Le déni.
Si je devais décrire l'Olympe le plus simplement possible, je le décrirais d'idyllique. Cette destination de rêve a tout pour vous charmer, arbres constamment fleuris, bâtiments et monuments à la pointe de l'architecture grecque. Des fleuves silencieux coulent le long de la montagne jusqu'à disparaître à la frontière du monde des mortels, par delà les nuages.
Les dieux qui la peuplent eux, sont pour la très grande majorité l'exact inverse de ce que mérite ce merveilleux environnement. Ce serait un euphémisme que d'affirmer que je les détestes du plus profond de mon cœur. Mais qu'est-ce qu'une divinité mineure telle que moi pourrait se permettre de faire une quelconque remarque à leur sujet ? Je suis consciente de ma place, et je ne voudrais pas m'attirer leurs foudres.
Par rapport à leurs méfaits, je ne suis qu'un témoin qu'on a même pas besoin de payer pour le taire car il a trop peur de ne dire qu'un seul mot. Je suis une lâche, une adolescente effrayée d'être juste afin de passer sous les radars.
Jusqu'ici, ça ne me dérangeait pas réellement. J'étais aveugle de ce qui se passait autour de moi. J'étais même heureuse de partager ma vie avec tout ce monde. En Zeus je trouvais un père puissant et protecteur alors qu'en Héra je trouvais une mère aimante. Maintenant je trouve en eux un agresseur sexuel de masse et une complice de ses persécutions. Bien entendu, ces deux là ne sont que des exemples à côté d'Aphrodite, Athéna, Hadès, Poséidon et la cinquantaine de personnalités partageant mon quotidien.
Aujourd'hui, cette idylle dans laquelle j'étais enchantée de vivre, se fane et se nécrose. Mais je suis égoïste, tant que je peux vivre sans problème et sans répercussions, je joue au jeu. Je ne dit rien, je me contente d'être la fille modèle toujours présente pour porter compagnie aux dieux se sentant trop seuls. Parce que je n'ai pas la force de refuser.
En parlant de dieux se sentant trop seuls pour me choisir comme compagnie, il y a Aphrodite. Mon avis est qu'elle s'attend à ce que je lui fournisse plus de nectar que les autres. Elle souhaite être la numéro une des femmes les plus belles du monde. Et avec la beauté, s'accompagne la jeunesse. Mais elle n'a pas encore réussi à obtenir mes faveurs. Tout simplement parce que je la déteste, mais surtout parce que je n'ai pas envie d'endosser un trafic, en plus de tous les crimes dont je suis témoin, sur la conscience.Enfin, témoin est un bien grand mot. Je n'ai jamais été un témoin direct, je suis au courant de ce qui se passe, c'est tout. Je n'ai rien vu, rien entendu. C'est peut être pour cela que je continue ma vie comme si de rien n'était. On ne crois que ce que l'on voit, n'est-ce pas ?
Alors sûrement que au fond de moi, il reste cette lumière qui affirme que tout est faux. Cette lumière, certains l'appellent l'espoir. Cet espoir, je le nomme le déni.
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Juvenile Requiem
Ficción GeneralHébé, déesse de la jeunesse et de l'immortalité, vous raconte ici sa descente aux enfers. Un conte de meurtre et d'amour, en guise de requiem pour les défunts trépassés par sa main.