Chapitre 9

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Ce soir là, Katsuki ne dormit pas de la nuit.
Il sentait sous sa peau toutes les émotions rampantes et mélangées de Shoto, pour se mêler à sa culpabilité toujours renouvelée.

Le lendemain, Katsuki resta au lit, plié en deux de douleur.
Pas la sienne.
Shoto n'allait pas bien, et il savait que sa sollicitude ne serait pas bien reçue.

Le surlendemain, la douleur se calma un peu, mais il dut rester allité : Shoto n'allait vraiment pas bien, et toutes ses émotions exacerbées venaient danser sur la peau de Katsuki, comme pour le narguer.

. . .
Shoto se tourna dans son lit, la respiration lente et contrôlée. Il sentait encore sur sa joue le coup que Katsuki lui avait porté, pourtant, la force avec laquelle il avait été administré n'était pas assez forte pour laisser de marque.

C'était Izuku qui l'avait trouvé dans la salle de bains, complètement tétanisé, et qui l'avait aidé à se relever, bon gré, mal gré.

Il l'avait ramené chez lui, soigné, bien qu'il n'y ait pas grand chose à soigner, et l'avait calmé. Il l'avait soutenu jusqu'à ce que Shoto sorte de son état catatonique et lui avait demandé ce qu'il s'était passé.

Shoto se recroquevilla sur son lit, sa respiration s'accélérant. Il avait tout avoué. Il avait tout expliqué à Izuku, sa race, le lien avec Katsuki, son père, ce connard, qui n'acceptait qu'à moitié qu'il soit un Oméga, et qui serait probablement très prompt à l'éjecter de chez lui dès qu'il apprendrait qu'il était déjà lié. Il lui avait parlé de cette idée de mariage de son père pour "valoriser" un peu sa race, et qu'il "serve enfin à quelque chose". Il lui avait tout dit, puis l'avait supplié de ne rien dire à personne, que si son père le savait, il n'aurait plus nulle part où aller.

Shoto tenta d'effacer les images de sa tête, en vain. Il avait été pathétique. Sa colère se partageait entre Katsuki, son père... et lui-même. Il n'avait pas été foutu de garder le secret le plus important, le plus précieux, qu'il devait garder.
Son père... N'avait jamais rien montré d'autre qu'un caractère déplorable et sa capacité toujours plus étonnante à renouveler les actes de mauvais père. Quant à Katsuki... Il était son lié. Il était impulsif. Colérique. Mais... Juste.

Il avait eu raison de s'énerver. Un peu.

Mais Shoto ne lui pardonnerait pas le coup qu'il avait pris.

C'est la mort dans l'âme qu'il admit, à lui-même, en secret, qu'il avait été dans le tort depuis le début de sa relation avec Katsuki.

Mais... Si seulement il n'était pas né Oméga. Il aurait pu vivre paisiblement. Ne jamais subir les brimades de son père, ne jamais être lié.

Enfin, Izuku l'avait raccompagné jusqu'ici, en lui assurant avec un sourire jusqu'aux dents qu'il pourrait rendre une baffe à Katsuki, à la rentrée. Au centuple même !

Shoto sourit pour lui-même à cette idée.

Il avait envoyé un message à Dabi, qui lui avait répondu que dès qu'il revenait, ils iraient ensemble acheter des oranges pour leur mère.

Il alluma son téléphone, qui était posé sur sa table de nuit, et relut le message.

De : Burnt Chicken Nugget
A : Shoto.
"Viens chez moi quand tu veux ! Fais juste pas gaffe à mon copain il est venu nourrir le chat. Si t'as un problème, tu viens dormir chez moi, et j'irais casser la gueule au padre, d'accord ? ;-) Quand je reviens de vacances on ira acheter des oranges pour la génitrice, d'ac ? Fais pas trop de conneries !"

Shoto savait pertinemment qu'il pouvait compter sur l'assistance en tout temps de son frère, Touya, mais il savait aussi que s'il ne faisait qu'ouvrir la bouche, il irait immédiatement retrouver leur père pour le tuer, probablement. Et même ça, il ne le méritait pas, décida Shoto.

