Aymee Parker T4 - Le Gardien Secret

Chapitre 18 : Macy apporte une lettre. Encore.

Aymee s'assit subitement dans son lit, les yeux grands ouverts et le cœur battant la chamade. Il lui fallut plusieurs secondes avant que son cerveau n'enregistre qu'elle était de retour dans le dortoir des Serdaigles. Elle se frotta le visage avant de glisser jusqu'au bord de son lit pour s'assoir. Elle attrapa sa bouteille d'eau en jetant un coup d'œil par la fenêtre. Le soleil commençait tranquillement à se lever dans des nuances rosées entre les montagnes. Il était tôt.

Encore ce rêve sur le départ d'Andrea. Elle passait son temps à le revivre en boucle depuis que Flitwick lui avait parlé en privé il y a de ça trois jours. Fin, il était de plus en plus horrible aussi. Cette nuit-ci, Andrea n'avait pas disparu dans les ombres pour ne jamais en revenir, mais s'était faite attaquer par un géant à l'œil bleu au feu de camp. Aymee ne savait pas pourquoi elle continuait de voir cet œil bleu entêtant partout, mais il lui filait des sueurs froides, surtout dans ce rêve où il n'était pas censé être là. Ce moment avait été la dernière fois qu'Aymee avait vue Andrea et la première fois où elle avait vraiment parlé à Kosta. Il n'y avait jamais eu de géant dans l'histoire.

- Stupide, marmonna Aymee avant de boire une nouvelle gorgée.

Aymee jeta un coup d'œil autour d'elle pour se changer les idées. Les filles dormaient encore et le ciel commençaient à peine à s'éclaircir. Si elle se rendait à la Grande Salle, il n'y aurait personne pour venir l'agacer. Ainsi, Aymee enfila un pantalon et un pull au hasard avant de quitter la tour des Bleus. Comme elle était fatiguée, elle glissa sur les rampes des marches pour ne pas avoir à marcher. Elle arriva bien assez tôt devant les portes de la Grande Salle.

Aymee poussa doucement l'une des immenses portes, qui s'ouvrit ensuite d'elle-même. Quelques bougies flottantes s'allumèrent par sa présence, mais le faux ciel étoilé du plafond aurait été suffisant pour la contenter. Les grandes dalles de pierre claire étaient froides sous ses pieds nus. Le silence flottait calmement autour d'elle. Aymee glissa sa main sur la table en profitant de la sérénité du lieu désert. Elle ferma les yeux en respirant lentement. La sang-mêlée pouvait discerner des bouquets d'épices du festin de la veille dans l'air. Sa peau se faisait comme chatouiller délicatement par la magie omniprésente de l'école. Elle était douce et bienveillante.

Après un moment d'apaisement, des pas hésitants attirèrent malgré eux l'attention d'Aymee, qui pivota légèrement la tête. Macy était sur le seuil de la Grande Salle avec un large plateau d'argent dans les mains. Ses grands yeux bleus la suppliaient de la laisser lui porter le plateau qui contenait certainement une lettre qu'Aymee n'avait pas envie de lire. Hélas, elle savait que Macy ne comptait pas s'en aller, tout comme elle ne comptait pas arrêter ses foutus rapports à Kingsley. Aymee soupira un peu avant de faire signe à Macy de la tête. Cette dernière bondit aussitôt pour lui porter le plateau. Elle le déposa délicatement tandis qu'Aymee le passait en revue.

La majorité du plateau était occupée par des bols de fruits, yogourts et crêpes dégoulinantes de sirop et de lard. Les couleurs et odeurs de ce petit déjeuner auraient pu allécher qui que ce soit, mais pas Aymee. Une lettre était innocemment déposée entre un gobelet de chocolat chaud et une paire de chaussettes en laine.

Les ronces se resserrèrent autour du cœur d'Aymee tandis qu'elle frôla d'un doigt tremblant les chaussettes que Kosta lui avait offertes à Noël. Son dernier cadeau. Elle fit un effort supplémentaire pour respirer avant de les enfiler. Il n'aurait pas voulu qu'elle ait froid.

Macy l'observa silencieusement mettre une chaussette, puis l'autre. Ses jambes et ses doigts freluquets étaient agités de tics nerveux et ses yeux n'arrêtaient pas de revenir sur la lettre. Pour autant, elle n'osa toujours rien dire. La petite elfe ne parlait plus du tout. Pas depuis qu'Aymee lui avait dit qu'elle l'énervait il y a un jour, en tout cas. Aymee râla quand elle eut fini de mettre les chaussettes, qui avaient été une bonne excuse pour ne pas toucher au papier sur le plateau. Macy ne l'avait toujours pas quittée des yeux.