OS 4- Séparations (Divergente)

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- Quatre ?

Il se retourna. C'était M. Milton, le médecin chargé de signer tous les papiers de la mort de Tris. Il s'avance vers lui et lui serre la main avec un geste du menton.

- Comment va-t-elle ? s'enquit Tobias.

- Nous ... Nous avons du faire face à de gros problèmes, et elle a fait un arrêt. Mais tout va bien, nous avons pu terminer l'opération sans la perdre. Elle va bien. 

Tobias fit alors ce qu'il n'aurait jamais pensé faire un jour : il prit le docteur dans ses bras et le serra contre lui. 

- Merci, souffla-t-il.

L'homme en blouse blanche le retient par le bras au dernier moment, comme s'il avait voulu éviter ses dernières phrases, mais était obligé de les prononcer.

- Lors des complications, on a du sectionner quelques tissus. Rien de grave, mais ... Elle ne pourra peut-être pas avoir d'enfant. Je suis désolé. 

Tobias hoche la tête, gravement. Les enfants n'étaient pas sa préoccupation, il n'en voulait pas maintenant, mais bien sûr que c'était dans ses projets avec elle, bien sûr qu'ils auraient abordé le sujet. Il détourne le regard et s'avance vers la chambre numéro 246, nombre qui l'avait aidé à tenir, qu'il avait pris comme un signe ces cinq dernières années. Quatre et Six, bientôt réunis, tous les deux. 

Il pénètre dans la pièce blanche qu'il connaît par cœur pour avoir rendu visite à Tris de nombreuses fois durant son rétablissement et ces test que les scientifiques et médecins lui ont fait passer. Aujourd'hui, son organisme est totalement réparé, et il va enfin pouvoir la ramener chez lui, chez eux, dans cet appartement prêt à l'accueillir. Elle est étendue sur le lit, branchée à des machines émettant des Bip ! sonores et réguliers. Son cœur. Ce son le berçait, c'était le seul qui parvenait à le calmer dans ses moments de doutes, de crises, de désespoir. Ses yeux sont fermés, son visage détendu. Il s'assied à ses côtés et prend sa main fragile et gelée entre les siennes pour se rassurer et se réchauffer.

- Tris.

Elle ouvre les yeux doucement, et ses yeux bleu-gris papillonnent vers les siens, bleu océan.

- Tobias, répond-elle d'une voix rauque. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Content de te revoir, sourit il. Tu as été opérée pour qu'ils te retirent les attelles autour de ta colonne vertébrale, parce qu'ils t'en avaient mis après l'accident, tu te souviens ?

Les psychologues lui ont recommandé d'éviter d'aborder l'objet de son hospitalisation. Ils pensaient que Tris pouvait paniquer et perdre ses moyes. Il faudrait bien sûr lui en parler, mais étape par étape, doucement. Ils avaient déjà tenté de tout lui raconter, mais cela engendrait des phases de dépression, de maladie, et elle finissait par oublier. Une amnésie post-traumatique, une solution. C'était à elle de se souvenir seule. Elle hocha la tête et Tobias lui caressa les cheveux.

- Quel jour on est ? reprit-elle. 

Cette question était posée à chaque fois, lorsque Tobias était là et qu'elle était éveillée. Peu souvent, donc. Leur dernière discussion remontait à un peu plus de cinq mois. En plein milieu de sa phase de dépression et de folie. C'avait été atroce de la voir ainsi, de savoir que le suicide faisait continuellement l'objet de ses pensées, à tel point que les médecins lui ont interdit de revenir pendant plus de deux mois pour qu'il ne soit pas "contaminé" lui aussi.

- Le 2 décembre, chérie. C'est bientôt Noël, on va pouvoir décorer l'appartement. 

Elle lui offre un grand sourire. C'est une thérapie que les psychologues lui ont trouvé très vite : s'intéresser aux diverses fêtes autrefois incontournables mais à présent tombées dans l'ombre et l'oubli, telles que Thanksgiving ou bien Noël, justement. Et sa passion est devenue contagieuse de sorte que même leurs amis ne sont plus étonnés des idées saugrenues qu'ils pensent sorties de la tête de Tobias. Il ne leur a pas dit que Tris était vivante, pour éviter une désillusion si elle venait à ne pas survivre. Les dégâts causés par l'altercation avec David avaient été presque irréparables. Avaient suivi des tests et autres soins supplémentaires pour favoriser ses chances de survie et préserver sa santé, mais le chemin avait été plus que laborieux, semé d'embûches et de douleur. Mais il en a valu la peine.

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