⛸️ Chapitre 4 : Préoccupé ⛸️

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Le matin se faufile dans la cabine comme un intrus, et mes paupières papillonnent à la lumière.

Je me réveille, engourdi par le sommeil, mais rapidement alerté par le vide inhabituel à mes côtés, une absence palpable qui ne me plaît pas.

Sa place est froide, Marco a déjà commencé sa journée sans moi.

Je reste étendu un moment, capturé dans une sorte d'entre-deux entre sommeil et conscience.

Je me laisse aller, m'abandonnant à ce lit déserté. Ça fait longtemps que je me suis réveillé seul.

Même quand il ouvre les yeux avant moi, il reste jusqu'à ce que j'ouvre les miens, d'habitude.

L'oreiller conserve encore l'empreinte de sa tête. Je n'aime pas cette solitude. Ça n'est pas comme ça que ça devrait se passer.

Je me tourne sur le côté et jette un œil las au réveil-matin. Il n'est que six heures et demie, l'heure à laquelle certains membres de la quatrième division se réveillent pour préparer le petit déjeuner, quand c'est leur tour.

Ça arrive que Marco se réveille tôt. Assez souvent, c'est quand il a du travail en retard. Mais, même quand c'est comme ça, il prend ses papiers et remplis ses rapports dans le lit.

Il sait que j'aime me réveiller avec un câlin.

Le murmure de la porte qui s'ouvre se glisse dans ma demie-consience et me tire de mes pensées flottantes. Marco glisse dans la pièce, ses pas feutrés réduisant presque à néant le bruit du parquet de bois.

Il glisse dans la pièce, sans se rendre compte que je suis éveillé.

Il rejoint le lit avec une grâce que je ne lui avais jamais remarquée auparavant, s'étendant comme une ombre délicate. Ses gestes sont empreints d'une retenue particulière, comme s'il craignait de troubler quelque chose de fragile. Avec précaution, il reprend place à mes côtés.

Non, il n'a décidément pas vu que j'étais réveillé.

La pièce est enveloppée dans un silence étrange, qui semble bien faux, brisé seulement par le léger froissement des draps.

Je suis dos à lui, mais je décide de jeter un oeil derrière moi, en évitant de trop bouger.

Ça y est, Marco est étendu à mes côtés, ses yeux clos, plongé dans un monde que je ne partage pas. Alors, dans un moment où l'éveil se mêle à l'assoupissement, je décide de rester là, observant la courbe paisible de ses traits.

Il fait semblant de dormir.

Le temps s'étire dans une étrange intimité. C'est comme si nous partagions l'espace, mais habitions des réalités parallèles.

Je n'aime pas du tout ce qu'il se passe. Je repose mes yeux sur la table de chevet, juste à côté de moi.

Sans le regarder, je me concentre sur mes autres sens, tentant de déchiffrer l'invisible qui le retient, l'éloigne, ou peut-être le retient d'une manière différente.

Je n'y comprends rien.

Un frisson parcourt mon échine, mais il demeure distant dans son propre univers, ses yeux fermés comme des portes verrouillées.

Quelques instants passent, et je décide de jouer le jeu.

Un mouvement calculé m'amène à me tourner vers lui, et sa réaction, ou plutôt son manque de réaction, m'éclaire d'une lumière douce mais amère.

S'il décide de faire semblant de dormir, je décide de faire semblant de me réveiller.

Je veux comprendre pourquoi il agit comme ça.

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