Chapitre 47 : Menteuses

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La petite Aymee observait le cadavre de son père. Il était étendu dans son cercueil avec ses mains sur sa poitrine. Elle avait déjà entendu des gens dire que les morts avaient l'air de dormir.

Quel mensonge.

D'accord, il avait les yeux fermés, mais sa peau était rigide. Il était étendu, mais sa poitrine ne se soulevait plus quand il respirait. Il ne grimaçait pas de douleur, mais il ne souriait pas non plus. Elle avait entendu les adultes parler de sorts pour conserver les corps, mais elle pouvait sentir la mort émaner de lui quand même. Son père n'était plus dans ce corps-là.

C'était vide.

- Aymee? Viens par ici.

La petite fille se retourna légèrement. Un grand vieil homme avec des lunettes et une longue barbe lui faisait signe de venir le rejoindre, lui et son ami. La fillette serra le sac de son père plus fort entre ses doigts et observa une dernière fois son père avant d'aller les rejoindre. Le vieillard sourit.

- Comment vas-tu? Tu sais, tu nous as beaucoup inquiété quand tu as disparu et—

Il continua de parler, mais la petite Aymee n'écoutait pas vraiment ce qu'il disait. Il y avait un maigre espace entre les vieux hommes et elle avait toujours vu sur le cercueil. C'était tout ce qu'elle voyait. Comment un espace occupé pouvait-il être si vide?

- Il serait préférable de ne jamais le dire à personne. Moins on en sait, mieux c'est. Arthur a dû te le dire?

Le petit vieil homme posa sa main sur son épaule pour attirer son attention. Sa poigne était si faible et fragile qu'elle faillit ne pas la remarquer. Ses yeux bleus étaient bien plus insistants que l'autre grand vieil homme qui parlait lentement.

- C'est bien toi qui l'as non? Est-elle en sécurité? Je peux la reprendre si c'est un trop gros fardeau pour toi.

- Voyons, Nicholas—

- Non, Albus, insista-t-il. C'était déjà trop en demander au jeune Arthur, alors à sa fille...

Nicholas se pencha pour observer Aymee. Ses yeux clairs tremblaient d'inquiétude pour elle. C'était évident qu'il était gentil. La petite hésita un peu avant de tapoter la main qui lui tenait toujours l'épaule.

- C'est correct. Papa m'a donné la clé pour que je la garde. Je le ferai.

- Ah bon? s'étonna le dénommé Albus.

- Oui. Papa m'a dit d'être courageuse.

- Mais l'es-tu vraiment? murmura une voix grinçante dans le creux de son oreille.

La petite Aymee sursauta en se retournant pour chercher d'où pouvait provenir la voix. Il n'y avait personne derrière elle, seulement le mur de la petite église. Pourtant, elle l'entendait toujours. C'était un rire. Un rire de femme fou et malade.

La petite continua de tourner sur elle-même à la recherche de la provenance de la voix, qui devenait de plus en plus forte, jusqu'à en faire trembler les murs et la charpente de l'église. Aymee enfonça ses ongles dans le sac de son père en le serrant plus fort contre elle. Tout tournait trop vite. Les vieillards n'étaient plus que des silhouettes d'ombres noires difformes. De la poussière tombait du plafond. Les lumières clignotaient. Le rire se brisa en cri de douleurs et de lamentes.

Aymee se retourna. Là, parmi les bancs de l'église, tout au fond. Il y avait une vieille femme avec un voile noir de deuil par-dessus le visage. Elle riait et hurlait sa peine en se griffant le visage comme si elle voulait s'arracher la peau. Ses vêtements n'étaient plus que des lambeaux à force qu'elle ne se les arrache. Ses cheveux gris sales et secs se hérissaient comme des branches épineuses dans son dos.

Aymee Parker T4 - Le Gardien SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant