Au-delà des montagnes {Bakudeku}

Un chez moi

Après quelques secondes de silence, il se dirigea à la nage vers une immense cascade.

Je le suivis en observant autour de moi. Le paysage nocturne était magnifique. Katsuki se tourna en souriant avant de plonger pour passer le rideau d’eau. Je profitais encore un peu de ce que j'avais sous les yeux avant de plonger à sa suite sous le rideau d’eau pour arriver dans une cavité. C’était l'entrée d’une grotte, et les murs de celle-ci étaient recouverts de pierres. Du quartz peut-être, ma mère en avant plusieurs à la maison, elle aimait ce genre de pierres.

Je quittais ensuite l’eau pour aller inspecter la surface rocheuse. La pierre rose brillait sous mes doigts. Absorbé par les couleurs uniques de la pierre qui venait me chatouiller la rétine, je ne vis pas le blond se glisser dans mon dos. Ce n’était que lorsque ses mains froides se posèrent dans le haut de mon dos que je me retournai pour le voir. Il était très proche, assez pour que son souffle s'abatte sur ma peau. Il releva les yeux vers la roche et la frôla doucement.

“ C’est beau n’est-ce pas ? ” Souffla-t-il sans me regarder.

Je hochais la tête alors qu’un petit sourire prenait place sur mes lèvres. Il n’y avait pas à dire, cet homme était beau.
Il baissa les yeux sur moi et je détournai les miens. Il garda le silence un moment, je pouvais de nouveau sentir son regard de braise sur moi, puis il s’éloigna de quelques pas avant de reprendre la parole.

“ C’est mon coin préféré, je viens ici depuis que je suis gosse. Si on continue par là on sortira de l’autre côté, viens. ” Dit-il en faisant quelques pas vers le fond de la grotte.

Je quittais le mur de roche rose des yeux pour suivre le blond. Vers le fond de la grotte la lumière s'amenuisait et bientôt je ne voyais presque plus mes pieds. L’appréhension s’infiltrait dans mon corps et dans mon estomac. Ma première rencontre avec un dragon, survenue quelques jours plus tôt, me restait en tête. Je n’avais pas envie d’être de nouveau confronté à la mort.
Mais alors que j’allais appeler Katsuki pour lui demander de rester à côté de moi, je sentis sa main prendre la mienne. Toute la peur, l’angoisse et le stress s'évanouit pour ne laisser qu’une douce chaleur. Il me guida dans le dédale de pierre et je n'avais d’autre choix que de lui donner toute ma confiance. Il avait l’air de connaître parfaitement le chemin et bientôt nous arrivâmes dans une nouvelle cavité dans laquelle un rayon de lumière filtrait par un trou dans le plafond. Je pouvais également admirer le reflet de la lune sur l’eau qui se trouvait au centre de la cavité.

“ C’est … magnifique… ”

L'émerveillement s’entendait dans ma voix. Je ne trouvais pas d’autres mots pour décrire ce que j’avais sous les yeux.

J’entendis le blond rire, et tout à coup il me tira par la main avec une force incroyable et me jeta à l’eau. J'atterris dans un cri absolument ridicule et à peine avais-je sorti la tête qu’il plongea à son tour, manquant de peu de me sauter dessus.

“ Hé ! Mais ça va pas, j’ai déjà échappé à la mort une fois, ça m’a suffit ! ” M’écriais-je avant de rire à mon tour.

Malgré tout l’atmosphère restait douce et sereine, le paysage était splendide et Katsuki était… apaisant.
La pression de tous les derniers événements tombait à mesure que nous jouions dans l’eau, et après une bonne heure de gamineries nous en sortîmes pour nous asseoir sur le bord du bassin. Le calme retomba, et seuls les bruits des animaux nocturnes troublaient le silence de la nuit. Je sentis le blond se rapprocher un peu plus, jusqu'à ce que nos épaules se frôlent, puis il prit la parole.

“ J’ai toujours adoré cet endroit, je l’ai toujours gardé secret pour pouvoir y venir pour avoir la paix. ” Avoua-t-il d’un air pensif.

Il semblait perdu dans ses pensées, un sourire calme se dessinait sur ses traits. Je ne l’avais pas beaucoup vu sourire depuis mon arrivée, les circonstances ne s’y étaient pas prêtées. Et à cette vue, je sentis une chaleur se diffuser dans mon corps. L’air nocturne était doux et le vent plutôt chaud. Nous allions entrer dans la période estivale, je pouvais sentir le renouveau vibrer dans l’air.