Noël Sous le Ciel Royal

Chapitre 16 : La lettre

" Cher Nicholas,

Alors que je prends la plume ce soir, je me retrouve face à un conflit intérieur qui me déchire depuis quelque temps. Il me semble que les mots écrits sont la seule manière pour moi de partager des pensées qui, autrement, resteraient inexprimées, enfermées dans la forteresse de mon esprit.

Depuis ma plus tendre enfance, j'ai été éduqué dans l'art de la royauté, apprenant à porter le poids de la couronne avant même de comprendre pleinement ce qu'il signifiait. Ma vie a été un enchaînement de responsabilités, de devoirs et d'attentes. Dans ce monde de protocoles et de traditions, la place pour l'amitié véritable et l'amour sincère a toujours semblé étrangement lointaine, presque inaccessible.

Et puis, vous êtes apparu. Avec votre objectif, vous avez capturé bien plus que de simples images ; vous avez capturé des fragments de vérité, des instants de vie qui, jusqu'alors, m'avaient échappé. Votre présence a été comme une brise fraîche dans un désert longtemps inaltéré.

Les sentiments que j'ai développés à votre égard sont aussi nouveaux qu'inattendus pour moi. Ils sont comme un courant sous-marin puissant dans les eaux calmes de mon existence. Je me suis retrouvé à anticiper nos rencontres, à chérir nos conversations, et à me réjouir de votre simple présence. Ce sont des sentiments qui, je l'admets avec une certaine crainte, ressemblent fort à de l'affection, voire à de l'amour.

Cependant, je me trouve piégé par les liens de mon statut. Être prince n'est pas seulement une question de titre ; c'est une identité qui définit chaque aspect de ma vie, chaque choix que je fais. Dans ce cadre, les sentiments que j'éprouve pour vous semblent non seulement déplacés, mais dangereusement proches de l'impossible.

Je ne vous écris pas ces mots dans l'attente d'une réponse ou d'une action de votre part. Je les écris pour libérer une part de mon âme qui, jusqu'à votre arrivée, était restée silencieuse. Peut-être un jour, le monde dans lequel je vis permettra une liberté plus grande, où le cœur d'un prince pourra choisir sans les chaînes de la couronne.

Je garde ces sentiments en moi, conscient de leur douceur et de leur cruauté. Vous avez éveillé en moi une humanité que je pensais perdue, et pour cela, je vous serai toujours reconnaissant.

Avec toute mon estime et une affection cachée,

Alexandre "