Et après ?

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Pour celles et ceux qui voudraient retrouver les personnages du Vent dans les bruyères dans de nouvelles aventures, voici les premières lignes de L'Appel du couchant...

« L'hiver était glacial, et mon humeur morose.

La scintillante froidure qui enveloppait tout, nature et êtres, sous son impitoyable manteau blanc, durait depuis le mois de décembre. Nous avions passé la Noël sous une épaisse couche de neige qui durait toujours en ce début du mois de février, durcie par le gel, sculptée par le vent glacé, rendue aveuglante par un soleil chenu qui ne nous réchauffait point.
Nous continuions de craindre le spectre du terrible cauchemar de l'hiver 1709, où nous n'avions cessé de grelotter de janvier à mars tandis que les oiseaux tombaient morts sur des fleuves où l'on passait désormais à pied ou à cheval, et où l'on avait tant craint pour la santé de ma mère dont l'âme et le sang méridionaux toléraient mal les rudes et longs hivers anglais.

Et là, dans cette voiture qui cahotait dangereusement sur la route verglacée, emmitouflée sous d'épaisses couvertures qui ne parvenaient point à me réchauffer, je compris que je tenais de ma mère autre chose que ma chevelure de jais et mes yeux d'obsidienne : il me semblait que cet hiver qui n'en finissait point n'en finirait jamais et, à cette pensée, un désespoir inconnu ouvrait un abîme sombre dans mon ventre.
La lande où j'avais grandi était devenue un pays boréal, stérile, inhospitalier, mais je n'avais, en réalité, cure de ce froid dévorant. Ce qui éprouvait profondément mes nerfs était l'immobilité suspendue de ces semaines, de ces mois dont la rigueur interdisait le moindre mouvement et réduisait l'horizon à un minuscule morceau pris par le mauvais bout d'une lunette de longue vue, alors que je le rêvais, avec fièvre et désespoir, si grand et porteur de tant de promesses ! Cet hiver dérobait à ma jeunesse un temps précieux, un temps qui m'était compté et dont la perte vaine me donnait l'envie difficilement réprimée de hurler en silence. Mon insignifiante vie paraissait s'éteindre dans un ennui médiocre alors que je n'attendais qu'une chose, ce depuis plus loin que je puisse m'en souvenir : qu'elle commence enfin ! »

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L'Appel du Couchant est désormais disponible sur Wattpad : https://www.wattpad.com/story/357839874-l%27appel-du-couchant

Le Vent dans les bruyèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant