Lorsque j'étais plus jeune, une voyante avait prédit mon avenir.
" Il fera de grandes choses, cet enfant est précieux. Il sera la clé de la paix." avait-elle dit à mes parents.
Je n'avais qu'un an à l'époque et on assignait déjà un lourd fardeau à mes frêles épaules. Elle avait décidé que j'étais un élu, mes parents n'avaient aucune idée du pourquoi et surtout de ce que j'allais devoir accomplir. La seule chose qu'ils savaient, c'était qu'ils devaient me protéger à tout prix.
Le reste de mon enfance ainsi que de mon adolescence a été rythmé par cette phrase. " Il est précieux", c'était ce qu'avaient préféré retenir mes parents.
Depuis mes un an, j'étais couvé, chouchouté et dorloté comme une poupée de verre, comme si je pouvais me casser à chaque instant, comme si je n'étais qu'une petite chose fragile." Non, tu ne peux pas aller jouer au ballon, tu vas te faire mal "
" Tu ne peux pas sortir seul de la maison et s'il t'arrive malheur ?"
Ces phrases ont constitué ce que j'étais, elles ont forgé mon caractère et surtout, elles ont gâché mon enfance. Peureux, craintif, trouillard, pas débrouillard, tous ces adjectifs m'étaient répétés en permanence. J'étais une chochotte qui avait peur du monde extérieur et de sa propre ombre.
On m'a appris à me méfier de tout, à avoir peur pour ma vie à chaque instant." Izuku, mon chéri, le repas est prêt, veux-tu bien descendre manger ? Fais attention à toi dans l'escalier. " Dit la voix douce et chaleureuse de ma mère.
Sage, obéissant et docile, je descendis comme demandé, je me lavai les mains et m'installai à table dans le plus grand calme. Ma mère me sourit comme à son habitude avant de me servir mon repas.
Depuis mon plus jeune âge, je n'avais le droit de toucher que peu d'ustensiles de cuisine. Ils étaient jugés comme trop dangereux par ma mère, pareil pour ce qui est du poêle. Ou bien plus simplement, comme la quasi-totalité des objets qui constituent cette maison. Tout était trop dangereux." Tu en veux un peu plus mon chéri ? Tu n'as pas beaucoup mangé ce midi, il ne faut pas que tu sois dénutri.." Elle n'attendit pas mon accord pour me rajouter une portion de porridge.
Je la remerciai d'un sourire et d'un signe poli de la tête avant de m'attaquer à mon repas. Il me fallait des forces. Aujourd'hui était un grand jour.
J'allais partir ce soir.
Tout mon plan était rodé, prêt et en place, ce soir après l'heure du coucher, je descendrai par la fenêtre et je me sauverai avec le cheval des voisins, cela faisait des jours que je préparais tout en cachette. Des jours à mentir et à faire semblant. Toute cette mascarade avait assez duré. J'allais enfin y mettre un terme ce soir.
Avalant avec précaution mon dernier bout de pain, je me donnai du courage pour cette épreuve. En plus d'être ma fuite, c'était aussi ma première fois à cheval et ma première sortie hors du village. Tout était nouveau pour moi." Tu as l'air ailleurs mon petit cœur, tu vas bien ? Tu as mal quelque part ? "
Dans un sursaut, je me redressai vivement, j'étais si peu confiant ? Cela se voyait tant que ça que je préparais quelque chose ? Je déglutis difficilement en lui souriant pour tenter de paraître confiant et naturel.
" Non tout va bien, je suis juste un peu ailleurs. "
Elle m'observa sans rien dire, suspicieuse, j'étais fichu, elle se doutait de mon plan. Le stress grimpa d'un coup, il remonta dans mon corps, poussant tout sur son passage et compressant mon être à le faire exploser.
" Tu es sûr Izuku ? Je ne t'ai jamais vu aussi distrait. Tu veux me dire quelque chose ? " insista-t- elle.
J'hochai la tête, regroupant le peu de confiance qui me restait. Je ne pouvais pas tout faire capoter maintenant, pas si près du but.
Elle me sourit enfin, visiblement convaincue par mon plaidoyer. Je soupirai discrètement avant de me lever de ma chaise et de filer dans ma chambre. Une fois la porte passée, je fis encore l'inventaire de mon sac. Une carte du pays, des vêtements, des provisions, des armes dont je ne savais pas me servir, une boussole que je ne savais pas lire et bien sûr un courage que je n'avais pas.J'avais tout, j'étais paré, extrêmement stressé, mais fin prêt pour mon périple. Pendant encore deux longues heures, je restai là, sans un bruit à attendre le moment propice pour mon évasion. Bien sûr, tout cela n'était pas sans but, je ne partais pas de chez moi sans réel objectif. Un voyageur de passage dans mon village, m'avait conté plusieurs de ses périples. Ses voyages et ses aventures, il avait la vie dont j'avais toujours rêvé, une vie d'escapades, de dangers et de risques.
