9. Ses éclats

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"Nanami?"

Il cligne des yeux. Bon sang. La nuit n'a pas été tendre avec son dos. Sa colonne vertébrale semble s'être soudée de travers pendant la nuit. Sa nuque grince et proteste quand il se redresse. Ce sont ces petites tragédies qui vous rappellent que votre trentaine approche. Il faudrait qu'il reprenne rendez-vous chez son médecin.

"Bonjour."

Assise en face de lui, Bunny lui fait face, cheveux en désordre et petits yeux cerclés de reste de maquillage.

"Bien dormi ?" Elle demande, un sourire flottant sur son visage fatigué.

Nanami se redresse et roule ses épaules. L'odeur du café flotte dans l'air. Elle lui tend un mug "Hot like Me" rempli d'un liquide bien noir.

"Merci. J'en ai besoin, lui répond-il en essayant brièvement d'avoir l'air aimable.

- C'est rien. Elle se relève et s'éloigne d'un pas. J'ai eu un peu de mal à me rappeler comment j'ai pu finir dans mon lit, je t'avoue. Tu aurais dû me laisser la chaise"

"Ton chat a dû penser la même chose.

Nanami baisse les yeux sur son pantalon, le haut de ses cuisses blanchi de poils.

- Il dort sur moi d'habitude. J'imagine qu'il a dû te trouver plus confortable.

Il trempe ses lèvres dans le café chaud. Lyophilisé, mais bien chargé.

- Comment il s'appelle ?

A cela, elle sourit tendrement.

- Cash. Parce qu'il me coûte cher.

Ses yeux dérivent sur le gros chat vautré sur le lit, qui lui rend un regard d'un mépris jaune.

- Il a l'air de bien manger.

- Il est bien en forme, tu veux dire ?

Bunny le toise, sourire en coin. Elle se retourne pour attraper des affaires dans sa penderie en bataille. Nanami détourne ses yeux de ses jambes nues.

- On peut dire ça.

- Bon. Je vais me doucher. Tu peux partir, je t'ai assez malmené comme ça."

Du menton, elle désigne le vieux fauteuil, et la pile de vêtements qui décorent le dessus.

Nanami hoche la tête. Quel bordel quand même. C'est pas décent de vivre comme ça.

Bunny s'éclipse derrière la porte coulissante. Il entend le glissement de son tshirt contre sa peau, le son plat du vêtement qu'elle laisse tomber par terre, en boule. Elle allume la douche, il avale le reste de son café d'une traite, perturbé par l'intimité discrète qu'ils partagent.

Après avoir enfilé ses chaussures trop rigides, il se lève, et ses genoux protestent un instant. L'époque où il s'amusait à courir après les fléaux ne lui est jamais parue aussi lointaine. Nanami se dirige vers l'évier pour se servir un verre d'eau. Désemparé face à la pile de vaisselle sale, il ne trouve qu'une vieille éponge émaciée pour se laver un verre. Il n'y a pas de savon. Il ouvre un placard vide, puis un autre, habillé d'un seul paquet de riz et de deux tubes d'épices.

Nanami fronce les yeux, et continue son inspection, révélant vide après vide, à l'exception d'un gros paquet de croquettes bio et hypocaloriques.

Il tente sa chance en ouvrant celui sous l'évier, plein de cartons vides, de sacs en plastique, et d'un torchon troué en guise de serpillère, sans le moindre produit consommable.

Caféine [Nanami x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant