☁️ 15 : Désillusionné ☁️

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J'ouvre les paupières.

Une lumière traverse les rideaux en fins rayons.

Il est six heures. Le soleil va se lever.

Mes yeux me font mal.

J'ai essayé, mais je n'ai pas dormi.

La chambre est plongée dans l'obscurité, et même si les petites bribes de la lune hivernal tentent de me tirer de mon lit, je reste ici, dans le noir, dans le silence.

Je m'enfonce dans cette noirceur comme si chaque ombre pouvait absorber le tourbillon d'émotions qui me submerge. La nuit a été longue, une étreinte cruelle de l'insomnie, de pensées tourbillonnantes qui ont pavé le chemin d'une décision douloureuse.

Je laisse en suspens l'idée même de faire un cadeau de Noël à Marco, et je m'abandonne dans l'ombre de l'incertitude.

Je me laisse couler sur le matelas, observant les vestiges de notre histoire qui jonchent la pièce.

Les rires complices et les promesses murmurées semblent s'être dissipés, laissant derrière eux une amertume insidieuse.

Une chemise appartenant à Marco, délaissée, m'attire, et je la serre dans mes bras comme si elle pouvait me ramener à une époque où notre amour était simple, avant que les fissures n'apparaissent.

Son parfum est lointain, mais je m'y accroche désespérément.

Ce n'est qu'un cauchemar. C'est dans ma tête.

Toute la nuit, je n'ai fait que nier la réalité, pour m'empêcher de me laisser dépérir.

Malgré ça, la certitude s'installe amèrement, implacable : notre relation est sur le fil du rasoir.

Une réalisation aigre qui pèse sur mes épaules comme une enclume.

Marco est devenu un de mes piliers, et l'idée de le perdre me laisse avec un gouffre béant dans la poitrine. La quête du cadeau que je voulais lui trouver demeure inachevée, tout comme notre histoire semble l'être.

Il est dévastant de se confronter à cette perspective, de voir l'effondrement imminent d'un amour que je pensais indestructible.

Tous les efforts que j'ai fournis pour nous sauver deviennent une métaphore cruelle de mes espoirs brisés.

Et, dans ce crépuscule émotionnel, je renonce. Je suis résigné à laisser mes tentatives de reconnexion inachevées, tout comme nous.

La cabine, témoin de notre amour autrefois solide, résonne désormais de l'écho de mon chagrin.

Les larmes menacent de déborder, mais je les retiens, les reléguant au recoin secret de mon être, tout comme mes peurs les plus profondes.

Je ne peux plus pleurer. J'ai trop mal. Physiquement, j'ai bien trop mal pour verser d'autres larmes.

Elles se sont épuisées, laissant place à un chagrin sourd qui m'enserre le cœur. Assis dans l'obscurité de la chambre, je m'abandonne à une introspection douloureuse. Les fragments des souvenirs que je chéris tant se bousculent dans ma tête, comme des spectres.

Je me laisse glisser sur le sol et mes genoux rencontrent le parquet froid en bois.

Les affaires de Marco, dispersées autour de moi dans la chambre, sont autant de rappels cruels d'une relation qui se fissure.

Un mug, une plume, un journal de bord...

Des vêtements, des lunettes de vue, des livres...

Je m'accroche à la chemise, que je serre contre moi depuis tout à l'heure, presque désespérément, cherchant dans son tissu le réconfort d'un amour qui semble s'évanouir. Son parfum, à la fois familier et distant, me rappelle des instants où tout était plus simple, où nous étions plus forts ensemble.

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