Renaître avec toi

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Il tourna la tête vers moi avec des yeux ronds, surpris. J’avais trouvé quelque chose d’assez ridicule pour le faire réagir.

“ Par Isithélus, Izuku trouve autre chose, c'est vraiment ridicule. ”

J’haussai les épaules sans cesser de sourire. Il arborait un air consterné et même offusqué avant de plonger sa main dans mes boucles brunes et de m'ébouriffer les cheveux, secouant tout le sable qui s’y trouvait. Tsuyu baissa les yeux sur les grains à présent posés sur le sol. Elle les effleura du bout des doigts.

“ Katsuki ? Tu penses qu’il est allé… là-bas ? ” Questionna-t-elle sans relever la tête.

“ Là-bas… Tu veux dire dans son royaume ? Non… Il n’en serait pas sorti, on sait tous les deux que c’est impossible. ”

“ Oui, mais tu as vu comme moi…Il a faillit y passer et aucun royaume ne possède un désert de sable, aucun à part le sien. Tu ne peux pas me dire que ce n’est pas louche… Il y a du sable absolument partout. Si c’était avec d'autres, il ne serait pas revenu dans cet état, même avec Ântkor. Tu le sais aussi bien que moi. ” argumenta-t-elle d’un air inquiet.

“ Mais qu’est-ce qu’il serait aller faire là-bas ? Pourquoi il l’aurait amené… Normalement il aurait dû rencontrer Isithélus, Maapur peut-être mais pas… cette divinité là. ”

En silence, je les observai parler et débattre sur l’endroit où j’étais allé. Je voulais leur raconter, leur parler des voix dans les dunes, du sable à perte de vue, de Pégase, Tianlong et de cette fichue prophétie qui tambourinait dans ma tête, mais j’en étais pour le moment incapable. Je donnai un petit coup de coude à Katsuki pour attirer son attention. Il tourna un regard légèrement anxieux vers moi, comme si je risquais de m’envoler devant lui. Je lui fis signe que je voulais essayer d'écrire quelque chose.

“ Ouais attends, tiens. Ne te fatigue pas à tout nous écrire, repose toi, tu nous raconteras les détails plus tard… quand ça ira mieux. Va à l’essentiel. ”

Il me tendit un carnet et une plume avant de m’aider à me redresser. Mon corps me faisait un mal de chien au moindre mouvement. Il s’excusa et me prit contre son torse en position assise. Je me mis à écrire le nom de Pégase, de Tianlong et celui de Râmithot. Katsuki les lit à voix haute.

“ Tu l’as vu ? À quoi il ressemblait ? ” Demanda la brune.

J’hochai la tête avant de reprendre. Je décrivis en quelques mots ce que j’avais vu, une forme brumeuse, floue et solaire. J'inscrivis également ce que les dunes n’avaient fait que me répéter à propos de la sagesse.

“ Où as-tu entendu ça ? ”

Je lui répondis que les dunes le répétaient. Le silence retomba dans la petite caverne. Ils se regardaient et semblaient communiquer sans parole, peut-être des informations que je ne devais pas savoir. À voir le tourment briller dans leurs yeux, je ne pu m'empêcher de penser que quelque chose de très grave allait m’arriver. J'allais peut-être vraiment mourir. Comme l’avait dit Tsuyu, je n’étais pas censé survivre à cette visite.
Après un moment qui me semblait durer une éternité, la brune reprit la parole.

“ Il n’y a plus de doute, il est allé dans le royaume de Râmithot et il a survécu. ”

“ Izuku, t’es vraiment un dur… Tu as survécu à deux choses qui sont censées te tuer. Tu nous raconteras ton expérience plus tard. Et toi Tsuyu, tu as pu leur parler ? ” Demanda le blond, sûrement pour ne pas m’inquiéter davantage.

“ Oui, mais on verra ça ensemble Katsuki… seuls, si tu veux bien. ”

Il hocha la tête sans en demander plus. Elle avait peut-être des messages qui n’étaient destinés qu’au blond. Bien-sûr, je ne pu m’empêcher d’être curieux. Je voulais tout savoir, tout connaître de ces divinités et de leurs messages. Katsuki se releva en me gardant dans ses bras après m’avoir soufflé qu’il valait mieux que je ne me fatigue pas trop à marcher.
Ils quittèrent la grotte en empruntant le même dédale sombre. Il pressa mon corps contre le sien pour me rassurer, et la douce chaleur qui émanait de sa peau se répandit contre moi. Je fermai les yeux pour m’en imprégner et à peine quelques secondes plus tard nous sortîmes à l’air libre. J’avais la sensation d’avoir passé plusieurs jours dans cette atmosphère feutrée et pesante. Je pris une grande inspiration, la plus grande que je n’avais jamais prise, tout en savourant la fraîcheur du matin, avec ses notes florales qui venaient s’échouer contre mon palais et cette douce odeur de rosée. J’avais failli ne jamais goûter à cette merveille, j’avais failli mourir.
Mon regard se perdit dans la beauté de la nature, dans la joie de sentir le soleil courir sur ma peau, sa chaleur me lécher avec délicatesse.

Au-delà des montagnes {Bakudeku}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant