-T'ES SERIEUSE? TU ME LE DIS QUE MAINTENANT?
Mon sang bouillonait dans mes veines. J'avais l'impression qu'un trou noir s'était ouvert en moi et aspirait mes entrailles. C'était impossible, non, non, non...Notre histoire était trop belle pour ça...
-June je t'en supplie calme-toi...
-ME CALMER? TU CROIS QUE J'AI ENVIE DE ME CALMER? PHOEBE PUTAIN!
-Mais...
-On avait tout prévu, je crachai. Notre futur, c'était d'aller finir le lycée ensemble, de partir dans nos facs différentes et faire une coloc en banlieue parisienne avec trois chats. On a même fait les plans de notre futur appart. On a fait notre coming-out à nos parents, même si c'est dur. Et maintenant, tu me dis que tu déménages dans le sud de la France dans même pas six mois?
-Oui, mais on pourra continuer...
-Tu sais très bien comment ça va finir, Phoebe. Au début je viendrai te voir, on s'appellera régulièrement. Puis je vais t'appeler un peu moins, puis encore moins. Et je ne viendrai plus du tout, même pendant les vacances. Et finalement on va rompre, comme toutes les relations à distance. Ou bien alors une de nous deux va rencontrer une autre personne. Et flirter avec, puis tomber amoureuse et délaisser l'autre. C'est impossible.
-On y arrivera, je sais. On est plus fortes que ça.
-Et si on y arrive pas? Moi je supporterais pas de te voir avec un.e autre. Et je supporterais pas non plus de pas te voir au quotidien. C'est quoi ma vie sans toi? Je reste dans ce lycée pourri juste pour être avec toi, j'ai cherché une fac pas trop loin de la fac de psycho pour pouvoir être toujours à proximité de toi. T'aurais dû me le dire avant. Vraiment.
-J'avais peur de te faire du mal. Ou qu'on rompe, murmura t-elle avec des sanglots dans la voix.
-T'imaginais que j'allais mieux le prendre si tu me le dis à peine six mois avant? Je vais avoir le temps de me préparer à ton départ, tu penses? Bordel...
Je me laissai tomber sur le banc de la cour. Le bois grinça sinistrement. Mon dieu...Qu'est ce que j'allais faire sans elle? Je lâchai soudainement:
-C'est cher les tickets Paris-Montpellier?
-Ca va. C'est surtout long comme trajet, quoi.
-Ok. Je viendrai te voir tout le temps, et t'as intérêt à faire de même. Au moins deux week-end dans le mois, et pendant les vacances. Et on passera les camps d'été ensemble aussi, je ferai des demandes pour me retrouver dans le même groupe local que toi. On a intérêt à rester amoureuses, ok?
-Promis. Je viendrai te voir dès que possible. Je crois qu'on aura une grande maison donc t'auras ta chambre.
-Pourquoi j'aurais besoin d'une autre chambre que la tienne? Je coupai.
-Bahahahaha!
J'essayai de profiter au maximum de ces derniers mois avec elle. Etais-je prête à la voir partir? Est-ce qu'on tiendrait nos promesses? Je passai alors mon temps à lui donner de l'affection, morale et surtout physique car dans moins de six mois, il me serait impossible de lui toucher même le petit doigt.
Le jour tant redouté arriva. En plein mois de juin, alors que les feuilles étaient d'un vert éclatant et que le soleil chauffait doucement, il me faisait l'effet d'un barbecue. Je me trouvais en face d'elle, dans son jardin, alors que ses parents faisaient les derniers bagages. J'avais passé les deux derniers jours chez elle. Je ne voulais pas la quitter.
-Alors, hésita-t-elle, salut?
-Non s'il te plaît. Pas un vieux salut comme ça.
-Ok, soupira-t-elle. June. J'ai passé la meilleure année de ma vie avec toi. J'aimerais pouvoir te mettre dans ma valise et t'emmener à Montpellier, mais malheureusement je ne peux pas. Alors laisse-moi te dire que ce sera très compliqué la vie sans toi. Trop compliqué. Insurmontable. Mais on est les lesbiennes les plus swag et fortes de France, alors on saura faire avec. Je t'aime, et même si je pars, j'essayerai de revenir un jour, et on habitera ensemble. Avec trois chats. On va les appeler Crevette, Bacon et Sainte-Chaussette.
-Amen, dis-je.
-Au nom des doigt d'honneur, des chats et du Saint-Esprit, je fais le solennel serment de revenir un jour.
-T'as vraiment intérêt à tenir ta promesse. Les doigts d'honneur et les chats, c'est sacré.
-Je sais.
-Tu m'offres pas ton mouchoir?
-Hein??
-Tu sais, comme à l'époque. Quand les dames partaient, elles agitaient leur mouchoir et tout. Moi je veux que tu me donnes ton mouchoir.
Elle sortit un paquet de Kleenex de sa poche et m'en donna un.
-Voilà. Tu l'agites quand je pars?
-Nan, je vais le mettre sous verre. Je vais l'exposer dans ma chambre. C'est une oeuvre d'art. Ah, d'ailleurs j'ai aussi quelque chose pour toi.
-Oh ouais?? Génial!
Je fourrai ma main dans la poche de mon short et trifouillai un peu. Puis d'un air triomphant j'en sortis mon majeur.
-Grosse merde!
-Salope!
-Ta mère la tepu du Danemark!
-La tienne elle boit l'eau des crêpes!
Et c'est ainsi que nous nous quittâmes, comme tout avait commencé. Avec un doigt d'honneur, mais cette fois une bague l'ornait comme une promesse de retour.
Est-ce qu'elle reviendra?
Est-ce qu'on va vraiment faire cette coloc?
Est-ce que rien n'aura changé?
Est-ce que ce serait vraiment le meilleur pour nous?
FIN D'UNE BAGUE SUR LE MAJEUR
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Une bague sur le majeur (Friends to lovers)
RomanceUne lesbienne amoureuse de sa meilleure amie hétéro...Comment se défaire de ces sentiments qui lui gâchent la vie? Et pourquoi cette meilleure amie aime autant lui donner de faux espoirs? Est-elle vraiment aussi attirée par les hommes qu'elle le dit?