Chapitre 6

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La colère.
Hébé :

Laissez-moi reconquérir le récit maintenant, et ce pour la même raison pour laquelle j'ai laissé les muses prendre ma suite.

La culpabilité.

Je ne m'étendrai pas plus sur le sujet au risque de vous dévoiler le cours des évènements à venir.

Après la tentative de dénonciation de Melpomène, la muse dont vous avez fait la connaissance plus tôt, elle se rendit compte qu'Apollon savait déjà tout en sa qualité de dieu omniscient. La divinité de la beauté masculine, des arts et du soleil était aussi celle des présages et des oracles. Il avait donc appris l'implication de sa jeune sœur dans les meurtres à répétition par l'intermédiaire d'une séance de divination.

C'est ainsi qu'il vint me trouver en fin d'après-midi, dans un jardin fleuri par la main de Déméter. Les bourgeons, arrivant au ras du genou, nous carraissait délicatement notre peau adoucie par les années et les épreuves. Mon frère, venu seul, parvenait à sublimer le décor angélique dans lequel nous nous toisions. Si nous n'étions pas né et grandit en tant que dieux, nous nous aurions cru privilégié d'assister à un tel spectacle.
Tout était parfait, comme je l'avais imaginé. Moi, Apollon, seuls mais ensemble, dans un monde où les détails et les éléments étaient situés à la perfection. Sans personne pour nous déranger, et sans criminels impunis pour nous contrôler.
Mais lui, il n'était pas ici pour vivre dans un paradis avec moi.

Je le compris assez vite, quand il s'approcha de moi avec tous les malheurs du monde dans ses yeux, comme échappés de la boîte de Pandore pour s'y réfugier. Je n'avais vu qu'Arès avec ce niveau de fureur n'émanant d'un seul corps. Mais jamais cette colère n'avait été dirigée envers moi. J'étais la fille modèle, la soeur aimée et la nièce idolée. Tout le monde m'appréciait et personne ne m'avait jamais voulu du mal, alors pourquoi Apollon, mon frère adoré ? Avec le dieu de la guerre, c'était mon plus proche confident. J'en avais déjà tué un. J'avais déjà ôté la vie à l'un de mes meilleurs amis. Avez-vous déjà pensé à la mort si profondément que vous n'arrivez plus à la décrire clairement, mais seulement avec des mots simples et pourtant pas assez pour y arriver pleinement ? Tout ce que vous pouvez dire c'est que le monde est vide ensuite, en même temps que le cadavre. Plus rien ne se passe. Vous espérez le voir bouger, sourire et rire. Car c'est le rire qui rend humain. Mais non, rien ne se passe et vous restez planté là.

Je suis resté plantée devant Apollon, sans que rien ne se passe, attendant qu'il bouge, qu'il sourit ou qu'il rit. Il n'en a rien fait. Il m'a observé, un air de dégoût et de déception inscrit sur ses traits. Avant de se retourner et repartir. Ensuite je me suis sentie vide, dénuée de force. Tout était vide. Le voir s'en aller sans n'avoir fait sortir aucun mot a été une sentence pire que la peine de mort. Le silence était mon épée d'Amoclès prête à s'abattre sur moi. Et pourtant je l'avais espéré ce silence, s'il venait à savoir. J'avais espéré qu'il comprendrai, ne dirait rien et me laisserait continuer. Mais maintenant je veux qu'il me dénonce, qu'il me fasse mourir comme je les ai fait mourir. Que j'arrête toute cette merde et que je me libère. Je veux qu'il me dénonce.

J'ai couru. À travers les champs que je trouvais plus tôt magnifique, maintenant dénués de sens et remplis de solitude. J'ai couru. Pour le rattraper, le convaincre de me tuer et d'effacer mon souvenir. J'ai couru. Maintenant ma sueur et mes larmes arrosait les fleurs et ma culpabilité. J'ai couru. Jusqu'à l'apercevoir.

Les muses, les neuf, étaient réunies autour de lui. Chacune, un poignard à la main, l'accablait de coups sans arrêter, avec frénésie. Certaines pleuraient en même temps, la poitrine compressée par le poids de leur tristesse. D'autres, trop choquées et sûrement traumatisées par leurs actes, le faisaient avec un regard encore une fois vide, comme si c'était elles qui mourraient. Je me suis jointe à elles, arrêtant les combats intérieurs et extérieurs en me penchant vers Apollon. Ses veines ressortaient, témoignant une douleur atroce subie. Elles étaient bleues, un bleu détachant ses flots de vie du reste de sa peau incroyablement blanche. Ses muscles tombaient misérablement, frôlant le sol. Il était lui même suspendu sur un autel, comme si on venait de sacrifier un animal pour les dieux. Ses membres étaient disparates et mettaient son buste en avant, comme Prométhée attaché de force sur un rocher et s'adonnant à la douleur chaque jour. Ses doigts, déjà froids étaient légèrement recroquevillés. Il était déjà mort. Ses plaies récentes ne saignaient pas, il était mort. L'ichor, le sang doré des dieux, l'habillait d'une lueur divine accompagnée par le soleil couchant.

Je le pris dans mes bras, l'embrassant et me réfugiant dans son cou. Les muses partagèrent mes pleurs silencieux en union. Le soleil, après son maître, disparu finalement, laissant place à l'obscurité qui pénétra mon cœur par la suite. Le silence, la solitude, le vide. Tous mes harceleurs étaient présents pour me prendre en martyr et m'accabler. Ils me pointaient du doigts, me chuchotaient à l'oreille que c'était moi qui l'avait tué. C'était moi qui l'avait tué. Il avait choisi la mort et ordonné à ses compagnes de l'abattre. Mais c'était moi qui l'avait tué. Son sang coulait maintenant en contaminant le sol. Chaque goutte rejoignait la précédente telles mes larmes lorsqu'il était venu me consoler. Mais il ne pourrait plus le faire. J'étais vide à jamais.

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Bonsoir, c'est l'autrice. C'est la première fois que je m'adresse à vous directement sans l'intermédiaire du récit. Honnêtement, j'étais réticente au début de m'incruster pour prendre la parole. Mais mon désir de partager mes inspirations pour ce que j'écris à pris le dessus.

D'abord je tiens à m'excuser pour le retard du chapitre qui a prit plusieurs semaines finalement. Même si je doute que beaucoup l'attendait.

Pour l'instant et aujourd'hui, je veux juste partager la théorie du 7. Je ne me rappelle plus vraiment du véritable nom de la théorie. Mais c'est une théorie assez intéressante qui dit que le chiffre 7 régit notre vie, comme les 7 notes d'un piano. Prenez un piano, si vous avez la chance d'en avoir un, ou bien un modèle d'un piano sur internet ou débrouillez vous. Observez la disposition de l'instrument de musique. Entre le Si et le Do, il n'y a pas de touche noire, cela signifie un affaiblissement d'une relation par exemple ou tout autre événement dans une vie. Mais ensuite il y a le Do de la gamme suivante avec toutes les autres notes. Ça signifie un nouveau cycle, après cet affaiblissement un nouveau cycle recommence et fait tourner la page sur l'ancien. Et ainsi de suite.

Officiellement ce chapitre est le numéro 6, mais si l'on compte le prologue, c'est le 7eme chapitre sorti.
Alors le prochain commencera un nouveau cycle après l'affaiblissement qu'à vécu Hébé suite à la mort d'Apollon. Depuis un bon moment maintenant, les titres étaient tous "La colère". Au prochain, nous entamerons une autre phase.

En espérant que ce récit vous a plu pour l'instant et qu'il continuera.
Merci beaucoup.
Tori.

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