Ne jamais savoir où notre chemin nous mènera, ne pas savoir de quoi sera fait le lendemain. Je voulais devenir comme lui, voyager au bout du monde et découvrir des endroits jamais explorés.
C'était seulement comme cela que je pourrais être utile, c'était de cette façon-là que la vision de cette femme se réaliserait.Dehors, les sons des animaux nocturnes s'amplifiaient, signe qu'il était l'heure pour moi de partir. J'avais préparé une lettre pour ma chère mère, afin qu'elle sache ce que j'avais prévu de faire et qu'elle ne s'inquiète pas trop. Je savais d'avance que c'était peine perdue, elle allait s'inquiéter, comme elle avait toujours fait. Mais, maintenant, elle n'avait plus son mot à dire sur mes actions et mes choix. J'avais pris ma décision.
Je déposai la missive sur mon bureau, avant de mettre mon sac sur mon dos et d'ouvrir la fenêtre de ma chambre. Je m'assis sur le rebord, les jambes dans le vide pour admirer le calme de la nuit. Le vent frais balaya mes cheveux et la lune éclaira avec douceur le chemin que je devais emprunter dans quelques instants.
Je pris une grande et longue inspiration en fermant les yeux, humant toutes les saveurs de mon chez-moi pour la dernière fois. Bien évidemment, j'étais terrifié et j'appréhendais, je voulais abandonner et renoncer. Retourner me blottir sous ma couette au chaud, mais c'était impossible, je ne pouvais plus faire marche arrière sans regretter toute ma vie. Je devais le faire.Je rouvris les yeux et me lançai, l'atterrissage fut plus compliqué et plus douloureux que prévu, mais je l'avais fait. J'avais sauté, pendant que je me redressais, je priai toutes les divinités existantes pour que ma mère n'ait pas été alertée par le bruit de ma chute. J'étais persuadé qu'elle se doutait de quelque chose, elle m'attendait peut-être sur le perron.
Je fis le premier pas vers ma liberté, le premier pas de mon long périple, vite rejoint par un second, puis un troisième et encore un, ils s'enchaînèrent. Sans un regard vers ma maison, je me mis à courir vers la grange du voisin pour prendre son cheval.J'espérais sincèrement qu'il ne m'en voudrait pas de lui voler son cheval. Mais, je ne pouvais pas partir à pied. Alors, j'ouvris la grange avec précaution, l'animal attendait sagement dans son box. Je n'étais jamais monté à cheval, mais j'avais vu notre voisin faire, pareil pour ce qui était de l'harnachement, je l'avais observé seller et brider sa monture avant de grimper dessus.
C'est donc à l'aide de ce que j'avais vu et noté, que je l'équipai , celui-ci restait sagement là, se laissant faire. La culpabilité de l'enlever à son propriétaire était moins grande lorsqu'il me suivit de son propre chef jusqu'à l'extérieur. Après une autre inspiration de courage, je m'élançai sur son dos, la sensation fut étrange dans un premier temps. Je me sentis tellement haut... Pour remercier l'animal de m'accepter sur son dos, je lui caressai l'encolure.
Maintenant, il était temps de débuter mon voyage. D'une légère pression de talon, j'indiquai à ma monture d'avancer et ensemble, nous nous élançâmes vers l'horizon. Le voyage s'annonçait bien plus compliqué que prévu, mais je partais à la conquête de mes rêves.
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Et on s'arrête ici pour le chapitre 1.
C'est une petite mise en bouche, qui j'espère vous plaira.C'est la première histoire que j'écris à la première personne, ce qui est un exercice plutôt complexe pour moi, mais je m'amuse bien !
Un grand merci à mes bêta lecteurs pour leur patience et leurs conseils.
Je vous dis à très vite,
C'était Son_of_Géo pour vous servir ~
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Au-delà des montagnes {Bakudeku}
FanficLa soif de savoir, l'envie de découverte. La folie de la jeunesse et mes pas pressés. La joie déferlant dans mon corps devant cette voie ouverte. Je n'ai plus qu'à m'y engouffrer et espérer. Que vais-je voir ? Qui vais-je rencontrer ? Je suis si im...