Chapitre 3

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La colère.

À la suite de cet événement, la Guerre de Troie se déclencha. Le frère du roi, Agamemnon, réunit de grands guerriers pour mener son assaut à bien. Pâris avait non seulement enlevé Hélène, mais il l'avait fait alors qu'il était invité chez le souverain de Sparte. À une époque et une région telle que la Grèce antique, c'était un sacrilège de manquer autant de respect à son hôte.

Les divinités, quant à eux, eurent chacun des avis tranchés sur la question. Sur le mont Olympe, Athéna, Héra et Hermès étaient du côté des Grecs, de Sparte et de ses alliés venus d'aussi loin de la Corinthie ou d'Argos. Dans l'autre camp, c'était les jumeaux Apollon et Artémis, Aphrodite et Arès qui soutenaient la cité fortifiée. Zeus lui, resta neutre en sa qualité de roi des dieux. Mais moi, je ne m'y intéressais pas.

Maintenant sans emploi, je passais mes journées enfermée dans ma chambre, regardant tantôt le plafond et les étoiles. J'avais perdu la notion du temps, mon horloge biologique déréglée, je ne me rappelle plus au bout de quelle durée Apollon est venu toquer à ma porte.

Il est entré et m'a vu, étendue sur le sol, la tête en l'air, les yeux vides et humides. Mes larmes suivaient à la ligne les rondeurs de mes joues jusqu'à toucher le sol et rejoindre ses prédécesseures. Le maître de la beauté masculine, sûrement pris de pitié, avait ouvert encore plus la porte pour me faire face. Maintenant la seule lumière de la pièce venait de derrière lui et le mettait en valeur en s'immisçant à travers chaque brèche que laissait entrevoir son corps. Le voilà, dans toute sa grandeur, fier et droit, je voyais le dieu solaire m'illuminer de son éclat après des journées dans le noir complet.

Il s'approcha de moi, me tendit la main pour me relever avant de m'embrasser sur le front en grand frère protecteur qu'il était. On s'assit côte à côte à même le marbre blanc immaculé. Il prit sa lyre, dans sa main droite depuis le début de notre échange, et commença à en jouer. La douce mélodie s'envola dans le ciel, fit résonner les murs et s'enveloppa autour de mon cœur. Depuis des jours, le seul à avoir pris la peine de venir me voir et m'apaiser avait réussi à calmer légèrement la rage en moi.
Mon but avait changé : oui, je ne tuerais pas tous les dieux de l'Olympe, ils ne le méritent pas tous, seul Apollon et moi resteront sur le mont afin de profiter de notre idylle nouvellement créée. Il n'en saurait rien mais il venait d'assurer sa place au paradis. Une fois son air fini, il reposa son instrument au sol afin que lui aussi partage notre espace commun, puis se tourna vers moi et planta son regard doré dans le mien.

"Hébé... Écoute je sais que tu peux le faire d'accord ? Je t'en prie lève toi, sors et prends ton avenir en main, tu comprends..? La guerre fuse en bas, et malheureusement ici aussi... Je ne veux pas que tu prennes forcément part au conflit, juste que tu te soigne et... Héra te veut en tant qu'assistante. Elle a reproché à notre père ton licenciement et Zeus a continué à la provoquer en donnant une constellation à Ganymède. Cette constellation qui aurait dû être la tienne, le Verseau, celui du porteur d'eau. Depuis Héra veut te donner un autre travail, un plus important et même si je ne veux pas du tout que tu t'impliques dedans, c'est une force plus haute que moi qui t'y oblige. Surtout, ne t'apporte pas de problème mais je t'en prie il faut que tu le fasses."

Je l'écoutais, mais ne prononçait aucun mot. Je n'avais plus la force de parler, et mes perles de tristesse qui avaient roulé jusqu'au coin de mes lèvres avaient comme scellé celles-ci. En seule réponse, je hochait la tête au rythme de ses phrases.

Une fois qu'il fut parti, après un soupir, je me leva et me débarbouilla avant d'attaquer le monde divin qui m'attendait. Je sortis de mon entre, la lueur du soleil m'aveugla et le chant des rossignols m'acceuillla. Si je n'étais pas dans cet état, j'aurais qualifié ce retour d'idéal. Mais mon plan mûrement réfléchi dans la pénombre et la folie passait avant tout.

C'est pourquoi avant d'aller rendre visite à ma mère, je me dirigeai d'abord à la source du nectar. Seule moi en avait le secret, et Ganymède ne connaissait donc pas ce lieu. Les dieux en avaient été privés pendant 4 jours par ma faute, encore un peu et l'immortalité aurait complètement quittée leurs corps. C'est la raison pour laquelle il était impérial de s'occuper de ce fameux nectar avant de les éliminer.

Une fois arrivée je commençais ma préparation : du vin mélangé à du miel et je parvenais à recréer le goût du breuvage. Une fois fini, je réapprovisionnai la réserve du nouvel échanson par ma solution. Dans les diurnes qui suivront celui-ci, les dieux ne seront plus des dieux et seront capables de mourir.

Pour la suite, il m'est difficile de m'en rappeler, mais surtout difficile de la raconter sans sombrer dans la culpabilité. C'est ainsi, par l'intermédiaire des muses, gardiennes de la mémoire, que vous aurez connaissances des évènements à venir. Chacune d'elles ont été témoin de mes crimes, et chacune d'elles, vous les conteront.

Juvenile RequiemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant