NOËL POST-MORTEM (Ferdinand-Marcelle)

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« Dans les rues de la ville, l'on pouvait sentir l'ambiance festive de la fête de Noël. Les sapins exposés devant les magasins, les décors pas ci et jeux de lumière par là, une ambiance qui aurait pu m'apporter de la joie, mais il n'en fut rien.

Ce matin-là, je venais de me réveiller le corps empli de tristesse, ce 24 décembre me rappelait ton départ pour l'au-delà, ce jour où tout ce que nous nous étions fixé comme objectifs de vie s'était endormi avec toi.

Cela faisait maintenant cinq années que ma vie s'était arrêtée, j'étais devenue comme une feuille-morte qui se laissait emporter par le vent. Tu étais celui qui donnait un sens à mon existence et sans toi, ma vie perdait de son essence.

On ne cessait de me dire que de là où tu étais, tu n'aimerais pas me voir déprimer ainsi, car tu m'avais tant aimé que tu aurais voulu que je sois heureuse même sans toi. Pour cela, il fallait donc que je fasse mon deuil.

En cette veillée de Noël, j'avais donc décidé d'aller me recueillir sur ta tombe afin de te dire adieu. En effet, depuis ton décès, je n'avais pas eu la force de le faire, car je n'avais pas cru en ton départ. Et pourtant, c'était bien vrai, tu n'étais plus.

Chaque nuit, je repensais à cette phrase que ta mère m'avait dite en pleure le jour de ton départ :

« Sois forte Bélinda ! Henrique nous a quittées. En ces temps de fête, un accident est tellement vite arrivé. »

Comment cela était-il possible ? Tu m'avais téléphoné à un jour de la fête de Noël pour m'informer que tu prenais ta voiture pour me rejoindre afin que nous passions la fête ensemble, en amoureux.

Mais hélas ! C'était la dernière fois que j'entendais ta voix. Cette voix qui me rassurait et ne cessait de me dire :

« Bélinda, tu es l'amour de ma vie, celle que mon cœur a choisie ».

En ce 24 décembre, il fallait que je te parle de vive voix. Cela pouvait paraître ridicule, mais il le fallait, car je suis de ceux-là qui croient que les morts ne sont pas morts. Pour moi, les défunts sont là avec nous sauf que nous ne les voyons pas.

Aujourd'hui, il était important que je t'annonce que j'allais me reprendre en main pour ta mémoire et aussi pour tout l'amour que tu m'avais apporté.

Une fois au cimetière, sur ta tombe, j'éclatais en sanglots :

- Henrique, c'est dur sans toi, plus rien n'a de sens, je me sens vide. À qui m'as-tu laissé ?

- Je suis là, Bélinda. Disait une voix peu familière.

Je me retournais et là, je vis un homme grand, beau et séduisant qui se tenait en face de moi. Lorsque nos regards se croisaient, je reçus instantanément de nombreux papillons dans le ventre. Cette sensation me rappelait celle que j'avais ressentie lors de ma première rencontre avec toi, Henrique.

Sans trop savoir pourquoi je me jetais dans les bras de cet inconnu. Je me serrais contre lui avant de me mettre à pleurer à chaudes larmes. Nous restions dans cette position pendant quelques secondes avant de me ressaisir et de me détacher de lui. Puis d'une voix timide, je lui demandais :

- Excusez-moi, mais vous m'avez bien appelé par mon prénom ? L'on se connaît ?

- Et si nous allions dans un café pour parler ? Si cela ne vous dérange pas.

J'acceptais sa proposition. Vivant depuis quelques années comme une ermite, je n'avais pas de plans, rien de prévu en cette nuit de Noël.

Assis dans un café, l'homme se présenta sous le prénom de Yohann. Puis il se mit à m'expliquer comment il me connaissait.

- l'hôpital garde l'anonymat, mais il n'était pas question pour moi que je ne sache pas qui m'avait donné une seconde fois la vie, au moment où je n'espérais plus et n'attendais que la mort. J'ai bataillé, remué ciel et terre jusqu'à ce que je sache qui était cette personne, et même qu'elle avait une fiancée. Cependant, je stressais à l'idée de rentrer en contact avec vous. Qu'allais-je pouvoir vous dire ? Et c'est aujourd'hui, par pur hasard, que nous nous sommes croisé au cimetière.

- Excusez-moi monsieur Yohann, mais je ne comprends pas ce que vous essayez de me dire.

Il fit un petit soupir avant de continuer.

- C'était à la veille de Noël quand j'ai reçu une alerte sonore m'indiquant que l'hôpital avait trouvé un donneur. Ce 24 décembre, je me préparais à rentrer au bloc opératoire et à recevoir une greffe du cœur. Depuis lors, je ne pouvais passer un jour de Noël sans venir lui dire merci pour ce qu'il avait fait pour moi, car oui, c'est grâce au cœur de Henrique que je suis en vie aujourd'hui.

Après ces propos, un silence de mort s'installa.

Tu m'avais un jour parlé d'un programme dans lequel tu t'étais inscrit en tant que donneur d'organe post-mortem. J'étais fier de savoir que ce programme avait permis de sauver la vie de quelqu'un aujourd'hui et que toi Henrique était devenu un héros aux yeux de cet homme.

Nous restions là sans rien dire quand je me décidais à briser le silence.

- Il commence à se faire tard. Votre femme et vos enfants doivent vous attendre. Non ?

Mais je fus surprise de sa réponse. En effet, il m'affirma que personne ne l'attendait. Il y a quelques années quand il luttait contre sa maladie, sa fiancée, ne pouvant supporter cette charge émotionnelle, décida de le quitter.

Je pouvais voir une larme couler sur le long de sa joue. Je ne pus m'empêcher de l'essuyer et de me lever pour lui faire un câlin. Il me serra fort contre lui lorsqu'au même moment, les cloches d'une église se mirent à carillonner signifiant qu'il était minuit. Lui faisant face et dans un élan d'amour et de joie, je lui disais :

- Merry Christmas, monsieur Yohann.

Il me fit un sourire avant de me répondre en disant :

- Merci Bélinda. À vous aussi je souhaite un Joyeux Noël !

Je lui répondais avec un sourire. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été en joie lors d'une nuit de Noël.

Même mort, tu continuais de m'apporter de la joie. Car oui, c'est toi qui avais permis ma rencontre avec Yohann. Tu es une personne formidable, reposes en paix et merci pour tout, Henrique. »

- C'est bon mon amour, tu as fini ? Me demandait Yohann.

- Oui chéri ! Disais-je tout en joué.

Nous étions le 24 décembre de la sixième Année de décès de Henrique.

Je venais de laisser sur sa tombe cette lettre relatant cette belle rencontre qu'il m'avait permis de faire. Il fallait que je la partage avec lui.

Yohann et moi quittions le cimetière en se promettant de revenir l'année suivante. Mais cette fois-ci, nous ne serions pas deux, mais trois, oui trois car j'étais enceinte d'un petit garçon.

Je vous laisse deviner le nom que nous avons prévu lui donner.

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