Chapitre 47 - Le Lien Brisé

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Arya

- Arya, réveille-toi.»

Mes yeux s'ouvrent lentement, un grognement s'échappe de mes lèvres en constatant qu'il fait encore nuit. La chambre est plongée dans l'obscurité, seules quelques lueurs de lune filtrent à travers les rideaux, dessinant des ombres mystérieuses sur les murs. Je cligne des yeux plusieurs fois, essayant de chasser le sommeil pesant sur mes paupières.

Pourquoi me réveille-t-il au beau milieu de la nuit ?

- Arya, il faut que tu te lèves.» Insiste Kelyan d'une voix douce, presque enchanteresse.

Je prends une grande respiration et me tourne vers lui, le questionnant du regard. Ses yeux sont déjà posés sur moi, son visage est doux, comme s'il compatissait. Mais pourquoi diable me regarde-t-il comme ça ?

- Qu'est-ce qu'il se passe ?» Murmuré-je enfin.

Ses yeux se baissent vers le bas du lit. Instinctivement, je suis son regard, le cœur battant plus vite.

- Tu as eu tes règles. Il faut te changer, dolcezza.» Dit-il sereinement au moment où mes yeux rencontrent l'énorme tache de sang qui macule les draps blancs.

Mes joues s'empourprent instantanément alors que je me lève d'un bond. La chaleur de l'embarras monte à mon visage, et je sens mes oreilles devenir brûlantes. Je tire rapidement la couverture pour cacher la tache, mais c'est déjà trop tard. Je jette un coup d'œil à Kelyan, espérant qu'il ne voit pas à quel point je suis gênée.

- Oh mon Dieu, Kelyan, je suis désolée.» Dis-je précipitamment, mes mains tremblant légèrement alors que je cherche à rassembler mes pensées. - Je... je... Avec le stress de ces derniers mois je ne les avais plus et... enfin je ne pensais pas que...» Bégayé-je.

Il secoue doucement la tête, un sourire apaisant éclairant son visage. Alors qu'il ouvre la bouche pour me répondre, je le coupe.

- Va dormir dans l'autre chambre, je me charge de ça.» Conclus-je en fonçant dans la salle de bain annexée, attrapant quelques habits propres au passage.

Rapidement, je m'enferme et me regarde un long moment dans le miroir, me maudissant intérieurement. Mon visage est rouge de honte, mes yeux brillants de gêne. Je finis par retirer mon bas et ma culotte pleine de sang, les laissant à terre dans un coin de la salle d'eau. Le silence de la pièce est seulement troublé par le froissement des vêtements tachés que je pose avec précaution, évitant de salir davantage.

Je retire ensuite mon haut et allume l'eau de la douche, me glissant rapidement sous celle-ci. L'eau chaude coule sur ma peau, emportant avec elle la tension accumulée. Je ferme les yeux, essayant de me concentrer sur le moment présent, de laisser l'eau apaiser ma honte.

Tout en espérant qu'il soit allé continuer sa nuit dans la chambre d'ami, j'attrape le gel douche et me lave rapidement, mes mouvements précipités trahissant encore mon malaise. Le parfum apaisant du savon semble dérisoire face à l'embarras qui gronde en moi. Une fois propre, je m'enroule dans une serviette, savourant brièvement la chaleur réconfortante du tissu.

Cependant, je me rends vite compte que je n'ai même pas pensé à prendre de protection hygiénique avec moi en m'enfermant ici. Une vague de panique me traverse alors que je réalise l'oubli. Je sais qu'il y en a aux toilettes qui se trouvent au bout du couloir. Encore honteuse, j'attrape ma culotte et mon pantalon pleins de sang, agrippe fermement ma serviette autour de moi, puis ouvre doucement la porte de la salle de bain.

Je regagne la chambre et découvre Kelyan en train de changer les draps du grand lit dans lequel nous dormions. Ses mouvements sont calmes et méthodiques, comme s'il voulait minimiser le désordre et l'embarras de la situation. Lorsqu'il m'aperçoit, il me tourne le dos un instant avant de se pencher pour attraper quelque chose à terre. Puis, il se redresse et me tend ce qu'il a ramassé : un paquet de serviettes hygiéniques.

Prisonnière du destin obscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant