Esther (Juan Angui)

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Un cri terrifiant perça le silence de la nuit. Ce cri était celui d'une femme. Mais étrangement, en écoutant attentivement, l'on pouvait distinguer derrière ces cris d'horreur, une autre voix plus basse qui semblait être de petits gémissements de plaisir.

Ce cri d'horreur, que tout le quartier entendait presque chaque soir, provenait d'une maison en particulier, celle d'Esther.

Esther, qui avait grandi et passé toute sa vie en Allemagne, avait perdu ses parents très jeunes lors d'un accident de la circulation. À la suite de cela, elle retourna en Afrique, sa Terre-Natale.

Très vite, elle fit face aux réalités de la vie, côtoyant la rue et n'hésitant pas à voler pour survivre.
C'est lors d'une de ses escapades nocturnes qu'elle fit la rencontre de son premier amour. En effet, s'étant introduit chez ce dernier une nuit afin de lui dérober ses biens, Esther tombait sur cet homme, qui essayait de se suicider en se taillant les veines.

Paniqué, Esther voulut s'en aller lorsque l'homme, sans trop savoir comment, prononça son nom. Surprise par cela, elle décida de lui venir en aide en appelant les secours avant de s'en aller.

Plusieurs semaines après, Esther revint une nuit au domicile de l'homme afin de vérifier s'il allait bien. Mais à sa grande surprise, ce dernier l'attendait. Il lui avouait que depuis cette nuit où elle lui avait sauvé la vie, il n'avait cessé de penser à elle, désirant la revoir. Et aujourd'hui, son souhait venait d'être exaucé.

C'est à partir de là que la vie de notre chère Esther débuta vraiment.
Elle abandonna sa vie de délinquante et emménagea avec son bien-aimé.

Tout allait pour le mieux et le couple attendait leur premier enfant. Mais un matin, alors qu'elle sortait à peine de son lit, celle-ci remarqua l'absence de son mari et ceux, dans tous les recoins de l'appartement. Son téléphone éteint, Esther passa de nombreux mois à attendre son retour, s'occupant seul de son petit garçon.

Au bout de quelques mois, Esther se fit une raison, l'homme qu'elle aimait l'avait abandonné sans aucune raison.
Désemparée, elle vendit la maison avant de se décider à retourner en Allemagne. Mais une guerre civile éclata dans le pays, obligeant Esther a effectué la traversée avec son fils.

En face de cette mer agitée, la petite embarcation d'une soixantaine de personnes, ne tarda pas à se débarrasser de son trop-plein de passagers. Seules 10 personnes survivaient à la traversée, dont Esther et son fils.

Ainsi débuta sa nouvelle vie en compagnie de son fils. Esther partageait son temps entre les nombreux boulots qu'elle cumulait, son fils ainsi que l'Église qu'elle avait rejoint peu de temps après son retour en Allemagne. C'est lors d'une des longues heures de prières et de délivrance qu'elle fit la rencontre de celui qui deviendra le second homme à partager sa vie.

Dans leurs regards, l'on pouvait apercevoir l'amour qui en débordait, mais étant de la même communauté religieuse, ils devaient se référer au prophète afin qu'ils leur disent s'ils étaient compatibles ou pas. Mais ce dernier leur relevait qu'ils l'étaient et que leurs unions seraient une grâce pour eux. C'est ainsi que s'en suivi un immense mariage puis une lune de miel. Mais très vite, cet homme montrait son vrai visage.

En effet, ce dernier n'hésitait pas à battre Esther à la moindre occasion, la faisant perdre connaissance par moment. Il n'hésitait pas à abuser sexuellement de son épouse lorsque cette dernière refusait ses avances.

Le mariage d'Esther qui devait être une grâce, une bénédiction était devenue son enfer, son désespoir. La seule chose qui la maintenait encore dans ce foyer était l'amour étrange que portait cet homme envers le fils d'Esther. Ce dernier, ayant toujours voulu avoir un fils, mais n'étant pas capable d'en avoir dû à des troubles biologiques depuis la naissance, acceptait jovialement et sincèrement la présence de l'enfant qu'il appelait affectueusement « mon fils. »

Qu'est-ce qu'elle pouvait faire ? Partir en laissant son enfant entre les mains de son tyran ou rester et subir la brutalité et la cruauté de cet homme qui ne savait que dire désolé sans vraiment l'être ?

Le dilemme était pesant pour Esther, mais, parmi toute cette noirceur, il y avait une personne qui la soutenait et la consolait quand tout allait mal. Et cette personne était son voisin. En effet, ils s'étaient rencontrés un soir, aux environ de 23 h alors que ce dernier prenait la rue de son domicile. Il avait fini le service tard et sa femme ne l'avait sans doute pas attendu pour le dîner.

Une fois à l'entrée de son quartier, il remarquait, assis sur le pas de sa porte, les yeux larmoyants de sa voisine, Esther. Cela faisait trois soirs qu'il la voyait dans cet état, mais il n'osait pas la questionner sur ce qui inondait ses beaux yeux, car se mêler des affaires des autres sans y être invité n'était pas bien vu. Mais cette nuit-là, il prit le pas et lui prêta une oreille.

C'est à parti de ce moment que cet homme du quartier devint un confident pour Esther, un ami. Il était là pour l'écouter, la rassurer chaque fois qu'elle avait besoin d'oublier les horreurs qu'elle subissait dans son foyer. Mais elle n'osait pas lui dire la vérité de peur que cela crée des problèmes.

Un jour, alors qu'Esther et son voisin étaient en train de discuter, ceux-ci furent surpris par le mari de celle-ci. Ne l'ayant pas aperçu, Esther continuée de sourire avec la seule personne qui l'aidait à se sentir mieux.

Ce soir-là, lorsqu'elle rentra chez elle, elle fut accueillie par une pluie de coups. Ce mari impulsif et jaloux ne put supporter de voir sa femme sourire à un autre homme.
Comme possédé, il s'acharnait sur une Esther, impuissante et inconsciente.
Lorsqu'il revint à la raison, sa femme ne bougeait plus et sa respiration ralentissait.

Ce dernier effrayé s'en allait à l'étage, pris l'enfant qui dormait profondément avant de s'en aller, sous le regard flou et en pleure d'Esther.

Les Écrits du JEAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant