chapitre : 1

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PDV BELLE







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Un, deux, respire.

Un, deux, trois, respire.

Un, deux, trois, quatre, respire.

un, deux, trois, quatre, cinq, respire.

Je cherchais désespérément à suivre ce rituel de respiration, mais chaque inspiration semblait s'égarer dans les recoins troubles de mon esprit, où résidait une vérité que je refusais d'affronter.

C'était un mensonge subtil, une mascarade que je perpétuais, espérant me convaincre que tout était parfaitement sous contrôle. Mais au fond, cette illusion de sérénité dissimulait une réalité sombre que je redoutais d'admettre.

Depuis des années, ma réalité était engloutie dans un abîme obscur où la lumière ne parvenait pas à pénétrer. Aucun éclat, aucune lueur ne parvenait à traverser ce gouffre insondable.

Face au miroir suspendu à l'intérieur de mon placard, mon regard scrutait mon reflet avec une attention presque obsessionnelle.

Mes cheveux étaient rassemblés en une queue de cheval soigneusement attachée, mais des mèches rebelles refusaient de se soumettre à l'ordre établi. Ma frange reposait parfaitement sur mon front.

Mon jean noir s'étendait jusqu'à mes chevilles, tandis que les manches longues de mon pull dissimulaient adroitement mes bras.

Ou plutôt tes cicatrices.

C'était cela, sans aucun doute, la raison derrière ces vêtements étouffants : dissimuler non seulement mon corps, mais aussi les marques invisibles de mon passé.

Je refusais catégoriquement de les exposer, de risquer ces regards empreints de pitié que je redoutais plus que tout.

Dans un soupir résigné, j'ai fermé les yeux, acceptant le défi qui m'attendait, un enfer à mes yeux : la rentrée.

Pour beaucoup, c'était un moment attendu, le retour en cours après de longs mois. On retrouvait les amis, partageait nos récits de vacances, nos amours estivales ou les nouvelles acquisitions.

Mais pour moi, c'était tout autre chose.

Ce n'était pas un événement que j'appréciais. Je n'avais pas d'amis, aucun souvenir à partager. Je préférais laisser ces moments s'évanouir dans l'oubli.

Pourtant, je n'avais pas le choix. Je m'apprêtais à adopter la même routine que d'habitude : rester en retrait, être invisible.

Car c'était ce que j'étais devenue.

Fuyant rapidement ce miroir, redoutant qu'il ne révèle ma vulnérabilité, ma fragilité, je me suis penchée pour saisir mon sac, évitant soigneusement le carton négligemment posé à côté du lit.

Après une vérification rapide pour m'assurer de ne rien avoir oublié, je me dirigeais vers le salon.

La maison de ma mère s'étalait majestueusement sur un vaste plateau, une splendeur architecturale en deux étages, offrant un salon spacieux, une cuisine ouverte et une salle à manger imposante.

Beautiful Beast : Tome 1 [ en cours ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant