Chapitre 16 - Au-delà de l'espoir, l'abîme

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Kelyan

Nous parvenons enfin à notre lieu de rendez-vous. La vaste maison en ruines, qui nous sert de point de ralliement lors de grandes réunions comme celle-ci, se dresse majestueusement devant nous, témoignant des ravages du temps et des récits qui s'y sont déroulés.

Descendant de la grande voiture noire, je constate que tous mes hommes sont déjà présents, alignés en rangs, séparés en 12 colonnes d'environ 50 hommes chacune.

Je m'avance vers eux, accompagné de Lorenzo et Louis. Une fois devant cette assemblée, ils saluent d'une seule voix :

- Bonjour, Chef.»

J'apprécie le pouvoir et le respect qu'ils me témoignent, fruits d'années de loyauté. Les regards déterminés de mes hommes révèlent une confiance inébranlable.

- Bonjour. Aujourd'hui, nous sommes réunis, mais je dois vous parler avec gravité. La confiance qui nous unit a été ébranlée. Un traître, parmi nous, a choisi de trahir notre cause. Sachez que l'heure est grave, et la loyauté est notre seule arme contre la décadence. Si l'un d'entre vous envisage la trahison, sachez que cela déclenchera un carnage implacable sur votre descendance, votre famille et même vos amis les plus proches. Les ombres qui nous protègent peuvent se muer en lames acérées prêtes à trancher court à toute trahison. Pesez bien vos choix, car ceux qui se détournent de notre fraternité risquent de faire l'expérience d'une fureur qu'ils n'auraient jamais imaginée. Restez fidèles, ou affrontez les conséquences impitoyables de votre trahison.»

Je fais une pause, scrutant mes hommes avec intensité.

- Celui parmi vous qui a connaissance de la trahison, qui détient des informations cruciales, a intérêt à parler maintenant. Le silence sera interprété comme une complicité, et les conséquences seront bien plus graves que vous ne pouvez l'imaginer. Notre unité repose sur la transparence et la solidarité.» Ma voix gronde.

Tous répondent en chœur, "Oui, chef", m'incitant à poursuivre.

- Si l'un d'entre vous est au courant de la trahison, il est impératif de briser le silence. Les individus qui ont trahi notre confiance ont été contactés par des ennemis potentiels. Soyez vigilants, car la menace est réelle. Si des murmures ou des signes de conspiration parviennent à vos oreilles, avertissez sans délai.»

Alors que je m'apprête à les remercier pour leur loyauté, mon téléphone retentit. Un regard échangé avec Lorenzo lui indique qu'il doit prendre la relève.

M'éloignant, je porte le téléphone à mon oreille.

- Putain Kelyan ! C'est quoi ce bordel ? Des hommes à moi ont été attaqués !» Hurle mon bras droit.

Mes sourcils se froncent. Ces traîtres sont prêts à s'en prendre à toute notre mafia pour Arya ?!

- Kelyan, tu dois régler cette affaire et vite. Tu fais chier !»

Je soupire.

- Je sais.» Grogné-je, ma mâchoire et mes poings contractés.

- Faut qu'on se voit. Viens à Panarea dans deux jours pour qu'on règle cette merde. On a trouvé quelques autres indices.»

Il raccroche.

Arya

Ça fait déjà quelques heures que je suis dans ma chambre. Je ne compte pas en sortir et me suis barricadée. Malheureusement pour moi, et comme si le sort s'acharnait, je n'ai plus de papier toilette...

Il faut que j'aille en chercher dans la réserve qui se trouve au même étage que le mien, au bout du couloir.

Avant de sortir de ma chambre, je jette un coup d'œil au couloir et ne remarque personne. Je m'y engage, une boule au ventre.

Alors que je suis sur le point de rejoindre le stock, deux mains m'agrippent les cheveux, me tirant d'un coup sec en arrière.

Je tombe lourdement au sol, le corps tremblant.

- Espèce de grosse salope, tu n'as donc pas compris le message ?» Me gronde une voix féminine.

Je ferme fortement les yeux, recevant une énorme gifle.

- Je ne le veux pas ! Je le déteste ! Je vous en prie, l-» Tenté-je, exaspérée.

Un poing s'abat à nouveau dans mon ventre, me coupant la respiration.

- C'est la dernière fois que nous te mettons en garde. La prochaine fois, ce sera la mort.» Me menace l'une d'elles.

Elles sont quatre, enfin, je crois.

Juste quand je pensais que mon calvaire prenait fin, celle qui me tient les cheveux me tire en arrière, m'entraînant derrière elle.

Je crie de douleur, la suppliant de me lâcher et me demandant où elles m'emmènent.

Après plusieurs mètres à être traînée, nous nous retrouvons devant les escaliers. Ni une ni deux, elles me relèvent, me forçant à me tenir debout.

- Peut-être qu'après ça, tu comprendras que nous ne rigolons pas.»

Après cette phrase, elle pose sa main sur mon visage et me pousse en arrière, me faisant dévaler les escaliers.

Mon corps heurte le sol avec force, la douleur s'insinuant dans chaque fibre de mon être. J'entends les rires qui deviennent une symphonie cruelle, tandis que je m'efforce de rassembler les lambeaux de ma dignité ébranlée. Au milieu du chaos, la réalité éclate : je suis lasse de cette nouvelle vie, de cette descente implacable dans l'obscurité, me demandant si je trouverai un jour la force de remonter.

Alors que je m'enfonce lentement dans le sommeil, j'entends la grande porte d'entrée claquer, annonçant leur retour.

J'ai à peine le temps de lever les yeux pour apercevoir en haut de l'escalier que les quatre femmes s'enfuient en courant, me laissant seule, étendue au sol.

J'essaie péniblement de me relever, en vain. Mon corps entier hurle de douleur tandis que des larmes dévalent mes joues.

Je crois saigner du nez, un liquide épais atteint ma bouche, laissant un goût de fer.

- C'est quoi ce bordel ?!» Hurle une voix que je connais que trop bien.

Deux bras s'enroulent autour de ma taille, me relevant sans difficulté.

Le parfum familier de Kelyan chatouille mes narines, et prise d'une rage incontrôlable, je me dégage brusquement de son étreinte.

- Dégagez ! C'est de votre faute !» Hurlé-je en reculant de plusieurs pas.

Encore sonnée, je trébuche et manque de tomber. Avant que mon corps n'atteigne le sol une fois de plus, ses bras musclés me rattrapent dans ma chute.

Soudain, ma vision se brouille et mon cœur s'emballe ; je vais perdre connaissance.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?» Demande la voix autoritaire de mon agresseur.

Le sommeil gagne du terrain, et je finis par m'évanouir.

Prisonnière du destin obscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant