔭𝔢𝔯𝔰𝔬𝔫𝔫𝔢 𝔫𝔢 𝔭𝔬𝔲𝔳𝔞𝔦𝔱 𝔳𝔬𝔦𝔯. 𝕬u jour du jubilé, cela fera cinq ans que la dernière Basileia de Salem a disparue, assassinée dans ses quartiers un soir d'orag...