Il était enfermé dans sa chambre, depuis qu'il était rentré, et qu'il avait osé tenir tête à son père quand celui-ci avait voulu lui faire la morale sur ses sorties.

Il se souvenait encore des mots durs. Qu'il avait brisé son mariage, qu'en plus d'être un incapable, il s'entêtait à essayer de devenir super-héros alors qu'il n'était qu'un Oméga...

La rage qu'il sentait bouillir en lui le poussa à se lever vivement.

Doucement, pour ne pas éveiller les soupçons de cette mascarade qui lui servait de père, il se dirigea vers son armoire, et ensuite tira de sous son lit sa valise pour l'internat.
Il prit ce qu'il pouvait. Des vêtements, quelques bibelots, des améliorations de son costume, une photo de famille -de laquelle il avait déchiré, il y a bien longtemps, la tête du patriarche.

Il lança tout dans sa valise, et la referma, cherchant autour de lui ce qui pourrait lui être utile. Son chargeur de téléphone, quoi d'autre ?

Il n'était attaché à rien dans cette maison.

Il ouvrit sa fenêtre, et jeta sa valise à l'extérieur, puis referma doucement le battant.
Il eut le temps de voir qu'elle avait atterri dans le gravier savamment sillonné du jardin traditionnel, mais n'en avait cure.

Il s'assit sur son lit, et attendit.

. . .
Il était 21 heures quand Katsuki reçut l'appel. Tout le monde était à table, mangeait, riait, et ça le faisait suer. Quelque chose de vraiment anormal se passait avec Shoto. Dans le courant de la mâtinée, il avait arrêté de ruminer. Sa colère s'était calmée, et il s'était agité.

Katsuki ne savait pas ce qu'il se passait et il avait besoin de savoir, mais à chaque fois qu'il tentait d'appeler ou d'envoyer un message, il se rendait compte que Shoto était en silencieux. S'il n'avait pas tout simplement éteint son téléphone.

Seulement, son anxiété avait augmenté depuis la tombée de la nuit, moment auquel quelque chose avait changé. Katsuki ne savait rien et ça allait le rendre fou. Shoto était anxieux, et en colère, et c'est tout ce qu'il savait.

Alors quand il reçut l'appel, il se précipita pour décrocher, attendant à peine d'être dans la cuisine pour répondre.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Katsuki, j'ai besoin- hh- que tu me rejoignes au centre ville - hh- le plus tôt possible !

Et Shoto raccrocha.

Katsuki fixa son cellulaire, estomaqué. Pourquoi est-ce qu'il courait ? Quelle était l'urgence ? Qu'est-ce qu'il s'était passé ?

Il arriva devant la table, où tout le monde le fixait.

Inko lui envoya un sourire encourageant.

-Maman, est-ce qu'on peut aller en ville, s'il te plaît ?

Mitsuki fixa son fils, les yeux ronds, et lança un hochement de tête avant de commencer à congédier ses invités.

Katsuki l'attendit dans l'entrée moins de deux minutes, et ils partirent en voiture.
Il ne savait pas où aller, mais décida que Shoto devait sûrement parler du café qu'il lui avait montré.

Quand ils arrivèrent, Shoto était là, au milieu de la rue, l'air complètement hagard, et Katsuki ne put rien faire d'autre que le fixer, alors que sa mère sortait pour le prendre dans ses bras.

Shoto fondit en larmes, des larmes de soulagement.

"Je ne savais pas où aller", dit-il.

Mitsuki l'aida à monter dans la voiture, suivi de sa valise cabossée. Il s'endormit sur l'épaule de Katsuki, dès le démarrage.

-Merci.

Mitsuki hocha la tête et lui sourit.

-Tu vois que tu peux être poli, sale gosse.

-Sorcière...

-_-_-_-_-_-_-
Bon, ce chapitre est un peu plus court que d'habitude, mais si je faisais la coupure plus haut, on aurait eu presque 4000 mots donc bon...

Je remercie toutes les personnes qui votent et qui commentent, ça fait tellement plaisir !!!
Ça me motive... Des avis ???

Par ailleurs, je souhaite modifier le titre, pour ou contre ?

Sur ce, je vous souhaite de bonnes lectures, à la prochaine !

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